GOMA, République démocratique du Congo, 30 octobre 2008 - Dans la province du Nord-Kivu, dans la partie est de la République démocratique du Congo, la guerre fait rage entre les forces gouvernementales et les rebelles. Au cours des six dernières semaines seulement, plus de 250 000 personnes ont été obligées de fuir les combats, ce qui porte à plus d'un million le nombre total de personnes déplacées dans la province.
Alors que les rebelles se rapprochent de la ville de Goma, des dizaines de milliers de personnes fuient le front en direction de la ville. A la suite du chaos provoqué par la retraite des forces gouvernementales, magasins et maisons ont été pillés. De nombreux décès et des actes de violence sexuelle ont été rapportés partout dans la capitale.
Pourtant, la population continue d'affluer en masse, cherchant à se protéger des combats.
L'aide humanitaire provisoirement suspendue
« Nous commençons maintenant à voir des personnes déplacées à l'intérieur du pays qui le sont pour la seconde, troisième, quatrième et même cinquième fois, » déclare Jaya Murthy, spécialiste de la communication auprès de l'UNICEF. Près de 20% de la population du Nord-Kivu est aujourd'hui déplacée.
Cependant, la violence actuelle a obligé les organisations humanitaires à suspendre provisoirement leur action dans la plus grande partie de la province.
« En raison de l'insécurité, les moyens d'accès dont dispose l'aide humanitaire sont en ce moment pratiquement nuls, » affirme Jaya Murthy. « Nous ne pouvons pas nous rendre dans le endroits o=F9 nous avons besoin d'aller pour aider des personnes dont les besoins sont pourtant désespérés. »
Pénurie de nourriture et d'eau potable
Sans l'aide de groupes humanitaires, de nombreuses personnes déplacées auraient du mal à trouver des moyens de se nourrir - la plupart étant des paysans vivant d'une agriculture de subsistance - et la malnutrition fréquente représente aujourd'hui une préoccupation majeure. Chaque fois qu'elles prennent la fuite, les personnes déplacées s'éloignent davantage de leur foyer et de leurs champs et sont obligées d'abandonner leurs biens les plus précieux.
Par l'intermédiaire de ses partenaires, l'UNICEF amène de l'eau par camions-citernes dans les camps pour personnes déplacées et dans certains campements improvisés pour prévenir les épidémies de choléra et de dysenterie. De nombreuses personnes déplacées se cachent actuellement dans la brousse et sont encore plus difficiles à atteindre.
Alors que les hostilités se poursuivent, la protection des enfants est aussi devenue un objet de préoccupation majeure. Les membres des familles déplacées sont souvent séparés les uns des autres et les groupes d'aide humanitaire voient arriver dans les villages des milliers d'enfants n'ayant personne pour s'occuper d'eux.
Protection et surveillance
« Les enfants sont même encore plus exposés aux mauvais traitements, à l'exploitation, à la violence et même au recrutement par des groupes armés quand ils sont déplacés, » affirme Jaya Murthy. Tous les protagonistes du conflit congolais ont été accusés d'utiliser et de recruter de force des enfants soldats pour les faire travailler comme porteurs ou cuisiniers voire comme combattants sur le front.
L'UNICEF apporte une aide aux enfants livrés à eux-mêmes en leur trouvant une famille provisoire pour les mettre à l'abri le temps de localiser leurs vrais parents.
«L'UNICEF et ses partenaires surveillent attentivement la situation en terme de sécurité pour déterminer quand leur programme d'aide humanitaire, un des plus importants du monde pour l'UNICEF, pourra reprendre, » déclare Jaya Murthy.