Tchad - Mise à jour des messages clés : Les inondations entravent la distribution des assistances alimentaires dans les provinces de l’Est accueillant les réfugiés, septembre 2024
Les provinces d’accueil des réfugiés soudanais à l’Est du Tchad ont enregistré 646 796 réfugiés et 213 339 migrants tchadiens retournés, en moyenne 300 personnes par jour (HCR). Les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC), grâce à l’assistance alimentaire, et de Crise (Phase 3 de l’IPC) persistent dans ces provinces. Les réfugiés ainsi que les ménages hôtes sont confrontés à une détérioration de leur consommation à cause d’un accès alimentaire très limité dû à la rareté des opportunités de travail, des prix élevés des denrées alimentaires liés aux difficultés d’approvisionnements occasionnés par les inondations. Additionnellement à la pression induite sur les ressources naturelles et les faibles disponibilités par les afflux réguliers de nouveaux arrivants, le déficit de consommation alimentaire est exacerbé par les fortes inondations qui entravent les opérations d’assistance humanitaire préalablement réduites par une faible mobilisation du financement. Les distributions de vivres et du transfert monétaire aux réfugiés sont perturbées par les inondations qui empêchent la circulation sur les routes à destination de certains camps et sites des réfugiés, plus particulièrement les camps de Dougui, Arkoum et Alacha où les proportions des ménages en Urgence (Phase 4 de l’IPC) ont augmenté, mais toujours au-dessous de 20 pour cent. La plupart des réfugiés intensifient la collecte des produits sauvages tandis que d’autres se livrent à la mendicité. Au Lac, les inondations ont entraîné des déplacements forcés de plus de 18 000 ménages, dont principalement ceux antérieurement déplacés par suite de la crise sécuritaire. Faisant face à la précarité financière des ménages due à la baisse des revenus tirés de la vente des bétails et des autres activités génératrices de revenus, l’accès aux marchés des ménages du Lac et ceux du Sahel Ouest (BEG et Kanem) est entravé par les tendances haussières atypiquement élevées des prix des produits alimentaires, limitant ainsi leur consommation alimentaire. Les ménages de ces zones et du Sahara sont en insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC).
Dans la plupart des zones du pays, les précipitations excédentaires enregistrées entre fin juillet et début septembre 2024 ont affecté plus de 266 590 ménages, soit 1 495 969 personnes sinistrées et 341 décès enregistrés, selon le rapport conjoint des acteurs humanitaires et du gouvernement tchadien. Ce rapport indiquait aussi d’importantes pertes de moyens d’existence, dont 259 000 hectares de champs détruits et 66 700 têtes de bétail emportées dans tout le pays. Ces destructions des cultures entraineront la baisse de production et les sources de revenus tirés de la vente de produits agricoles. Les pertes des bétails constituent d’importantes pertes en revenus pour les éleveurs, limitant leur capacité d’achat. Les provinces de la Tandjilé, Mayo Kebbi Est, Logone Oriental, le Lac, Guéra, Salamat, l’Ennedi Ouest, Batha, Borkou, Mandoul, Ennedi Est et Tibesti sont les plus affectées par ces inondations. Les travaux agricoles en cette campagne pluviale sont significativement perturbés dans ces localités, notamment celle des zones agricoles et agropastorales du Sud et du Sahel. Les travaux d’entretien des cultures pluviales, qui sont à la phase de maturation, sont perturbés par les eaux d’inondations. En outre, la production des pépinières pour les cultures de contre-saison, souvent achevée en septembre et transplantée en octobre, est également impactée par les inondations des espaces qui retardent les travaux. Les quantités de ces pépinières sont fortement réduites au Mayo Kebbi Est par les eaux d’inondations. Ceci entraînera la réduction des superficies repiquées en berberé dans les zones de culture. Il apparaît ainsi des risques de baisse de production de la campagne pluviale et un retard éventuel des travaux de celle de contre-saison.
Depuis le début de la saison, des heurts réguliers entre agriculteurs et éleveurs, qui ont tendance à se sédentariser, sont rapportés dans le Moyen Chari et le Mandoul. Essentiellement liés pour la plupart à la compétition accrue pour les ressources naturelles, à l’expansion des surfaces agricoles et de la croissance des cheptels, ces conflits meurtriers sont récurrents ces dernières semaines. En date du 7 septembre 2024, une rixe opposant éleveurs et agriculteurs a occasionné une dizaine de personnes tuées et d’incendies de cases à Mouroum Goulaye (Province du Mandoul). Ces heurts isolés suivant les localités attaquées, mais de plus en plus fréquents dans la zone, perturbent significativement les activités agricoles dans les zones affectées. Au Lac, une incursion des éléments de groupes armés non étatiques dans un centre de santé à Liwa a été signalée en date du 8 septembre 2024. Six membres du personnel soignant ont été enlevés par les assaillants et une personne tuée. Ceci a entraîné le renforcement du dispositif sécuritaire dans la province.
Une tendance haussière atypique des prix des produits alimentaires est observée sur la plupart des marchés du pays. Ces niveaux élevés comparés à la moyenne quinquennale des prix résultent de la forte dépendance aux marchés. Ceci est davantage accentué par les faibles disponibilités locales dues au ralentissement des approvisionnements et au retard des prémices. En effet, les fortes inondations perturbent les trafics routiers à la suite des inondations qui dégradent les routes. Au Lac, ce ralentissement est également renforcé par le contexte sécuritaire très fragile à la suite des récents incidents enregistrés. Dans les provinces d’accueil de l’Est du pays, la pression soutenue par les afflux continus de réfugiés ainsi que les faibles volumes de l’assistance humanitaire et l’épuisement des stocks des ménages hôtes renforce la dépendance aux marchés à des niveaux inhabituels.