I. Contexte et méthodologie
Depuis 2013, les territoires de Manono et Nyunzu sont victimes d’un conflit intercommunautaire opposant les ethnies Bantous et Pygmées. Ce conflit a conduit à la création de groupes d’auto-défense au sein de chaque communauté, causant d’importants déplacements de populations. Des tentatives de réconciliation initiées par les autorités politicomilitaires n’ont abouti qu’à une accalmie précaire.
L’axe Nyunzu–Manono relie les deux territoires des mêmes noms du district de Tanganika, dans l’ancienne province du Katanga. Situé au Nord-Est de la ville de Manono et au Sud de celle de Nyunzu, l’axe est habité principalement par deux ethnies, les Pygmées et les Luba (Bantous) et compte deux zones de santé (ZS), à savoir Kiambi (territoire de Manono) et Nyunzu (territoire de Nyunzu). Les deux ZS se subdivisent en plusieurs aires de santé dont quatre sont concernées par l’évaluation qui a été menée par ACTED1 : Mukebo et Lwaba (ZS de Kiambi), Ngombe Mwana et Muhuya (ZS de Nyunzu).
Dans son rapport hebdomadaire du 5 au 12 août 2015, OCHA signalait la présence de 5 500 ménages retournés sur l’axe Lwaba-Mukebo. De plus, le rapport de la semaine du 3-10 août 2015 du HCR sur le suivi de la protection au Katanga révélait que la situation sécuritaire à Nyunzu connaissait une accalmie mais demeurait précaire suite à la présence des milices pygmées dans la zone. Ce rapport signalait près de 2 200 ménages retournés vulnérables – et non-assistés – dans le groupement de Mukimbo (Malemba, Ngombe Mwana, Mukimbo) au 31 juillet 2015.
C’est dans ce contexte qu’ACTED, via son unité indépendante de suivi et évaluation, a organisé du 21 au 27 août 2015 une mission d’évaluation rapide des besoins entre les villages de Muhuya et Mukebo, afin de dresser un portrait actualisé et plus approfondi de la zone, et de mieux comprendre les dynamiques y existant. L’évaluation s’est principalement concentrée sur les thèmes de la sécurité, de la démographie, de la sécurité alimentaire et des moyens d’existence. Dix groupes de discussion et de réflexion avec les ménages retournés et les autorités villageoises (regroupant 77 personnes au total), y ont été conduits, ainsi que des entretiens individuels portant sur un échantillon de 329 ménages aléatoirement sélectionnés au sein des villages principaux de l’axe parmi les populations retournées (91%) et déplacées (9%).