Tchad : Besoins Humanitaires et Plan de Réponse (Janvier 2025)

A vant-propos du coordonnateur humanitaire

Malgré d’énormes efforts consentis par les autorités et un appui appréciable des partenaires au développement, le contexte du Tchad se caractérise par trois situations : (1) la superposition de crises structurelles exacerbées par des chocs climatiques perturbent gravement la fourniture de services sociaux essentiels, compromettant ainsi les efforts de développement, (2) le coût élevé, induit par la situation sécuritaire, impacte le budget national, (3) la réduction progressive de l’accès humanitaire et des opportunités de développement accroient la vulnérabilité des personnes affectées.

Cette situation exige une dualité d’actions qui, sans s’exclure mutuellement, doivent se compléter. Il s’agit de fournir une assistance humanitaire pour une réponse immédiate, et en même temps, investir dans le développement.

Je salue, à ce sujet, les efforts en cours pour une opérationnalisation efficace du Nexus UrgenceDéveloppement-Paix et les récentes missions sur le terrain pour amorcer l’approche territoriale intégrée en tenant compte des principes humanitaires.

Il est un constat, que, même confrontées à des situations difficiles, les populations tchadiennes ont toujours démontré une remarquable capacité d’adaptation qui mérite un accompagnement et un appui plus incisif, plus ample et plus diversifié.

Je souhaite vivement qu’ensemble, nous puissions renforcer l’accès aux services sociaux de base dans les zones affectées par les crises, en remettant la protection des civils, la justice et la redevabilité au centre des réponses et en renforçant le leadership du gouvernement à tous les niveaux.

S’agissant du renforcement de l’accès humanitaire, je salue la tenue, à Abéché, du Forum sur l’utilisation des escortes armées et émets le vœu ardent de voir se renforcer les mécanismes de dialogue entre le Gouvernement et les partenaires. Dans le même temps, il faut trouver des alternatives efficaces mieux partagées, consensuelles et flexibles selon l’évolution de la situation sécuritaire d’une zone donnée. Il me parait tout aussi impérieux de développer une stratégie commune d’accès afin de créer les conditions d’accès des partenaires humanitaires aux populations affectées, à moindre coût, et aux populations d’accéder aisément et en toute sécurité aux services sociaux de base et aux moyens d’existence. Et tout cela se fait en impliquant les autorités provinciales (gouverneurs) et locales (préfets, maires et chefferie traditionnelle).

En 2025, le Plan de Réponse humanitaire cible 5,5 millions de personnes sur un total de 7 millions de personnes dans le besoin. Ce ciblage tient compte des capacités d’intervention et de réponse de divers mécanismes en place ou projetés.

En ce qui concerne les besoins financiers, il nous faudra 1,45 milliard de dollars américains pour mettre en œuvre 128 projets dans plusieurs secteurs de l’activité humanitaire. En sécurité alimentaire, il nous faut 287 millions de dollars (pour 32 projets), en nutrition (151 M USD pour 24 projets), protection y compris celle des enfants et pour contrer les violences basées sur le genre (VBG) (15,6 M USD pour 26 projets), Education (36 M USD pour 13 projets), Eau l’hygiène et l’assainissement (48 M USD pour 31 projets), Abris et les biens non-alimentaires (ABNA) (25M USD pour 15 projets), Santé (41 M USD pour 19 projets), Réponse aux besoins spécifiques des réfugiés (807 M USD pour 4 projets), Coordination, y compris service aérien humanitaire / UNHAS (30M USD pour 4 projets).

Notre action sera axée sur une recherche systématique d’actions intersectorielles. Chaque réponse intégrera des activités de protection, la perspective du genre, la protection contre les abus et exploitations sexuelles et le harcèlement et des activités liées aux besoins spécifiques des personnes vivant avec un handicap. L’Equipe humanitaire pays du Tchad, le groupe de coordination Inter-Cluster et les clusters nationaux et groupes sectoriels régionaux / provinciaux sous le leadership des délégués provinciaux et des maires élus, auront un rôle prépondérant pour assurer la qualité requise de nos interventions pour une redevabilité optimale aux personnes affectées que nous servons. C’est dire l’importance que j’attache à la coordination et au leadership des autorité locales.

Il reste que le succès des activités qui seront mises en œuvre et surtout le bien-être des populations cibles que nos programmes se proposent d’assister est tributaire des ressources qui seront mises à la disposition de l’action humanitaire par les bailleurs de fonds, mais aussi, dépend de notre capacité d’accéder sans entraves, aux zones de mise en œuvre.

J’exprime, au nom de la communauté humanitaire du Tchad, ma reconnaissance à nos donateurs qui nous ont toujours renouvelé leur confiance malgré les multiples crises en cours dans le monde.