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DR Congo

Bulletin mensuel de l'OMS en République Démocratique du Congo - n° 2 - Octobre 2006

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Epidémie de "peste pulmonaire" à Wamba, Isiro, Boma Mangbetu et Pawa (Haut Uélé Ouest).

Le plaidoyer du Ministère de la Santé, de l'OMS et de leurs partenaires pour renforcer la surveillance de la "peste" dans la Province Orientale.

A la 42ème semaine épidémiologique, plus de 1185 cas suspects et 48 décès ont été enregistrés par les autorités sanitaires dans les zones de santé affectées.

Le dernier rapport d'investigation et de prise en charge élaboré à ISIRO (Province Orientale) le 09 octobre 2006 par une équipe mixte composée du Ministère de la Santé de la RD Congo et du programme d'Action sanitaire en situation de crise (HAC) de l'OMS/RDC, parle d'une "évolution exponentielle des cas s'orientant vers une situation anormale".

Cette mission d'investigation qui a bénéfi cié de l'appui technique et fi nancier de l'OMS, a été renforcée sur le terrain par les médecins chefs de zones de Wamba et de Boma Mangbetu, des MSF/Suisse et de l'ONG MEDAIR.

D'après ce rapport, le cas index serait "un jeune orpailleur âgé d'environ trente ans, arrivé de la localité de Niapu, une carrière minière d'or près de Zobia, dans le district sanitaire de Dingila", à plus ou moins 500 km au nord-est de Kisangani. Le jeune homme est décédé le 16 août 2006 dans le camp minier de Malekesa, deux jours après le début des symptômes (fi èvre, douleurs thoraciques, dyspnée, toux avec crachats striés du sang). Son corps a été transféré de Malekesa à la localité de Gbonzunzu pour l'enterrement, en passant par l'aire de santé de Bole Bole, située à une centaine de km au sud de la ville d'ISIRO (chef-lieu du district du Haut Uélé).

C'est dans ce contexte que "plusieurs autres cas ont été signalés et rapportés par les structures sanitaires situées le long de la route o=F9 la dépouille est passée, conformément aux traditions locales, pour atteindre le village de Gbonzunzu", souligne le même rapport qui ajoute que ces cas se comptaient parmi "l'entourage et les contacts du défunt".

L'équipe d'investigation dépêchée sur le terrain début octobre 2006 note que plus de 40 jours après le passage de la dépouille du jeune orpailleur dans ces localités, le poste de santé "la Grâce" a rapporté 29 cas suspects, contre 123 cas suspects dans le centre de santé Bakanja, alors que celui de Bole Bole annonçait plus de 100 cas suspects. La "répartition géographique des cas suit le parcours du cas index et des contacts ayant développé la maladie".

Pour tenter d'organiser la riposte, Médecins sans frontières (MSF/CH) et MEDAIR ont envoyé des kits de médicaments, curatifs et préventifs (des antibiotiques) et du matériel permettant d'isoler les malades. La Province Orientale qui est la plus vaste de la RDC est à ce jour la plus marquée par cette suspicion de peste. En mai 2006, l'épidémie de peste pulmonaire est survenue dans la zone de santé de Linga (en Ituri, province Orientale), avant de s'étendre dans d'autres zones de santé telles que Rethy et Jiba dans lesquelles plusieurs autres aires de santé ont été touchées, et un nombretotal d'environ 344 cas et 34 décès ont été enregistrés. En 2005, une épidémie de peste pulmonaire était survenue dans les zones de santé de Ganga et Dingila, près des mines de diamant, à plus de 1000 km du foyer de l'Ituri, faisant à l'époque près de 170 cas et 57 décès. Les experts en matière de peste notent qu'en RDC, deux foyers de peste ont été répertoriés depuis 1928 dans le nord-est du pays: dans le territoire de Lubero (province du Nord Kivu) et en Ituri (province Orientale).

A Wamba, Pawa, Boma Mangbetu et dans les villages environnants, les "cas de peste" ont connu une fl ambée à la faveur de plusieurs facteurs, entre autres "les déplacements intempestifs des populations à la recherche des matières précieuses (l'or, le diamant etc.) et le trafi c au sein des zones minières". Le rapport de la Division provinciale de la santé et de l'OMS sur cette épidémie contagieuse fait état également du "manque de structures viables de soins au sein des camps miniers pour la prise en charge des personnes malades", "le prix exhorbitant des produits pharmaceutiques , l'automédication et le recours aux traitements traditionnels". Cette situation s'aggrave encore avec "la promiscuité dans les carrières minières ainsi que dans les cité de négoce" et la "faible perception du problème par la communauté ou encore le fait de lier la survenue de cette maladie à la pratique de la sorcellerie". Il faut noter qu'avant l'arrivée de la mission d'investigation, il n'y avait aucun dispositif viable mis en place pour la prise en charge des décès.

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