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Conseil de sécurité: l’ONU qualifie la signature, à Washington, de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda « d’avancée majeure » vers la fin du conflit

9948e séance – après-midi
CS/16105
27 juin 2025

S’exprimant cet après-midi devant le Conseil de sécurité, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo a déclaré que la signature, aujourd’hui à Washington, par les Ministres des affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda du projet d’accord de paix constitue une avancée majeure vers la fin du conflit.

Mme Bintou Keïta, également Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), s’est félicitée en outre des efforts des États-Unis dans la facilitation de cet accord, qui marque une « étape décisive » vers la paix et la stabilité en RDC et dans la région des Grands Lacs.

Cette nouvelle a été saluée par la grande majorité des membres du Conseil qui y ont vu une lueur d’espoir, à l’instar des États-Unis, fiers d’avoir contribué à cet « évènement historique » sur la voie de l’obtention d’une paix durable dans l’est de la RDC. Le même optimisme a été partagé par le Royaume-Uni et la République de Corée qui ont salué un « pas en avant important » vers la fin des hostilités. C’est une dynamique que le Conseil doit saisir, a encouragé la France.

La Fédération de Russie a espéré que cet accord permettra d’ouvrir la voie vers une paix pérenne dans la région, tandis que la Chine a encouragé la poursuite du dialogue.

Ce moment « charnière » donnera sans nul doute un nouvel élan à la recherche de la paix et de la stabilité dans la région, s’est réjoui le représentant de la Sierra Leone qui s’exprimait au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana) après avoir informé le Conseil, cette fois-ci en sa capacité de Président Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004), de sa visite, du 14 au 25 novembre 2024, dans la région.

Le représentant de la RDC a précisé qu’en vertu dudit Accord, le Rwanda s’engage à retirer, sans conditions préalables, toutes ses troupes du territoire de la RDC. Nous espérons que cette fois, les États-Unis qui assurent la médiation sauront imposer au Rwanda des sanctions à la mesure de ses forfaitures, en cas de récidive, a-t-il dit.

Pour le représentant du Rwanda, une disposition importante de l’accord est la création d’un mécanisme de coordination permanent qui doit, avant toute chose, superviser la mise en œuvre du concept des opérations pour la neutralisation des FDLR et la levée « des mesures défensives » de son pays.

Les problèmes de la région, dont les revendications légitimes de l’AFC/M23 s’agissant des droits civiques, de l’inclusivité politique et de la mise en œuvre des accords précédents, doivent se régler par la négociation et le dialogue, a-t-il souligné.

Une première visite à Goma depuis la chute

Dans son intervention, Mme Keïta est revenue sur la visite qu’elle a effectuée il y a deux semaines à Goma, la première depuis la chute de la ville en janvier. Une visite qui lui a permis de rencontrer le personnel civil et en uniforme de la MONUSCO après une période très difficile, mais aussi d’engager l’AFC/M23 sur les défis opérationnels liés à la mise en œuvre du mandat de la MONUSCO.

Avec l’appui de la Croix-Rouge internationale et le soutien logistique de la Mission, 1 359 membres non armés des Forces de défense et de sécurité congolaises et certains membres de leurs familles, qui avaient trouvé refuge à Goma sous la protection de la MONUSCO depuis trois mois, ont été transportés de Goma à Kinshasa, dans le cadre d’une opération qualifiée de délicate par les États-Unis. « Nous continuons à chercher une solution pour les civils et les combattants qui restent dans nos bases », a indiqué Mme Keïta.

La responsable onusienne a, par ailleurs, reconnu « des progrès », ces derniers jours, en vue de la levée des restrictions à la capacité de la MONUSCO à opérer efficacement et dit espérer que ces développements positifs puissent conduire à une plus grande liberté de mouvement pour la Mission.

Aujourd’hui plus que jamais, pour soutenir la mise en œuvre de l’accord de paix, la MONUSCO doit être habilitée et autorisée à exécuter les tâches que le Conseil de sécurité lui a confiées, a martelé la représentante des États-Unis, regrettant que, pendant près de deux mois, le M23 ait empêché la MONUSCO d’accéder au carburant et qu’il ait continué de l’empêcher de procéder à la rotation de ses troupes.

La MONUSCO est en mesure d’accompagner la mise en œuvre de l’accord, c’est pourquoi, il est impératif de mettre fin aux pressions dont elle fait l’objet, a souligné à son tour la France, appuyée par le Royaume-Uni qui a appelé le M23 à cesser son obstruction.

Au vu des réalités sur le terrain, le représentant de la RDC a exhorté le Conseil à renforcer la MONUSCO pour une délivrance optimale d’un mandat supplémentaire. La Russie a dit attendre du Secrétariat des propositions concernant les perspectives de déploiement de la mission dans les zones de conflit actuelles.

Pour sa part, le Rwanda a jugé positif que la Mission ait commencé à dialoguer de manière constructive avec l’AFC/M23. Ce changement est essentiel pour instaurer la confiance nécessaire à toutes les parties afin de maintenir un dialogue constructif et de progresser vers la paix, a-t-il dit.

Les A3+ ont relevé pour leur part que les Forces démocratiques alliées-Armée nationale de libération de l’Ouganda (ADF) continuent d’infliger des violences et des souffrances aux civils de l’Ituri et du Nord-Kivu. La poursuite de la collaboration entre l’Ouganda et la RDC reste essentielle pour faire face à cette menace, ont-ils plaidé. Ils se sont également inquiétés du rétrécissement de l’espace politique et des risques que cela représente pour la cohésion sociale et le renforcement de la confiance entre les acteurs politiques.

Une situation humanitaire « intenable »

La dégradation de la situation humanitaire a suscité de nombreuses inquiétudes, de même que l’utilisation systématique du viol et d’autres formes de violence sexuelle comme armes de guerre.

Le recours à la violence sexuelle comme arme de guerre, en particulier contre les enfants, au rythme d’un enfant violé toutes les 30 minutes, est horrible, s’est alarmé le représentant de la République de Corée. De plus, la propagation de discours de haine fondés sur l’apparence physique est un signal dangereux de divisions ethniques plus profondes et d’érosion de la cohésion nationale.

Selon Mme Keïta, à travers le pays, 27,8 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire; 1,4 million d’enfants souffrent de malnutrition aiguë; et environ 7 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, souvent à plusieurs reprises.

En outre, la crise sécuritaire dans l’est du pays a aggravé la situation humanitaire à laquelle la MONUSCO ne dispose pas de moyens suffisants pour répondre. La suspension des financements du principal bailleur, qui couvraient 70% de la réponse humanitaire en 2024, oblige les acteurs humanitaires à se recentrer uniquement sur les urgences vitales. Nous sommes à la fin juin, et le Plan de réponse humanitaire n’est financé qu’à 11%, s’est-elle inquiétée.

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