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Bulletin humanitaire R.D. Congo - Numéro 5 | 12 octobre 2016

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FAITS SAILLANTS

• Malgré ces vastes terres fertiles, des millions de Congolais ne mangent pas à leur faim.

• Près de 135 000 enfants dans le Nord-Kivu sont hors du circuit scolaire.

• Rapprocher les soins de santé de la population pour lutter contre les décès infantiles dans le Tanganyika.

• Considérée comme une zone post-conflit depuis une décennie, l’Ituri fait encore face à une forte instabilité.

LE PARADOXE ALIMENTAIRE CONGOLAIS

Pour des milliers de Congolais, trouver de quoi manger est un défi quotidien. Pourtant la République Démocratique du Congo regorge de terres fertiles et de travailleurs. En 2016, environ 4,5 millions de Congolais sont en situation de crise alimentaire et de moyens de subsistance aiguë (IPC phases 3 et 4), selon les données du Cadre intégré de la classification de la sécurité alimentaire (IPC, mars 2016). Comment expliquer ce paradoxe ?

Les mouvements de population à l’origine de l’insécurité alimentaire

Les mouvements de population – qu’ils soient de nature économique ou dus aux effets collatéraux des conflits armés – et la persistance de l’insécurité sont les causes principales de l’insécurité alimentaire. A cela s’ajoutent les problèmes de gestion foncière, les changements climatiques et le manque d’encadrement dans le secteur de l’agriculture.

Tous ces facteurs continuent d’endommager les modes de subsistance locaux. En zone rurale, l’agriculture de subsistance constitue le principal moyen d’existence pour huit ménages sur dix, aussi bien source de revenus que d’alimentation. Les populations les plus touchées par l’insécurité alimentaire sont évidemment les déplacés, leurs hôtes et les retournés. En raison des nombreux épisodes de violence, les populations déplacées n’ont pas accès à leurs champs et leurs moyens de subsistance se trouvent grandement perturbés. En fin de compte, c’est l’ensemble de la communauté qui se trouve menacé.

Selon l’analyse du 14ème cycle IPC de juin 2016, dans la province du Nord-Kivu, on trouve plusieurs poches d’insécurité alimentaire aiguë dans certaines zones et aires de santé (voir carte). Dans la plupart des cas, il s’agit de zones de déplacement, telles que les aires de santé d’Oicha et Eringeti en Territoire de Beni ou encore les aires de santé de Mweso et Mpati dans le Territoire de Masisi. Dans les autres provinces telles que le Maniema et les anciennes provinces du Katanga, l’insécurité alimentaire est liée essentiellement aux intempéries et changements climatiques.

Un panier alimentaire moins diversifié et plus coûteux pour les ménages

L’insécurité alimentaire se traduit par des déficits importants de consommation alimentaire influencés par des facteurs socioéconomiques. A titre d’exemple, dans la zone de santé d’Oicha, l’analyse de juin 2016 estimait que huit personnes sur dix avaient un score de consommation pauvre, c’est-à-dire qu’elles ne consommaient pas hebdomadairement les huit groupes d’aliments recommandés par les spécialistes (céréales, racines et tubercules, légumineuses, légumes et feuilles, huiles, fruits, sucre et protéines animales).

Les difficultés d’accès aux champs entraînent naturellement le faible approvisionnement des marchés. Les produits alimentaires de base se raréfient, créant un terrain propice à l’inflation. Selon le dernier bulletin d’information sur les prix des produits alimentaires de base, alors que le coût du travail journalier a diminué au mois d’août, le coût moyen du panier alimentaire à base de maïs continue d’augmenter.

Depuis une dizaine d’années, plusieurs Territoires de la RDC, subissent les effets des changements climatiques qui diffèrent selon les régions. Selon Guy Onambele, Coordonnateur des Clusters Sécurité alimentaire de l’est de la RDC, le décalage des saisons pluvieuses par rapport au calendrier agricole et l’irrégularité des pluies perturbent le rythme des travaux agricoles. « Cette année, pour la campagne agricole en cours, nous attendions les premières pluies pour que les gens commencent à semer mais il y a eu un retard de près de deux semaines. Ceux qui ont semé selon le calendrier classique vont voir leurs semences germer très peu, ce qui va influer sur le rendement. A la fin de la campagne, par manque de revenus et de ressources alimentaires ils vont chercher à se déplacer. »

Des efforts à faire pour l’encadrement agro-pastoral

Malgré le travail des structures existantes, le manque d’encadrement de la pratique agricole contribue aussi à l’insécurité alimentaire. Le spécialiste du Cluster Sécurité alimentaire estime qu’un encadrement technique agricole ciblé peut très bien aider les ménages agricoles à résoudre en partie leurs difficultés d’accès à la nourriture. «Lorsqu’il y a attaque de criquets comme en Ituri, il faut savoir quel antidote utiliser. Il faut savoir choisir les semences améliorées/sélectionnées et résistantes aux ennemis des cultures aussi bien vivrières que maraichères. Pour toutes les saisons, il y a des cultures adaptées. Ces connaissances méritent d’être maîtrisées et mieux diffusées aux communautés en RDC. »

Transformer l’agriculture pour garantir une sécurité alimentaire

La réponse à l’insécurité alimentaire va bien au-delà de la distribution de vivres d’urgence. « L’assistance alimentaire est accompagnée mais pas la partie structurelle. Il faut mettre en place des mesures de relèvement précoce pour rendre les gens moins dépendants de l’aide humanitaire », selon un expert du Nord-Kivu. La réponse n’est donc pas seulement humanitaire, c’est une combinaison d’atouts des acteurs en présence que sont le Gouvernement provincial et les agences humanitaires et de développement.

Miser sur l’innovation dans le secteur agricole permet l’expansion du secteur et un meilleur suivi de certains indicateurs/indices. Par exemple, en RDC, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Cluster Sécurité alimentaire utilisent désormais la technologie mVAM (Mobile Vulnerability Analysis and Mapping) pour récolter les données et suivre l’évolution des prix du marché. Le PAM travaille avec la Primature à travers la Cellule d’Analyse des Indicateurs de Développement (CAID) pour collecter et traiter les données sur les prix dans les marchés de 145 Territoires du pays afin de produire le bulletin mensuel permettant d’avoir une lecture en temps réel de l’évolution des marchés et d’apporter des ajustements pour contrer les effets négatifs de la variation des prix. Le 26 septembre dernier, le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, a lancé un appel pour la transformation du secteur agricole afin de relever les défis liés à l’insécurité alimentaire. Selon lui, une agriculture durable permettra d’éradiquer l’extrême pauvreté et la faim.

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