Veronika Hilber / MONUC
Lors d'une mission de la MONUC Kananga du 23 au 26 mai 2007 à Tshikapa, les représentants de la mission onusienne ont été témoins des conditions désastreuses et inhumaines à la prison de Tshikapa. Les détenus, qu'ils soient des condamnés ou des prévenus, sont condamnés à mort. Ils meurent de faim.
Selon l'article 17 de la constitution de la RDC, un prévenu doit être considéré innocent jusqu'à sa condamnation. A Tshikapa, deux tiers de la population carcérale sont des prévenus, mais sans être jugés, ils sont condamnés à mort.
En effet, l'Etat congolais n'a jusque-là pas prévu un budget pour nourrir ses prisonniers, à l'exception de la prison de Makala à Kinshasa. Pour cela, les prisonniers partout en RDC dépendent des personnes de bonne volonté pour manger.
A Tshikapa, on peut finir par croire qu'il n'y a pas des citoyens généreux. Dans cette ville diamantifère mouvementée, les responsables de la prison, de la mairie ainsi que la Société civile y compris les églises persistent dans une sorte de paralysie vis-à-vis de ce problème.
Une seule ONG locale, ACAS, apporte de la nourriture deux fois par mois aux prisonniers. Hors, manger deux fois par mois est égale à ne pas manger du tout. Par conséquence, la plupart des prisonniers de Tshikapa ressemblent à des squelettes vivants. Il y a de ceux qui n'arrivent même plus à marcher, ils doivent être portés. Les prisonniers passent la journée dans une salle trop petite pour leur grand nombre et ne peuvent pas se promener dans la cour de la prison car un mur en mauvais état fait craindre des évasions.
Dans la cour, la fosse septique n'est pas couverte et dégage des odeurs désagréables. Pour les détenus, actuellement au nombre de 159, il n'y a que trois toilettes. Aussi, la prison n'a pas de citerne, les détenus sont obligés de boire et de se laver avec l'eau jaune de la rivière Kasaï. La plupart des prisonniers reste torse nu après avoir vendu leurs chemises afin d'acheter à manger.
Dans la nuit du 25 mai 2007, encore un prévenu est mort. Il n'avait fait qu'un mois à la prison. La cause de sa mort, soigneusement marquée dans une colonne du registre de la prison: malnutrition.
Le gardien est allé alors encore une fois à la mairie chercher un drap pour l'enterrement. A Tshikapa, cela devient sa routine.