by NICKEY MPUTU
Kalemie, district de Tanganyika, Province du Katanga.
Un district connu pour son lac et sa population qui vit pour la majorité de la pêche. Ici, les communautés lacustres sont souvent exposées à différentes maladies hydriques dont le choléra. En 2013, 2458 cas de choléra ont été enregistrés dans le district dont 67 décès. Parmi les victimes, les plus exposés sont les enfants.
Nous sommes le 07 janvier 2014, quelques jours après la fin de congé de Noel. A ce moment précis la plupart des écoles publiques de la RDC en général et de Kalemie en particulier sont abandonnées à elles même et perdent les normes d’hygiène.
Contrairement à ce mardi. Il est 10h30, la recréation vient de prendre fin. Dans la cour de l’école primaire Maendeleo, l’une des plus grande et plus ancienne école de Kalemie centre, impossible de trouver ne serait-ce qu’une feuille de papier ou un bout de plastique.
Nous nous approchons des latrines, elles semblent soignées et sans mauvaise odeur. Chaque salle de classe est équipée d’une petite poubelle mais aussi d’un seau bien couvert d’eau potable dans lequel les enfants se servent pour étancher leur soif. A vue d’œil, cette école primaire réunit toutes les conditions d’hygiène. La directrice de l’école, Eté Fernande, nous confie les raisons de cette distinction entre l’EP Maendeleo et les autres écoles du coin : « c’est comme ça depuis que nous sommes devenus une école assainie»
Pour être certifiée « assainie », une école doit, entre autre, disposer de latrines hygiéniques, d’un point de lavage des mains et d’un accès à l’eau potable.
C’est bien le cas à l’école primaire Maendeleo où les quelques 1000 élèves qui y étudient prennent eux même en charge l’assainissement de leur école en vue de lutter contre les maladies hydriques dont le choléra.
« Nous faisons un effort pour garder la cour, les latrines propre grâce aux brigades scolaires mises en place. Et depuis nos élèves tombent beaucoup moins souvent malades » souligne Eté Fernande.
Cette école est inscrite dans le processus « école assainie » piloté par l’UNICEF avec l’appui de plusieurs bailleurs et notamment DFID qui soutient le projet dans cette région. Ce programme vise l’amélioration des conditions de vie en milieu scolaire en créant un environnement sain en faveur des élèves pour un meilleur apprentissage et l’amélioration des scores scolaires. Actuellement, seule une trentaine d’écoles sur plus de 2000 que compte la division scolaire de Tanganyika sont appuyées. Dans ces quelques écoles, la vie des élèves a changé.
Ecole assainie, Un véritable changement pour Ashouza
Ashouza est une élève de la sixième primaire à l’EP Maendeleo. Dans sa tenue bien soignée, cette élève de 11 ans a en charge la brigade de lavage de mains. Son rôle : veiller à ce que ses autres collègues se lavent les mains après avoir été aux latrines ou avant de manger lors de la recréation. Ces connaissances, elle les a acquises grâce au programme école assainie. A vrai dire Ashou, comme aiment l’appeler ses collègues de classe, est également devenue éducatrice au sein de sa famille. Elle tient au respect des pratiques hygiéniques. « Lorsque maman nous donne à manger j’insiste pour que nous ne nous lavions pas les mains dans le même récipient. Je demande à mes frères d’utiliser un gobelet afin de ne pas se partager leurs microbes. C’est ce qu’on nous a enseigné à l’école pour éviter le choléra » souligne Ashouza.
Même sa famille est surprise du changement de son comportement. ‘’Notre fille est différente actuellement. Il y a deux ans Ashouza était plus négligente. Elle ne soignait pas ses propres vêtements. Aujourd’hui elle prend soin de son corps, veille à ce que ses uniformes soient propres. Elle ne s’arrête pas là renchérit Angélique, sa maman. Elle se lave les mains à chaque moment clé et va même jusqu’à nous conseiller nous autres ses adultes. Il est clair que l’hygiène dans son école a une place importante » souligne-t-elle.
L’hygiène, une priorité pour l’enseignement
Les enseignements sur les pratiques hygiéniques en milieu scolaire sont une priorité dans les écoles ou le programme Ecole assainie est en processus. Chaque semaine les élèves ont droit au moins trois fois à ce cours.
« C’est pour impliquer davantage les élèves dans ce processus et réduire les cas de maladies que nous avons jugé bon d’adhérer à ce programme » indique Eté Fernande.
Depuis le début de ce programme, le taux de déperdition scolaire a chuté dans la majorité de classes. « Si ce programme peut couvrir toutes les écoles du pays, cela améliorerait les choses », soutient la directrice de l’école.
L’histoire de cette école démontre qu’avec l’appropriation, même les plus jeunes peuvent avoir leur santé entre les mains.