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DR Congo

Arrêter le conflit oublié de Masisi

Masisi (Nord Kivu), Rome, le 14 novembre 2013 – Depuis le mois d'août dernier, les communautés qui vivent dans le district de Masisi dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) ont dû se déplacer journellement, et au moins 18 personnes ont été tuées, prises au milieu du feu entrecroisé de groupes rebelles opposés. A moins que les forces de maintien de la paix (MONUSCO) et l'armée congolaise n'interviennent de toute urgence pour protéger la population civile, davantage de vies innocentes seront perdues.

Au cours de ces six derniers mois, les forces MONUSCO ont soutenu l'armée congolaise dans son effort de réprimer la rébellion du mouvement du 23 mars (M23) dans le district voisin de Rutshuru. Concentrée à répondre à la menace de sécurité causée par les rebelles M23, l'armée congolaise a laissé plusieurs zones du district de Masisi sans protection, concédant une totale liberté de mouvement aux groupes rebelles – dont quelques-uns sont officiellement des alliés du M23.

Pendant cette période, plus de 320 000 personnes ont été déplacées de force dans le Nord du Kivu. Bien que ce soit essentiellement le résultat du conflit entre le gouvernement et les forces M23 à Rutshuru, beaucoup de personnes ont dû se déplacer à cause des violences à Masisi.

«Cela a causé un injustifiable manque de protection pour la population du district de Masisi. S'il est clairement nécessaire que les civils attaqués par M23 soient protégés, cela ne doit pas être au prix de vies innocentes – surtout des femmes et des enfants – ailleurs dans la région. La population se sent abandonnée par les forces MONUSCO qui n'a pas réussi son mandat» dit un membre de l'équipe du JRS à Masisi.

Le Service Jésuite des Réfugiés à Masisi a pu constater de première main les conséquences de l'alarmante escalade de violence entre les groupes rebelles des communautés Hunde et Hutu, ainsi qu'entre d'autres groupes armés actifs dans la région. En plus des conséquences immédiates de la violence, les attaques laissent beaucoup de personnes – femmes, enfants, personnes âgées, personnes handicapées ou ayant des problèmes de santé – dans une situation de grande vulnérabilité, sans assistance de la part d'organisations humanitaires ni de soutien de la part d'autres membres de la communauté.

Un climat de peur règne actuellement dans les communautés Hutu et Hunde à Masisi. Les communautés internationales doivent de toute urgence prêter plus d'attention à cette situation, de façon à répondre aux appels de sécurité et d'aide humanitaire et à pousser les autorités congolaises, politiques, civiles et militaires, à garantir la protection de ces populations. Sans cela continuera le libre règne accordé aux milices coupables de tuer des enfants, des femmes et des hommes innocents

Evénements récents

Entre le 27 et le 29 septembre 2012, plusieurs villages Hunde près des districts de Loashi et Shoa ont été brûlés par des membres de Nyatura, une milice hutu. Le 30 septembre, un motocycliste Hunde a été tué à Loashi, le coupable serait un milicien hutu.. Le 30 septembre, en dépit de pluies intenses et de la présence d'une base MONUSCO à moins d'un kilomètre, des membres de la communauté Hunde ont brûlé plusieurs huttes dans le camp Kilimani pour personnes déplacées, obligeant beaucoup de résidents, surtout Hutu, à se réfugier dans d'autres camps ou auprès de membres de leurs familles. Même si la plupart des habitants de Masisi étaient conscients du risque élevé d'une attaque, MONUSCO n'avait aucun plan pour prévenir les violences et protéger les personnes déplacées. Après quelques jours de calme relatif après l'intervention des autorités locales, les massacres ont recommencé. Le 3 novembre, quatre femmes Hunde et deux enfants ont été tués avec une machette par des miliciens Nyatura. Les femmes étaient allées chercher de la nourriture à quelques kilomètres de Masisi et, dit-on, ont été violées avant d'être tuées. Le 4 novembre, des membres de la communauté Hunde ont porté les corps des victimes devant l'immeuble des autorités locales de Masisi, en demandant que leur communauté reçoive la protection voulue. Le 11 novembre, un Hutu a été tué par des miliciens FDC (Forces de Défense du Congo) dans le village de Ngote. Des membres de la FDC ont ensuite incendié plusieurs villages. autour de Buhabo, causant ainsi des déplacements forcés supplémentaires. Des membres de la communauté Hutu ont, plus tard, porté le corps au Conseil de la ville de Masisi, en demandant que leur communauté soit protégée, comme l'avait fait, une semaine auparavant, la communauté Hunde. Le 12 novembre, un groupe Hutu armé a répondu en incendiant plusieurs villages Hunde autour de la ville de Masisi. Des milliers de personnes ont fui à Masisi pour se protéger contre la violence. Dans le village de Mashaki, cinq cadavres ont été trouvés. Une femme et six enfants sont portés disparus. Plus tard ce jour-là, plusieurs villages Hutu ont été incendiés. La plupart des personnes déplacées à Kilimani ne sont pas encore retournées dans le camp par crainte d'ultérieures violences et à cause de coupes en livraison de denrées alimentaires depuis le 30 septembre. Elles continuent à vivre en conditions d'extrême précarité sans aucune aide. Le JRS au Nord Kivu. Le JRS a commencé à travailler au Kivu du Nord en 2008, dans les camps pour populations déplacées autour de Goma. Après la soudaine fermeture des camps en septembre 2009, le JRS a suivi les personnes dans leurs lieux d'origine et dans les lieux de nouveau déplacement. Le JRS opère actuellement dans deux régions du Kivu du Nord: les districts de Masisi et Mweso.

Masisi: Etabli en 2010, le JRS a depuis lors étendu ses services à cinq camps officiels et plusieurs autres spontanés, offrant de l'éducation formelle et informelle et de l'aide d'urgence.

Outre la construction et la rénovation d'écoles secondaires, les équipes du JRS fournissent le matériel scolaire et la formation des enseignants dans 84 écoles secondaires.

Une attention particulière est prêtée aux besoins des femmes. Notamment, des cours d'alphabétisation et des cours professionnels sont offerts à ces femmes, qui sont souvent des victimes de violence sexuelle.

La troisième composante du projet consiste à fournir une aide individuelle à des personnes âgées et à des personnes avec handicap. Si nécessaire, le personnel envoie ces personnes dans d'autres organisations. Plus récemment, suite à l'établissement de cinq camps non officiels, le JRS a commencé à fournir de la nourriture et des bâches en plastique dans trois de ces camps, où les personnes vivent dans une situation d'extrême pauvreté.