26 mars 2025
GENÈVE – Des experts des droits de l’homme des Nations Unies* ont appelé aujourd’hui à des mesures urgentes pour lutter contre les graves violations commises contre les enfants en République démocratique du Congo (RDC), dans un contexte d’escalade des hostilités dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
« La récente recrudescence de violence a conduit à des attaques aveugles contre les populations civiles, à des massacres et à des violences sexuelles liées au conflit, en violation du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire », ont déclaré les experts.
Les rapports des établissements de santé indiquent une augmentation des cas de viol, les enfants représentant 30 % des personnes traitées. Les agences humanitaires ont identifié plus de 1100 enfants non accompagnés et séparés au Nord et au Sud-Kivu, tandis que les attaques contre les hôpitaux, les installations humanitaires et les infrastructures civiles ont aggravé la crise. Les écoles ont également été attaquées, occupées par des groupes armés ou utilisées comme abris pour les populations déplacées. « Alors que les offensives s’intensifient, plus de 700 000 personnes, dont 41 % sont des enfants en âge scolaire, ont été déplacées et le nombre de victimes, y compris parmi les enfants, augmente à un rythme alarmant. La majorité des cas ne sont pas signalés, et cela ne représente peut-être que la partie émergée de l’iceberg », ont-ils averti.
Le recrutement et l’utilisation d’enfants dans un conflit armé demeurent une préoccupation urgente et une grave violation des droits des enfants en RDC et s’intensifient à mesure que le conflit s’aggrave, exposant les enfants à des conditions dévastatrices, notamment des blessures, des enlèvements, des décès et des violences sexuelles. « Nous sommes particulièrement préoccupés par les signalements d’enfants disparus, enlevés ou victimes de traite et recrutés pour être utilisés au combat par toutes les parties au conflit », ont-ils déclaré.
« Des mesures adaptées aux enfants doivent être immédiatement mises en œuvre pour les protéger de ces violations », ont souligné les experts. « Celles-ci incluent le renforcement des systèmes d’alerte précoce et de prévention des risques pour la protection de l’enfance, le développement de méthodes rigoureuses de vérification de l’âge afin de prévenir le recrutement des enfants, ainsi que l’autorisation d’accès aux sites militaires pour les agences de protection de l’enfance afin de vérifier qu’aucun enfant n’y est recruté illégalement. »
Ils ont également souligné la nécessité de démobiliser les enfants recrutés et leur fournir toute l’assistance nécessaire à leur rétablissement physique et psychologique ainsi que leur réintégration en toute sécurité.
« Nous appelons toutes les parties au conflit, y compris celles directement engagées dans les hostilités et personnes occupant des postes de commandement dans des groupes armés, à mettre un terme à ces atrocités et à respecter leurs obligations juridiques en matière de protection des civils, en particulier des enfants », ont exhorté les experts.
Les experts sont en contact avec les autorités de la RDC à ce sujet.
* Les experts: Siobhán Mullally, Rapporteuse spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier les femmes et les enfants; Mama Fatima Singhateh, Rapporteuse spéciale sur la vente, l’exploitation et les abus sexuels d’enfants; Tomoya Obokata, Rapporteur special sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences.
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