Introduction
Le déplacement en République démocratique du Congo (RDC) demeure une préoccupation majeure. Il engendre des besoins humanitaires urgents, soulève des enjeux de protection des civils et alimente les attentes à l’égard du gouvernement congolais, des agences humanitaires, de la MONUSCO et d’autres acteurs internationaux. Ce rapport explore la manière dont ces acteurs sont évoqués sur les réseaux sociaux en lien avec la crise du déplacement. Il examine le sentiment du public entre février et mars 2025, à partir de messages contenant des termes relatifs aux personnes déplacées, dans le but de mieux comprendre la perception du déplacement et son influence possible sur l’action humanitaire.
L’analyse repose sur 1 425 commentaires publiés en réponse à 33 publications (posts) — principalement issus de médias édités — mentionnant les déplacés internes. Une recherche initiale avait identifié environ 500 publications publics faisant référence aux personnes déplacées, sous une forme ou une autre, mais l’analyse s’est concentrée sur les commentaires des 33 posts ayant suscité le plus d’engagement sur les réseaux sociaux. Si la majorité de ces commentaires ne portaient pas directement sur le déplacement, ils révélaient des sentiments que les utilisateurs y associaient, exprimant notamment une frustration plus large vis-à-vis des autorités politiques, de l’insécurité régionale et de la réponse humanitaire.
Bien que moins nombreux, les commentaires évoquant explicitement les personnes déplacées reflètent souvent une colère face à leur situation. Ils expriment, par exemple, une frustration liée au manque d’attention portée aux rapatriés dont les maisons ou les terres sont occupées à leur retour. Ces préoccupations ont souvent suscité des récits d’occupation étrangère, de manipulation démographique ou de stigmatisation ethnique — soulignant ainsi que les discussions sur le déplacement sont fréquemment liées à des discours haineux, à des théories du complot et à des accusations visant des acteurs politiques. Cela met en lumière l’émergence de discours de haine dans ces échanges. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une évaluation exhaustive de ces discours, l’analyse fournit un éclairage utile sur la manière dont les narratifs incendiaires se manifestent dans le contexte de la protection des civils et de la fourniture de l’aide.
Les organisations humanitaires et les Nations Unies sont les acteurs les plus fréquemment critiqués dans les discussions sur le déplacement, souvent perçus comme inefficaces ou complices — même s’ils ont aussi reçu le plus grand nombre de mentions positives, probablement en raison de la forte visibilité de leurs messages. Deux plateformes médiatiques locales, dont l’une liée au secteur de l’aide, ont également suscité un mécontentement marqué, certains commentateurs les accusant de dissimuler la vérité ou de promouvoir des récits biaisés. Cela reflète une frustration plus générale quant à la manière dont l’information est diffusée et quant aux acteurs perçus comme influençant le discours public.
Principales conclusions
La majorité des commentaires publiés sous les articles relatifs aux personnes déplacées n’abordaient pas directement la question du déplacement. Ils reflétaient plutôt une frustration politique plus large et un sentiment d’insécurité lié à la situation régionale. Bien que certaines expressions de sympathie à l’égard des personnes déplacées aient été relevées, la plupart des commentaires étaient dominés par la colère envers le gouvernement congolais et une hostilité marquée envers le Rwanda. Le déplacement était souvent évoqué de manière indirecte, à travers des critiques de l’échec militaire, des appels à des représailles régionales et des accusations selon lesquelles le gouvernement et les acteurs internationaux n’avaient pas assuré la protection des civils. La crise humanitaire servait ainsi de toile de fond à des revendications politiques plus profondes, nombre de commentateurs appelant à la guerre, dénonçant une trahison perçue et remettant en question les motivations des puissances étrangères.