NEW YORK, Etats-Unis, 14 novembre 2008 - Selon les représentants de l'UNICEF à Goma, la poursuite des combats dans la province du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, expose les enfants aux mauvais traitements et aux risques d'exploitation par les groupes armés.
Dans toute la région, les récits de recrutement forcé ne font qu'augmenter et les enfants déplacés sont particulièrement vulnérables.
Des échanges de tirs entre les troupes gouvernementales et les rebelles ont de nouveau éclaté aujourd'hui à seulement quelques kilomètres de Goma et la situation demeure tendue pour les dizaines de milliers de Congolais déplacés qui vivent dans des campements aux abords de la ville.
L'UNICEF et ses partenaires sont actuellement en train de vacciner 13 000 enfants contre la rougeole et la polio, d'acheminer de l'eau salubre par camions et de distribuer des colis de première nécessité. Ces derniers contiennent des couvertures, des bâches en plastiques, des vêtements et des moustiquaires.
Encore plus de personnes déplacées
Selon le spécialiste de la communication de l'UNICEF Jaya Murthy, les combats compromettent la distribution de l'aide humanitaire. L'avance progressive des rebelles provoque également le déplacement de nouvelles personnes dans d'autres parties de la province.
« L'insécurité règne à Kanyabayonga depuis ces quatre dernières journées, principalement à cause de pillages par l'armée nationale, » affirme Jaya Murthy. Les rebelles marchent sur Kanyabayonga, ajoute-t-il et « on fait maintenant état d'au moins 35 000 personnes du secteur qui se déplacent vers le nord. »
Le recrutement forcé d'hommes et de garçons dans les groupes armés est devenu une des préoccupations majeures de l'UNICEF.
« Nous avons reçu des informations non confirmées selon lesquelles, dans le secteur de Kitchanga, 500 personnes ont été recrutées au cours des derniers jours, » affirme Jaya Murthy. « Nous savons que les groupes armés sont en train de recruter énergiquement et qu'ils recherchent activement des gens pour soutenir leurs forces. » L'âge des recrues irait de 14 ans, pour les garçons, jusqu'à 40 ans pour les hommes.
Familles séparées
Plus les enfants restent en situation de déplacement, plus ils courent le risque de se retrouver sans protection. « Nous savons que les populations en fuite sont extrêmement vulnérables parce qu'elles sont déracinées de leurs foyers, qu'elles ne disposent pas de la protection de la population de leurs villages, de la protection des écoles et qu'elles se retrouvent exposées dans la nature, » affirme Jaya Murthy.
L'UNICEF et ses partenaires ont également observé une augmentation du nombre d'enfants qui ont été séparés de leurs parents dans la confusion qui a accompagné la fuite des familles au cours des combats.
« Les enfants en fuite se retrouvent très souvent séparés de leurs familles ce qui fait qu'ils sont encore plus exposés aux prédateurs, au recrutement et peut-être au viol ou à l'exploitation, » affirme Jaya Murthy.
L'UNICEF poursuit son action pour identifier les enfants non accompagnés et pour retrouver leurs familles ; jusqu'à présent, 17 parmi au moins 152 ont été réunis à leurs parents.
On estime que plus de cinq millions de personnes ont péri dans le conflit congolais depuis son commencement en 1996, la plupart de maladies évitables et de faim. La mission de l'UNICEF au Congo est l'une des plus importantes de l'institution.