MESSAGES CLÉS
La population de la province du Lac, au-delà des causes sousjacentes du sous-développement chronique, fait face à une vulnérabilité aggravée par l’impact de la crise nigériane depuis fin 2014. Les attaques des groupes armés contre les populations civiles (tueries, vols de bétails et de biens), et les opérations militaires fréquentes, ont entrainé le déplacement de 406 573 personnes. A ce jour, les mouvements de populations restent toujours tributaires du contexte sécuritaire volatile, notamment dans la partie ouest de la province limitrophe avec le Niger, le Nigéria et le Cameroun alors que les intentions de retour restent faibles. De plus, la province accueille 19 257 réfugiés essentiellement en provenance du Nigéria repartis dans le camp de Dar Es Salam et les village hôtes.
La fermeture de la frontière avec le Nigeria et les restrictions de mouvement dans certaines zones insulaires ont un impact négatif sur l’activité économique et la situation alimentaire des populations hôtes et des personnes déplacées (augmentation des prix des denrées de base, arrêt de certaines activités, perte de débouchés économiques, forte réduction de la pêche en raison de l’interdiction partielle de naviguer, etc.). Le manque d’accès physique à cause de l’insécurité dans certaines zones agricoles comme celle de Ngouboua a réduit la production agricole et augmenté les risques liés à l’insécurité alimentaire et la malnutrition. La situation sécuritaire affecte aussi sévèrement les éleveurs qui doivent trouver des débouchés alternatifs au marché nigérian ou de nouvelles routes de transhumance et pâturages pour transporter leurs troupeaux.
L’insuffisance des infrastructures de base limite l’accès des populations aux services sociaux essentiels en termes de santé, d’éducation, d’eau potable, d’ hygiène et d’assainissement. L’accès à des soins de santé de qualité et à l’éducation de base reste une préoccupation majeure pour les sites/villages insulaires isolés et sur la terre ferme. En dépit des interventions des humanitaires, plus de 50% de la population n’a pas accès à l’eau potable et 80% n'a pas accès à l’assainissement. Au-delà des problèmes d’insuffisance des structures, certaines pesanteurs socioculturelles limitent l’accès des populations aux services essentiels de base, d’où la nécessité de renforcer les infrastructures et en même temps de sensibiliser les populations aux bonnes pratiques pour améliorer leurs conditions de vie.
La réduction de l’assistance alimentaire ainsi que l’insuffisance de financement pour les priorités du Lac conduisent souvent les déplacés et les retournés à effectuer des déplacements secondaires/successifs à la recherche d’assistance. L’aide humanitaire est souvent la seule source de nourriture pour la majorité des déplacés et la population locale. Les populations bravent les mesures sécuritaires au risque de leur vie pour se rendre dans leurs localités d’origine dans les zones interdites en quête de moyens de subsistance (agriculture, pêche, élevage). La crise du Lac est également une crise de protection étant donné l’ampleur des incidents enregistrés chaque année (environ 1 500 en moyenne) allant des meurtres, assassinats, enlèvements et violences basées sur le genre. Il s’avère essentiel de mettre en place des solutions durables basées sur des garanties sécuritaires. Cela permettra d’envisager le développement d’activités socioéconomiques pour renforcer l’autosuffisance des populations déplacées et d’accompagner les retours en facilitant la réinsertion dans les villages d’origine.
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