Tchad: Aperçu des conflits inter/intracommunautaires, janvier 2024

APERÇU

La période de juillet à décembre 2023 se caractérise par une baisse du nombre de conflits inter/intracommunautaires rapporté, en comparaison de celui du semestre précédent. Au total 14 conflits ont été enregistrés sur l’ensemble du territoire contre 37 conflits au cours du semestre janvier à juin 2023, cela représente une baisse de 62%. Les conflits intercommunautaires 43%, les conflits entre agriculteurs et éleveurs 29%, les conflits fonciers 21% et les conflits intracommunautaires liés à la chefferie 7% sont les quatre catégories de conflits qui ont été rapportés. Ils ont occasionné la mort de plus de 40 personnes et près de 100 blessés. Sur les 14 conflits enregistrés, 2 conflits auraient occasionné des déplacements préventifs de quelques femmes et d’enfants à l’intérieur du pays et au Cameroun. Il y aurait ainsi eu moins de personnes déplacées à la suite de conflits au cours de la période sous revue comparé au premier semestre.
Le sud reste la zone la plus concernée par les conflits, avec 57% de conflits enregistrés dont 50% des conflits dans la province du Logone Oriental et 50% dans la province du Mandoul. La tendance à la baisse des conflits est particulièrement manifeste à l’Est où aucun conflit communautaire n’a été rapporté.
Les conflits enregistrés restent marqués par la difficile cohabitation entre les agriculteurs et les éleveurs du fait de la rareté du pâturage et des zones agricoles (conséquences de la démographie et du changement climatique), de l’accès aux polders, de la dévastation de cultures causée par les bœufs ainsi que des vols de bétails.
La tendance à la baisse du nombre de conflits enregistrés au deuxième semestre pourrait s’expliquer, entre autres, par le déploiement des forces de défense et de sécurité au Sud et à l’Est pour renforcer la sécurisation de ces zones. En plus, l’installation de la saison pluvieuse dans toutes parties du pays, qui marque la fin de la période de transhumance.
La réponse aux conséquences humanitaires des conflits inter/intracommunautaires enregistrés au cours du 1er semestre 2023 a été très faible. Plus de 25 000 personnes déplacées au Sud depuis les conflits dans le premier semestre sont longtemps restées en attentes d’une réponse à leurs besoins cruciaux.
Pour prévenir les conflits inter/intracommunautaires, il convient d’encourager l’usage des mécanismes portés vers des solutions à long terme qui répondent aux besoins de tous les groupes socio-économiques et de la population en général, en termes de disponibilité et d’accès aux ressources naturelles. D’autre part, il faudra privilégier des actions de stabilisation et de consolidation de la paix qui prennent en compte la problématique de la transhumance, les mécanismes communautaires de résolution des conflits et la protection de la population. Dans l’est et le sud, les autorités locales dans plusieurs départements se sont engagées dans des campagnes d’appels à la tolérance, à la cohésion sociale et à la paix.