Faits Saillants
• Environ 5,3 millions de personnes (51% de femmes) souffrent d’insécurité alimentaire selon les résultats des analyses du Cadre Harmonisé de novembre 2022
• 809 237 personnes sont actuellement en phase 3 à 5 d'insécurité alimentaire et ce chiffre pourrait atteindre 1,5 millions pendant la prochaine période de soudure (mai-août), selon la situation projetée du Cadre Harmonisé
• Selon l’enquête SMART 2022 la malnutrition aiguë globale (MAG), au Tchad, est de 8,6 % et oscille entre 7,9 et 9,4 en dessous du seuil élevé d’alerte de 10% fixé par l’OMS, mettant le pays dans une situation dite moyenne en matière de santé publique
• De fortes disparités existent au niveau provincial où la malnutrition aigüe varie de 2,6% dans le Logone Oriental à 17,7% dans la province de Wadi Fira.
• Trois provinces ont enregistré une prévalence supérieure au seuil très élevé (urgence) de 15%, (Wadi Fira, Borkou, et Ennedi Est).
Aperçu de la situation
L’analyse du Cadre harmonisé de novembre 2022 projette que près de 5,3 millions de personnes (51% de femmes) souffrent d’insécurité alimentaire dont 1,5 million pourraient se retrouver en insécurité alimentaire aiguë sévère durant la période de soudure (Juin à Aout 2023). Ces dernières seront indéniablement en situation de déficit considérable avec des taux de malnutrition supérieurs au seuil d’urgence et nécessiteront une assistance humanitaire. Il y a donc lieu de surveiller l’évolution de la situation de près.
Selon les résultats du Cadre harmonisé, la situation alimentaire a connu une hausse de production céréalière de 9,9% par rapport à l’année dernière et de 1,7% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Également la production céréalière dans la zone sahélienne a enregistré une augmentation de 14% par rapport à l’année dernière et 4% par rapport à la moyenne quinquennale. En dépit de la hausse enregistrée sur la production agricole, le bilan céréalier prévisionnel reste tout de même déficitaire de 270 163 tonnes relatif à des baisses de production enregistrées dans la zone soudanienne de 2,3% et 2,4% respectivement par rapport à l’année dernière et la moyenne des 5 dernières années Le Cadre harmonisé relève également que la situation pastorale est marquée par une bonne disponibilité des pâturages et d’eau d’abreuvement des animaux dans la quasi-totalité des zones sahéliennes et soudaniennes du pays. Cette situation améliore l’embonpoint des animaux face à une situation zoo sanitaires calme.
Bien que la situation semble légèrement moins préoccupante qu’en 2022, elle reste inquiétante notamment à cause des inondations, qui ont eu des impacts néfastes sur les ménages vulnérables. Malgré la hausse de production, l’approvisionnement des marchés céréaliers est légèrement en deçà d’une année normale à cause des baisses de production dans les zones touchées par les inondations. La situation pourrait s’améliorer pour un moment, avec l’arrivée sur les marchés des productions de contre saison (légumes oignons tomates notamment) y compris des légumineuses. En effet, les fortes inondations fluviales et pluviales que le Tchad a connues résultent de la forte pluviométrie et du débordement des fleuves qui a atteint le pic de crue avec une hauteur de 8,14mètres, le niveau le plus élevé depuis une décennie, ont plongé la population dans une situation humanitaire importante. Plus de 1,3 million de personnes ont été affectées dans 19 des 23 provinces que compte le pays. Plus de 350 000 hectares des champs ont été détruits, 20 000 têtes de bétails emportées et 80 000 maisons d’habitations et un nombre important d’écoles, de centres de santé et d’infrastructures d’utilité publiques détruits. Par ailleurs, les conflits inter communautaires enregistrés dans certaines localités du pays ont également affecté les capacités et les niveaux de productions agricoles et les présences marquées des personnes en déplacement notamment les Retournés et les personnes Déplacées qui sont toujours dans le besoins d’assistance humanitaire.
Avant cette catastrophe, le Gouvernement du Tchad avait lancé en juin 2022, un appel à la communauté internationale pour répondre à la crise d’insécurité alimentaire et la malnutrition à la suite du rapport des analyses du Cadre harmonisé de mars 2022, qui montraient que 2 millions de personnes étaient en insécurité alimentaire sévère (phase 3 à 5 du cadre harmonisé). Les volumes de flux céréaliers (mil, maïs, sorgho) et en produits de rente (arachide, niébé, sésame) sont en baisse à cause de la faible disponibilité en produits locaux. Des baisses atypiques sont observées dans la zone soudanienne et de manière localisée dans la zone sahélienne. En matière de malnutrition, les résultats récents de l’enquête nationale de nutrition (SMART) réalisée en novembre 2022 confirment que la situation nutritionnelle demeure inquiétante. Le taux de malnutrition aiguë globale est de 8,6% et oscille entre 7,9 et 9,4 en dessous du seuil élevé d’alerte de 10% fixé par l’OMS, mettant le pays dans une situation dite moyenne en matière de santé publique. Elle a diminué de 2,3 points par rapport à la prévalence de 10,9% observée en 2021. Cette baisse est justifiée en partie par la période d’enquête qui avait coïncidé avec les récoltes pluviales où les aliments sont disponibles et accessibles et des actions entreprises par le Gouvernement et les partenaires. Néanmoins, cette prévalence cache de fortes disparités au niveau provincial où elle varie de 2,6% au Logone Oriental à 17,7% dans la province de Wadi Fira.
En effet, les provinces ci-après ont enregistré des prévalences supérieures au seuil d’urgence et d’alerte :
• Trois (3) provinces ont enregistré des prévalences supérieures au seuil très élevé (urgence) de 15% (fixée par l’OMS) à savoir le Wadi Fira (17,7%), le Borkou (16,2%) et l’Ennedi Ouest (15,7%).
• 11 provinces ont enregistré des prévalences supérieures au seuil élevé d’alerte de 10% : Ennedi Ouest (14,4%), Salamat (14,3%), Batha (13,8%), Bahr El Gazal (12,9%), Kanem (12,2%), Ouaddaï (12,1%), Tibesti (11,6%), Sila (11,1%), Lac (11,0%), N’Djaména (11,7%), Guéra (10,6%) et Hadjer Lamis (10,5%).
S’agissant de la malnutrition aigüe sévère (MAS), elle est estimée à 1,5% au cours de l’enquête SMART de novembre 2022 contre 2,0% en 2021. Cette prévalence est en dessous du seuil d’urgence de 2% fixé par l’OMS. Elle varie de 0,0% au Logone Oriental, Mandoul, Mayo Kebbi Est, Mayo Kebbi Ouest et Moyen Chari à 2,5% au Bahr El Gazal et Wadi Fira, de 2,3% au Sila et de 2,2% dans le Salamat.
Prenant en compte les spécificités géographiques, l’enquête SMART qui prend en compte les deux zones géographiques qui constituent le Tchad, à savoir la zone sahélienne et la zone soudanienne, considère que la zone sahélienne est constituée de 15 provinces avec une prévalence globale de MAG de 12,2%, ce qui est supérieur au seuil élevé d’alerte de 10% tandis que la zone soudanienne a une prévalence de MAG de 5,2% largement inférieur au seuil d’alerte de 10%. Et quant à la malnutrition aigüe sévère (MAS), la zone sahélienne a une prévalence de 1,7% de MAS et la zone soudanienne, 1,4% de MAS, tous inférieur au seuil d’urgence de 2%.
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