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Tchad populations réfugiées et hôtes situation d’alerte nutritionnelle - Analyse IPC de la malnutrition aiguë Janvier – Décembre 2024 Publié le 2 Mai 2024

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Quel niveau de sévérité ? Combien ? Qui ?

Cette analyse IPC de la Malnutrition Aiguë concerne spécifiquement les camps de réfugiés et les populations hôtes autour des camps au Tchad. Au total, l’analyse a porté sur 31 unités d’analyse dont 25 camps et 6 groupes de villages hôtes. Parmi les 25 camps de réfugiés, la classification de la sévérité de la situation se repatit comme suit : 0 camps en phase extrêmement critique (phase 5), 1 camp en phase critique (phase 4), 7 camps en phase sérieuse (phase 3), 15 camps en phase d’alerte et deux (2) camps en phase acceptable (phase 1) ; et concernant les six (6) groupes de population hôte, 0 en phase 5, un (1) en phase 4, un (1) en phase 3, deux (2) en phase 2 et deux (2) en phase 1. Il ressort de cette analyse que la situation nutritionnelle est aussi précaire dans les camps de réfugiés qu’au sein des populations hôtes. La situation nutritionnelle est beaucoup plus critique dans les camps de refugiés situés le long de la frontière avec le Sudan.

A l’Est du pays, à la frontière avec le Soudan, il y a trois (3) groupes de populations hôtes : Iriba, Farchana et Gozbeida. La population hôte de Iriba comprend les villages situés à 25 km des camps : Ouré Cassoni, Amn Aback, Touloum, Kounougou, Mile et Iridimi. Par ailleurs, les populations hotes de Farchana sont reparties dans les villages environnants situés à moins de 25 km des camps suivants : Gaga, Farchana, Treguine, Arkoum, Metche, Bredjing et Moura. La population hote de GozBeida recouvre les villages à moins de 25 km des camps suivants : GozAmir, Zabout et Djabal. Ces camps cités hebergent majoritairement des réfugiés soudanais et des migrants tchadiens au Darfour. Depuis le début du conflit au Soudan en avril 2023, la CNARR(Commission Nationale d’Accueil de Réinsertion des Réfugiés et des Rapatriées), le UNHCR(Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) et l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) font face à un afflux massif de réfugiés soudanais et de migrants tchadien retournés en provenance du Darfour, traversant la frontière orientale du Tchad. Au départ, une estimation de 910 000 personnes nécessitant une assistance humanitaire a été établie par le gouvernement Tchadien. Pour garantir leur protection, une vaste opération de dénombrement a été lancée le long de la frontière, permettant la collecte des données essentielles sur les réfugiés pour une assistance ciblée. En parallèle, des efforts de relocalisation depuis les villages d’accueil vers des sites aménagés ont été initiés pour faciliter l’enregistrement individuel, débuté le 12 juin 2023, s’adaptant ainsi au rythme de la relocalisation. En se basant sur le suivi des frontières, les observations effectuées lors des premières activités de dénombrement, et les activités de protection pendant la relocalisation des réfugiés, il est estimé qu’il y a près de 554 274 nouveaux réfugiés dénombrés sur le sol tchadien au mois de février 2024. Toutefois, ce chiffre pourrait être révisé à la baisse d’environ 20 %. La finalisation du processus du pré-enregistrement aux frontières, la relocalisation et l’enregistrement biométrique individuel qui aura lieu dans les sites aménagés, permettront de confirmer les chiffres précis des réfugiés. Au sud, sur la frontière avec la République Centrafricaine, il y a deux groupes de population hôte : Goré et Maro. Si la population hôte de Maro (ensemble de villages à moins de 25 km) ne couvre qu’un seul camp, le camp de Belom, la population hôte de Goré est constitué des villages à moins de 25 km de 4 camps : Amboko, Gondje, Doholo et Dosseye. Sur cette analyse, le camp de Moyo n’a pas de population hôte car il était impossible d’y mener l’enquête SENS à cause de l’Insécurité. Aussi, les camps de Guilmey et Kalambari qui sont consideres comme une seule strate, une seule unité d’analyse ici se trouve dans la capitale N’Djamena et ne dispose pas de population hôte pour cette analyse. A l’Ouest, à la frontière avec le Cameroun, le Niger et le Nigeria, il n’y a qu’un seul camp, celui de Dar Es Salam et les villages à moins de 25 km de ce camp constituent sa population hôte. De janvier 2024 à décembre 2024, 58 139 cas de malnutrition aigüe sont attendus dont 7 216 cas sévère.

Où et quand ?

La période actuelle de cette analyse va de janvier à mai 2024, elle est considérée comme une période d’augmentation de la malnutrition aigüe. Au cours de cette saison, parmi les 25 camps, seul un camp est classé en phase critique (phase 4) et il se trouve à la frontière avec le Soudan. Par ailleurs, il y a au total, 7 camps qui sont classés en phase sérieuse (phase 3), et six de ces camps se trouvent à l’Est le long de cette frontière avec le Soudan et le septième camp se trouve au Sud à la frontière avec la République Centrafricaine. En ce qui concerne les camps classés en phase d’alerte (phase 2), il y en a 10 camps situés à l’Est à la frontière avec le Soudan, quatre (4) camps à la frontière avec la République Centrafricaine au Sud et un (1) camp situé à l’Ouest à la frontière entre le Cameroun, le Niger et le Nigeria ; ce qui fait un total de 15 camps en situation d’alerte nutritionnelle. Il y a deux camps qui ont une situation nutritionnelle acceptable : le camp de Guilmey + Kalambari qui se trouve à l’Ouest dans le département de N’Djamena et le camp Moyo qui se trouve au Sud-Est à la frontière avec la République Centrafricaine. Pour ce qui est de la population hôte, à la frontière Soudanaise, celui de Iriba est classé en phase 4, alors que celui de Farchana et de GozBeida sont classés en phase 2 ; à l’Ouest, la population hôte de Dar Es Salam est classé en phase 3 ; et au Sud, les populations hôtes de Maro et de Goré sont classés en phase 1. Cette situation va particulièrement se dégrader en période projeté 1 qui y va de juin à septembre 2024 avec 12 unités d’analyse qui basculeront en phase supérieure. En effet, la période correspond à la période pic de la malnutrition aigüe. Ainsi cinq (5) unités d’analyse seront en situation critique (phase 4), 12 unités seront classées en situation sérieuse (phase 3), 13 en situation d’alerte (phase 2) et seule une unité d’analyse restera en situation acceptable (phase 1). Il n’y aura ni de camp ni de population hôte qui soient classés en phase 5. Les camps de l’Est seront à surveiller de très près car Il y aurait quatre (4) camps en situation critique et six (6) camps en situation sérieuse sur un total de 16 camps ; et il faut noter que la population hôte de Iriba va rester en phase critique alors que la population hôte de GozBeida va se déteriorer en phase sérieuse. Au Sud, trois (3) camps vont voir leur situation s’empirer dont deux (2) en phase 3 et un (1) en phase 2 ; et la population hôte de Goré basculera aussi en phase 2. A l’Est, les deux camps aussi vont changer de phase dont un (1) en phase 3 et un (1) en phase 2. En revanche, dans la période projetée 2, la situation va s’améliorer par rapport à la projeté 1 mais aussi, comparativement à la période actuelle. En effet, il s’agit d’une période de baisse de la malnutrition aigüe. Il y aura cinq (5) unités d’analyse qui seront en phase 1 dont trois (3) à Goré, une (1) à N’Djamena et une (1) à Dar-Tama ; 16 unités d’analyse situés dans les départements de Assoungha, Oura, Sila/Goz Beida, Goré, Lac/Bagasola, et Dar-Tama seront classés en phase 2 ; et 10 unités d’analyse seront classées en phase 3 et ils sont reparties dans les départements de Wadi Hawar, Kobé, Lac/Bagasola, Sila/Goz Beida, Oura et Assoungha. Aucun camp ni population hôte ne seront classées en phase 4 ou plus.

Pourquoi ?

Les principaux facteurs déterminants de la malnutrition aigüe diffèrent d’un camp à l’autre. Cependant, globalement les facteurs déterminants évoqués sont relatifs à l’environnement sanitaire dont l’accessibilité au service sanitaire amélioré qui reste un des défis majeurs au niveau des camps et des populations hôtes environnantes (entre autres, la disponibilité de l’eau et de savon, la salubrité surtout aux niveaux des anciens camps). Il y’a aussi l’insuffisance de bonnes pratiques d’hygiene qui entraine la recrudescence de maladies infantiles telles que la diarrhée (6.7% à 18.7%). En ce qui concerne les pratiques de soins et d’alimentation, sa contribution varie de très faible à moyen. La contribution de la dimension alimentaire varie de très faible à faible mais il faudra l’apprécier avec une certaine réserve étant donné que la diversité alimentaire a été pris comme un proxy disponible.

Bien que la prévalence des maladies infantiles ait une faible ou une très faible contribution à la malnutrition aigüe au niveau de la population hôte, il est à mettre en exergue que la pratique de soins des enfants est très mauvaise. En effet, l’allaitement maternel exclusif n’est pas systématique et la poursuite de l’allaitement n’est pas au rendez-vous non plus. Aussi, les stratégies de priorisation des enfants en matière d’alimentation n’y sont pas adoptés. Il faut aussi noter que les populations hôtes ont un sérieux probleme d’hygiène avec un grand manque d’infrastructure sanitaire. A cet effet, ce facteur a une forte contribution à la malnutrition aigüe, et elle varie de « élevé » à « très élevé ».