Communiqué de presse. Bruxelles, le 21 avril 2015
Depuis 20 ans, le Sud Kivu est le théâtre d’un conflit majeur, où les violences sexuelles se multiplient, souvent même utilisées comme arme de guerre. Fondé en 1999 par le Dr. Mukwege, l’hôpital de Panzi à Bukavu a déjà dû assister 45.533 survivantes de violences sexuelles.* Depuis ce mois d’avril, Médecins du Monde rejoint le projet. En partenariat l’Union européenne (ECHO), MdM accompagne et finance pour l’année à venir la prise en charge de 2.000 victimes de viols et de violences sexuelles.
" L'hôpital a besoin de matériel médical, de médicaments mais aussi de payer les salaires de ses 115 collaborateurs pour être en capacité de prendre en charge 170 victimes de violences par mois, en ce compris la chirurgie reconstructive pour les femmes qui souffrent de fistules ”, explique Pierre Verbeeren, Directeur Général de Médecins du Monde. “ Tous ces soins ne peuvent qu'être gratuits.”
Au total, le Dr Mukwege et Médecins du Monde prévoient l’accueil et la prise en charge de 2.000 nouveaux patients pendant une année. L’expertise de Médecins du Monde en termes de santé mentale est également mise à contribution. “Le personnel de santé n’est pas épargné sur le plan psychologique : il doit quotidiennement accueillir le récit des horreurs qu’ont subies les femmes. Une psychologue chevronnée formera l’équipe existante de psychologues afin soutenir tout le personnel “, explique Fabio Pompetti, responsable des programmes au Congo de Médecins du Monde.
Soigner est une chose. Essayer de stopper le phénomène des violences sexuelles en est une autre, aussi importante. Le volet plaidoyer est donc renforcé : “Concrètement, nous allons soutenir l’hôpital de Panzi dans la collecte des données et leur analyse. Ceci permettra de renforcer la lutte contre des violences sexuelles en RDC dans les débats nationaux et internationaux, avec des chiffres et de manière rigoureuse.”
L’hôpital de Panzi et la Fondation Panzi sont un projet global qui vise à changer le statut de la femme en RDC: elles peuvent compter sur un soutien approfondi, avant, pendant et après leur prise en charge médicale. “ Certaines femmes viennent accompagnées de leurs enfants et/ou d’une autre personne. Nous prenons en charge leur hébergement, leurs repas et au besoin, leurs soins médicaux. Il y aura aussi des femmes qui reviendront à l’hôpital pour leur suivi (vaccins, consultations psy…). Toutes ces activités de soutien sont également besoin d'être financées”.
MdM intervient dans le respect des engagements pris lors de l'attribution du Prix de la solidarité au Dr Mukwege le 16 octobre 2014 avec le CHU Saint-Pierre. Le projet débute en avril et court jusqu’en mars 2016, pour un budget total de 940.000 euros (dont 800.000 sont financés par ECHO). MdM en appelle aux donateurs pour le complément et pour prolonger le projet.
Press:
Jelle Boone - Responsable Presse Médecins du Monde
M: 0499.14.26.99 E: jelle.boone@medecinsdumonde.be
Informations complémentaires sur l’hôpital de Panzi et les violences sexuelles dans la région
En 1999, le docteur Denis Mukwege fonde l’hôpital de Panzi pour venir en aide aux femmes enceintes vivant trop loin de l’hôpital général de Bukavu. D’année en année, toujours plus de femmes victimes de violences sexuelles s’y rendent. C’est la raison pour laquelle, un programme spécifique de reconstruction chirurgicale et de prise en charge de ces victimes voit le jour, dans cette région des Grands Lacs.
Dans cette zone de conflit riche en ressources naturelles (minerais précieux dont le coltan..), les viols et violences sexuelles sont souvent utilisés comme arme de guerre contre la population locale. L’accès aux soins est par ailleurs limité, à cause des difficultés de transport, la malnutrition, l’insécurité…
Toutefois, afin d’éviter toute stigmatisation, le projet SVS continue de se concentrer sur la prise en charge médicale des survivantes des violences sexuelles, mais aussi les femmes ayant des problèmes gynécologiques “classiques” comme les fistules, ou encore les prolapsus génitaux.
L’hôpital de Panzi défend une approche holistique, ce qui signifie que l’on n’y propose pas que des soins médicaux, mais également d’autres types de soutien : aide juridique pour accompagner les victimes dans la poursuite de leurs agresseurs, des cours d’alphabétisation, réinsertion socio-économique, soutien psychologique et encore bien d’autres activités pour permettre à ces femmes de pouvoir reconstruire leurs vies.
*Parmi les 45.533 Victimes de Violences Sexuelles, 22.712 patientes ont été prises en charge par le projet « Survivantes des Violences Sexuelles à l’hôpital, 18.313 par la clinique mobile et 4.508 par le projet Ushindi. – En Swaheli, « Ushindi » signifie « victoire » ; fondé par USAID, ce projet vise à soutenir les Survivantes de Violences Sexuelles, aux niveaux médical, légal, économique et psycho-social.