Les besoins humanitaires augmentent à la suite de la hausse du nombre de personnes qui se réfugient au Tchad en fuyant le Soudan.
Depuis l’éclatement du conflit au Soudan le 15 avril dernier, le nombre de personnes fuyant les violences entre les factions militaires rivales à Khartoum a déjà dépassé 230 000, dont 192 473 réfugiés, environ 43 000 rapatriés tchadiens et 68 ressortissants de pays tiers, au 4 juillet. Ces personnes sont réfugiées dans les provinces du Ouaddai, Sila et Wadi-Fira, à l'est du Tchad.
À la suite de l'escalade du conflit à El Geneina et dans d'autres localités du Darfour occidental à la mi-juin, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a enregistré au 30 juin 36 563 personnes qui ont été forcées de fuir vers Adré, une ville située à environ 400 mètres de la frontière soudanaise dans la province de Ouaddai, au Tchad. La plupart des personnes étaient des femmes et des enfants qui ont cherché refuge dans des villages, des écoles et des abris de fortune. Quelque 800 blessés, dont plusieurs enfants et nourrissons, ont été admis à l'hôpital d'Adré, soutenu par Médecins Sans Frontières, entre le 14 et le 17 juin, et au moins 20 décès ont été enregistrés.
Face à cette situation humanitaire, le président de transition du Tchad s'est rendu à Abéché et Adré, respectivement le 17 et 18 juin et a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle apporte un soutien accru. Le premier ministre a lancé le même appel le 24 juin lors d’une réunion avec les missions diplomatiques et consulaires et des partenaires techniques et financiers basés à N’Djamena. Au cours de cette rencontre, il a demandé la tenue d'une conférence internationale en vue de mobiliser des fonds et d'aider le Tchad à relever les nombreux défis liés à la gestion des réfugiés, en particulier au démarrage de la saison des pluies.
Les acteurs humanitaires travaillent de concert avec le gouvernement tchadien pour intensifier la réponse aux besoins humanitaires urgents des personnes qui arrivent au Tchad à cause des violences au Soudan.
Le HCR, en étroite collaboration avec la Commission nationale d'accueil de réinsertion des réfugiés et des rapatriés (CNARR), a relocalisé, au 4 juillet, 53 889 personnes dans des extensions de sept camps de réfugiés existants et dans deux camps nouvellement établis dans l'est du Tchad, avec le soutien de l'armée française, qui a fourni 19 camions pour l'opération depuis le 24 juin. L'équipe humanitaire de pays (EHP) au Tchad avait approuvé l'utilisation du soutien militaire français conformément aux procédures de la coordination civilo-militaire, en dernier recours, compte tenu la disponibilité limitée des camions civils.
Dans le cadre de la réponse humanitaire, le HCR et ses partenaires de mise en œuvre ainsi que les autres organisations humanitaires continuent de fournir des articles non-alimentaires et des repas chauds aux ménages de réfugiés, étendent les camps de réfugiés existants et construisent trois nouveaux camps et un centre de transit. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a distribué de la nourriture à plus de 105 000 réfugiés, retournés et membres vulnérables des communautés d'accueil, dont 15 659 femmes enceintes et allaitantes et des enfants de moins de cinq ans avec des produits nutritifs pour prévenir la malnutrition. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) soutient l'enregistrement conjoint des nouveaux arrivants, y compris les retournés tchadiens, et a fourni une aide humanitaire d'urgence à plus de 22 500 rapatriés tchadiens par le biais d'une assistance directe en espèces et de bâches d'urgence. D’autres partenaires fournissent avec le gouvernement des interventions en santé, eau, hygiène et assainissement et de protection.
Un événement de haut-niveau pour soutenir la réponse humanitaire au Soudan et dans la région a eu lieu à Genève, en Suisse, le 19 juin, et a abouti à des engagements d'un montant de 1,5 milliards de dollars américains. Le HCR a mis à jour son plan régional de réponse aux réfugiés (RRRP), qui, pour le Tchad identifie des besoins financiers à hauteur de 226 millions de dollars américains pour tous les acteurs humanitaires impliqués dans la réponse à l'est du pays, afin d'atteindre 310 000 personnes au cours des six prochains mois. Cependant, selon le HCR, seulement 10 % de ces fonds ont été reçus à ce jour.
Le Tchad a reçu, le 23 juin, 6 millions de dollars du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires (CERF), afin de fournir des services de protection et une aide vitale aux communautés d'accueil qui sont également gravement touchées par la crise actuelle. En effet, les prix des denrées alimentaires de base dans les provinces de l'est du Tchad ont plus que doublé depuis le début de la crise. Avant le dernier afflux, le pays comptait déjà plus d'un million de personnes déplacées de force, dont 407 000 réfugiés soudanais dans la région orientale. Cette allocation de 6 millions de dollars pour les communautés d'accueil vient s'ajouter à une précédente allocation du CERF totalisant 8 millions de dollars pour soutenir la réponse aux réfugiés et aux retournés. Au total, le CERF a alloué 14 millions de dollars au Tchad dans le cadre de cette crise.
Compte tenu de l'évolution du contexte humanitaire et des besoins supplémentaires engendrés par la crise au Soudan, le plan de réponse humanitaire (HRP) 2023 est en cours de révision pour prendre en compte la crise actuelle. Le HRP en cours, qui requiert 674 millions de dollars pour répondre aux besoins de 4.4 millions de personnes, a reçu, à ce jour 116 millions de dollars, soit 17% du financement requis.
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