BRAZZAVILLE, 21 décembre 2009 (IRIN)
- Bien que la guerre civile de la République du Congo soit terminée depuis 2003, la violence envers les femmes continue, d'après des activistes de la société civile et des travailleurs humanitaires.
« Ceux qui commettent des actes de violences sont toujours parmi nous. Même s'ils ne sont pas aussi endémiques qu'avant, il n'y a pas si longtemps, les milices étaient encore actives et le conflit armé faisait rage dans des régions comme le Pool », a dit Micheline Ngoulou, présidente de l'Association congolaise de lutte contre les violences à l'égard des femmes (ACOLVEF).
« Pas un mois ne passe sans qu'une femme soit victime de violence, d'une manière ou d'une autre, mais malheureusement, certaines femmes préfèrent garder le silence sur ces agressions - qui sont passibles de sanctions - pour éviter les moqueries et la répression », a dit Mme Ngoulou.
« En dehors de la violence sexuelle. il y a aussi la violence physique, en particulier les coups - qui touche souvent les femmes au sein même de leur propre foyer », a-t-elle dit.
D'après ACOLVEF, 310 cas de violence ont été enregistrés en 2008, et 210 entre janvier et septembre 2009 - mais ces chiffres ne prennent en compte que les cas signalés.
« La violence sexuelle, en particulier le viol, persiste mais a changé de nature : des filles de plus en plus jeunes sont attaquées par des personnes qui leur sont de plus en plus proches. Quarante pour cent des victimes ont moins de 18 ans, et 16 pour cent moins de 13 ans », a dit Koen Vanormelingen, représentant du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) au Congo.
« En ce qui concerne le département du Pool, 16 pour cent des femmes et filles interrogées avaient été affectées par des violences sexuelles. Mais un changement s'est produit : ce ne sont pas principalement des hommes armés ou en uniforme [qui commettent ces crimes], mais des civils dans 65 pour cent des cas », a-t-il dit.
Il y a plusieurs années, la région du Pool a été le théâtre d'un conflit armé entre les forces du gouvernement et les milices Ninja menées par le pasteur Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntoumi. Nommé délégué général chargé de la promotion des valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerres en 2007, il n'a jamais pris ses fonctions.
Législation
L'article 8 de la constitution de 2002 interdit toute forme de discrimination, et le Congo respecte également le protocole facultatif se rapportant à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
« Bien que la législation doive être encouragée, il reste encore beaucoup à faire pour appliquer et faire respecter la loi », a dit Nina Kiyindou Yombo, de l'Observatoire congolais des droits de l'Homme (OCDH), ajoutant : « Il faut fournir tous les efforts possibles pour éveiller la conscience, chez les hommes et les femmes, des avantages du respect mutuel et de l'égalité des sexes. »
Une analyse de l'UNICEF en novembre 2007 a préconisé, entre autres recommandations, le renforcement de la législation et de son application afin « de mettre fin à la culture de l'impunité » dont bénéficient les personnes qui se rendent complices ou coupables de violences envers des femmes ou des filles.
Cette étude a également appelé à un changement d'attitudes, de valeurs, de croyances et de pratiques à l'égard des femmes et des filles, et à la fin de la « culture du silence », qui empêche les communautés et le gouvernement de lutter contre la violence sexuelle et d'instituer une politique de « tolérance zéro ».
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