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Tchad : Révision du plan de réponse humanitaire 2020 (Annexe - Revision HRP)

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Contexte et justification de la révision

1. Plan de réponse humanitaire (HRP) 2020

Lancé en mars, le HRP du Tchad reflète les exigences de réponse d’un contexte à multiples facettes, nécessitant à la fois une aide humanitaire immédiate, en même temps que l’investissement dans le développement. On estime que 5,3 millions de personnes étaient dans le besoin, touchées par l’insécurité alimentaire et la malnutrition, par les urgences sanitaires, et avec plus de 750 000 personnes en déplacement prolongé à l’intérieur du pays à la suite d’attaques menées par des groupes armés non étatiques dans l’ouest du Tchad, en tant que réfugiés de la RCA et du Soudan, et les retournées tchadiens.

Sur base d’une analyse approfondie des besoins entrepris avec le gouvernement, les acteurs développementaux et les acteurs humanitaires en 2019, la communauté humanitaire a prévu de cibler 3 millions de personnes ayant des besoins humanitaires critiques en 2020, pour un montant de 545 millions de dollars. La stratégie de réponse du Tchad était axée sur les trois objectifs du cadre stratégique 2017-2021 : i) sauver et préserver la vie et la dignité des populations affectées, ii) réduire la vulnérabilité des populations affectées à travers le renforcement de la résilience et iii) contribuer à la protection des populations vulnérables et renforcer la redevabilité envers les populations affectées. L’approche prioritaire était de répondre aux besoins les plus urgents tout en renforçant la résilience et favorisant le lien avec le développement afin d’aider les populations affectées à se relever durablement.

Ce document reflète les développements COVID-19 et non-COVID-19 depuis le début de l’année, ainsi que l’intervention humanitaire multisectorielle et sectorielle mise à jour et adaptée pour les urgences sanitaires (y compris COVID-19), l’insécurité alimentaire et la malnutrition, l’insécurité physique qui crée les mouvements de population aux quels les humanitaires tentent de répondre. Le Plan révisé répond à l'augmentation du nombre de personnes affectées avec un nouveau ciblage de 3,8 millions de personnes.

Cette révision du HRP intègre les besoins liés au COVID-19 déjà inclus pour le Tchad dans le Plan mondial d’intervention humanitaire pour le COVID-19. Il complète également d’autres plans et initiatives pour le Tchad, y compris le plan national de contingence pour la Préparation et la riposte à l’épidémie de COVID-19 d’une durée de 12 mois (1 mars 2020 au 28 février 2021), une stratégie des Nations Unies reflétant les priorités et les nouvelles initiatives des Nations Unies afin de soutenir la lutte contre le COVID-19 au Tchad et accompagner le Gouvernement pour mieux relancer son économie et reconstruire le Tchad après le passage du COVID-19.

2. Les nouveaux développements multiples nécessitent une révision précoce du HRP

Le HCT a accepté une révision rapide du HRP, face à une évolution exceptionnellement rapide du contexte et des besoins humanitaires au Tchad au premier trimestre 2020 :

Le Tchad subit déjà les conséquences multisectorielles de la pandémie mondiale de COVID-19. Le premier cas a été confirmé le 19 mars, et le nombre de cas a augmenté lentement mais régulièrement depuis cette date à N’Djamena et, après 6 avril, dans les régions. L'impact sur la santé de COVID-19 sera à la fois direct et indirect, affectant les personnes ayant des pathologies préexistantes avec un paludisme répandu, une résistance réduite à l'infection, une épidémie de rougeole en cours depuis mai 2018 ainsi qu'un impact sur les ressources déjà trop sollicitées pour offrir des programmes de santé essentiels. Il y a des défis majeurs pour la réponse sanitaire - et multisectorielle connexe - au Tchad.

Les mesures essentielles visant à contenir la propagation potentielle de l’épidémie ont un impact sur les moyens de subsistance des personnes déjà vulnérables. Ces mesures incluaient la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, la fermeture des frontières, la mise en place d’un couvre-feu, les restrictions de mouvement entre les provinces, l’interdiction de rassemblements de plus de 50 personnes, la fermeture des centres de culte, des écoles, ainsi que des cabarets, bars, casinos, centres de jeux et restaurants. En même temps, le gouvernement a mis en place un certain nombre d’initiatives socioéconomiques et fiscales pour atténuer leur impact. Cependant, les besoins ont augmenté pour les groupes vulnérables comprenant les personnes âgées, les femmes, les personnes ayant des problèmes de santé préexistants, les populations urbaines dépendantes de gagner leur vie au jour le jour à proximité des autres, ainsi que les personnes déplacées dans les zones sujettes aux crises.

Il y a déjà des signes d’insécurité alimentaire croissante, d’augmentation de la malnutrition et de réduction du troupeau avant la « période de soudure » régulière. C’est une préoccupation majeure tandis que les restrictions de mouvement pour empêcher la transmission du COVID-19 peuvent également avoir un impact sur la production et l'approvisionnement alimentaires. Le système alimentaire mondial, dont le Tchad dépend pour des importations cruciales - et qui fournit une grande partie des ressources alimentaires humanitaires - sera affecté dans les semaines et les mois à venir.

Le Tchad a connu une augmentation significative du nombre de personnes déplacées au Lac, qui est passé de 222 019 en septembre 2019 à 298 803 en avril 2020, à la suite de la plus importante attaque jamais perpétrée sur le sol tchadien par des groupes armés non étatiques, à Boma, dans la province du Lac, le 23 mars. Malgré une réponse militaire forte et immédiate, dirigée par le Président, et une présence continue sur le terrain, les attaques sporadiques se poursuivent, prolongeant les déplacements et ayant des conséquences dévastatrices pour les civils. Une opération humanitaire majeure et coûteuse a été nécessaire pour aider les autorités locales à relocaliser 12 463 personnes, soit 4 706 ménages nouvellement déplacés à partir d’endroits proches de Diamaron, où il y avait des problèmes de sécurité considérables, à un nouveau site créé pour eux à Amma.

Le mouvement devait être accompli dans le respect des normes de protection et pour empêcher la transmission du COVID-19 avec des mesures barrières de distanciation physique. Parmi ces personnes déplacées internes relocalisées, il faut noter aussi la présence de 60 demandeurs d’asile Nigérians qui ont été transféré au camp des réfugiés de Dar Salam. Cette réponse militaire a eu des impacts sur la population et continue à provoquer des déplacements multiples dans la province du Lac.

Des affrontements au Darfour et à Sila ont entrainé l’arrivée de de nouveaux réfugiés sur le sol tchadien et par conséquent une augmentation du plan de réponse aux réfugiés (un résumé reflété dans ce document).
Le COVID-19 a entraîné une augmentation du nombre de Tchadiens, d'étudiants et de migrants de retour et a exigé une réponse adaptée à leurs besoins. L’arrivée au nord de plus de 300 migrants depuis la Libye, dont des ressortissants de pays tiers, qui sont assistés dans des centres de transit plein a aussi été intégrée dans l’évolution du contexte humanitaire pour un suivi. Il y a également un retour continu des retournés, y compris d'étudiants tchadiens du Cameroun, qui ont besoin d'aide pendant leur période de quarantaine à la frontière, ainsi que de transport pour rejoindre leur lieu d'origine.

3. Changements de l'environnement opérationnel

L'accès humanitaire s'est poursuivi, avec le soutien du gouvernement, malgré les contraintes supplémentaires posées par le COVID-19. Les différentes mesures prises par les autorités, comme la suspension des vols de passagers, l'auto-isolement et les mesures de quarantaine pour le personnel international et national, ont réduit le personnel et la capacité de réponse dans le pays. La majorité des partenaires humanitaires travaillent à domicile dans la mesure du possible afin d’assurer la continuité des activités. Les problèmes de connectivité médiocres et l'accès limité à l'électricité pour de nombreux employés nationaux rendent la coordination et la communication à distance difficiles.

Le gouvernement reconnaît l'importance de la réponse humanitaire en cours et liée au COVID-19 et reste ouvert à soutenir l'accès de la communauté humanitaire. Le Gouvernement a souhaité une limitation des mouvements de personnes, y compris des humanitaires, sur l’ensemble du territoire et ce afin de casser la chaine de transmission du virus, première priorité nationale. Cependant bien qu’il ait été demandé aux partenaires humanitaires de limiter les mouvements entre les provinces aux missions essentielles, le gouvernement a autorisé un nombre limité de véhicules appartenant aux Nations Unies et aux ONG nationales et internationales à circuler dans le cadre des programmes critiques. Le gouvernement a précisé que l’arrêté conjoint 36 limitant la circulation des personnes ne s’appliquait pas aux mouvements du matériel de nature humanitaire. Les camions et véhicules transportant le matériel indispensable à la poursuite des activités humanitaires ne sont pas concernés par cet arrêté.
Dans le cadre de la lutte contre la pandémie COVID-19, le gouvernement a annoncé que le financement des projets des ONG pour lutter contre cette pandémie sera systématiquement exonéré du 1% appliqué à d'autres types de projets humanitaires dans le cadre du décret présidentiel relatif aux ONG.

4. La communauté humanitaire a déjà adapté et recentré sa réponse.

Les agences du système des Nations Unies et les ONG internationales ont commencé à mettre en œuvre diverses activités et initiatives pour la prévention et la réponse au COVID-19, conformément au plan d'urgence préparé par le gouvernement du Tchad, ainsi que pour fournir une réponse d’urgence pour les personnes nouvellement déplacées dans la région du Lac.

Le COVID-19 n’impacte pas les stratégies en tant que telles des clusters (hormis l’éducation en raison de la fermeture des écoles) mais implique des changements dans les réponses entrainant des cibles à la hausse et des budgets plus élevés, une nouvelle priorisation, et des nouvelles activités. Les clusters et les organisations ont donc revu leur réponse prévue pour 2020, afin de répondre aux besoins dérivés de l'impact direct du COVID-19 sur la santé de la population, ainsi que l'impact socio-économique indirect de la pandémie. Bien que les marchés restent opérationnels et accessibles, la communauté humanitaire continue d’utiliser des modalités de liquidités. Le HCR a également ajusté son Plan de Réponse Réfugiés (RRP) en intégrant le COVID-19, et l’OIM a élaboré une stratégie d’intervention pour son travail de soutien aux migrants, de suivi des mouvements et suivi du point d’entrée (POE) au Tchad.

Les réponses nouvelles et adaptées reconnaissent que certains groupes sont particulièrement vulnérables dans le contexte du COVID-19, tandis que les préoccupations en matière de protection augmentent également au Lac avec la combinaison du COVID-19 et de l’insécurité. Il s’agit, inter alia, des femmes et des filles, qui peuvent avoir un accès limité aux soins de santé, et qui sont plus exposées aux risques de violences sexuelles et conjugales ; ainsi que les enfants qui sont séparés des principaux soignants à la suite de la quarantaine, avec la suspension du regroupement familial transfrontalier et l’incapacité d’aller à l’école.

Les parties 2 et 3 de ce document mettent à jour les nouveaux développements et l’impact humanitaire des trois crises du Tchad : les urgences sanitaires, y compris le COVID-19, pour l’insécurité alimentaire et la malnutrition, et pour les mouvements de population.

Les sections distinctes du chapitre III comprennent les plans révisés des clusters et du secteur, qui reflètent la stratégie initiale, les nouveaux développements et les nouveaux besoins, les nouvelles priorités, les populations cibles révisées, les indicateurs connexes et les besoins financiers mis à jour.

5. Besoins urgents en ressources pour répondre aux besoins existants et nouveaux.

Le HRP 2020 initial du Tchad demandait 545 millions USD.
Avant que l'impact de l'épidémie de COVID-19 ne commence à se faire sentir, fin mars, seuls quelques 43,8 millions USD ont été reçus, et la communauté humanitaire était déjà tenue de répondre aux besoins croissants de l'afflux de réfugiés à l'Est et des nouveaux déplacements en Province du Lac.

Avec l'avènement du COVID-19, une estimation préliminaire a été faite des ressources nécessaires pour adapter les programmes existants, ainsi que pour augmenter ou ajouter des activités spécifiques, en particulier pour la santé, l'eau et l'assainissement et la livraison de nourriture. À la suite de ces urgences respectives, bon nombre des ressources disponibles sont déjà épuisées, y compris une grande partie du stock d'urgence pour une intervention rapide. Cela est particulièrement préoccupant étant donné l’arrivée imminente de la saison des pluies, qui pourrait encore accroître les besoins dans les zones touchées par les inondations.

De façon positive, le Tchad a reçu des fonds du CERF et d'autres mécanismes globaux. Compte tenu des circonstances exceptionnelles, certains fonds de l'allocation du CERF 2020 (12 millions USD) alloués dans le cadre des urgences sous-financées, et qui avaient été prioritaires pour le Lac ont été réorientés afin d’adapter les programmes originaux à la réponse COVID-19, pour couvrir des besoins immédiats et urgents. En outre, grâce aux allocations globales des fonds du CERF spécialement pour le COVID-19, le Tchad a reçu un total de 2 190 000 USD, pour 4 agences de Nations Unies. Par ailleurs, le programme Education Cannot Wait (ECW) a octroyé un financement de 1 million USD en Avril 2020 à trois organisations humanitaires pour aider à une réponse rapide pour les enfants affectés par la pandémie, et est en train d’étudier un financement additionnel pour l’enseignement à distance. The Global Partnership for Education (GPE) appui la coordination de la réponse en éducation face à la pandémie du Covid-19, dont le développement du plan de réponse lui-même.

Des fonds supplémentaires et précoces sont désormais nécessaires de toute urgence pour maintenir le programme en cours, répondre aux nouveaux besoins découlant du COVID-19 et des nouveaux déplacements et se préparer à répondre rapidement aux urgences futures. Le HRP révisé nécessite 664,6 millions USD.

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