N'DJAMENA, 11 janvier 2010 (IRIN) - Plus de la moitié des neuf millions d'habitants du Tchad habitent à proximité de sites potentiellement contaminés par des munitions non explosées (UXO en anglais) ou des mines terrestres, d'après le Centre national de déminage. Selon le gouvernement, plus de 100 personnes sont tuées ou blessées chaque année par des mines terrestres ou des UXO ; les organisations humanitaires couvrent l'essentiel des soins médicaux et des programmes de réhabilitation des victimes des mines, d'après l'ONG Handicap international.
Le Centre national de déminage (CND) du Tchad élabore actuellement un plan d'assistance aux victimes des mines, mais ce projet est freiné par un manque de financements, d'après Assane Nguedoum, conseiller technique du CND.
Le CND, dont la mission consiste à assister les victimes des mines et UXO, est confronté à un manque d'expérience, de financements et de capacités, d'après un rapport réalisé en 2009 par Handicap international, à partir d'une enquête sur la réhabilitation des survivants de guerre.
Sur les 58 personnes ayant répondu à l'enquête, 43 pour cent ont dit que les services de réhabilitation physique s'étaient améliorés depuis 2005, et 41 pour cent ont indiqué que le gouvernement augmentait les financements alloués à de tels services. En revanche, 74 pour cent ont dit que les survivants ne recevaient « jamais » l'aide à la réinsertion économique dont ils avaient besoin, et 42 pour cent pensaient que le suivi économique assuré par le gouvernement avait stagné ou s'était détérioré depuis 2005. Les résultats étaient similaires en ce qui concerne le soutien psychologique.
M. Nguedoum a dit à IRIN que le gouvernement avait pris un certain nombre de mesures, dont l'adoption, en mai 2007, d'une loi visant à protéger les victimes des mines, la mise en place de soins médicaux et de services de réhabilitation gratuits, et la distribution de 20 tricycles financés par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance.
Qui paie ?
D'après le rapport de Handicap international, le fardeau financier de l'aide aux victimes des mines pèse sur les organisations humanitaires internationales, qui supportent le coût du transport, des interventions chirurgicales et du suivi médical, dont les prothèses.
« La Croix-Rouge a payé pour ma prothèse de jambe », a dit François Chegue, qui a dit à IRIN qu'il avait été blessé dans une explosion de mine dans le nord du Tchad en 1996. Après avoir été amputé de la jambe droite, M. Chegue a reçu une prothèse au Centre d'appareillage et de rééducation (CARK) à N'djamena, la capitale, un des deux centres de réhabilitation du Tchad financés par des ONG.
En 2008 et 2009, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a alloué près de 60 000 dollars par an, à l'échelle nationale, au financement de prothèses pour les personnes blessées dans le conflit. Au CARK, les coûts vont de quatre dollars pour une consultation d'un patient à plus de 400 dollars pour un tricycle.
En 2009, le gouvernement avait prévu un budget de 1,7 million de dollars pour les coûts de fonctionnement, et la même somme pour la rémunération du personnel, d'après un rapport du CND daté de février dernier.
Bouba Martin, qui dirige les soins orthopédiques du CARK, a dit à IRIN qu'il faisait partie de la dizaine de kinésithérapeutes tchadiens qui étaient revenus travailler au Tchad après avoir été formés dans d'autres pays. « Nous commençons à 240 dollars, et pouvons gagner jusqu'à 400 dollars par mois si nous avons un bon poste. Mais même si davantage de personnes étaient formées, o=F9 travailleraient-elles ? Le gouvernement n'emploie pas de kinésithérapeutes. Ce sont les catholiques qui nous paient ».
Le CARK est financé par le CICR et le Secours catholique pour le développement, une organisation catholique connue sous le nom de SECADEV.
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