Tchad: Aperçu de la situation humanitaire au Sud (19 Juin 2023)

APERCU

Le sud du Tchad reste profondément affecté par l’impact de la crise centrafricaine, les conflits intra et intercommunautaires et les enlèvements contre rançon, les inondations, l'insécurité alimentaire et les urgences sanitaires.

Depuis le 15 avril, la recrudescence des violences intercommunautaires, notamment les attaques d'individus armés, ont provoqué des dizaines de morts, blessés et environ 26 000 déplacés internes, ainsi que plus de 1 000 maisons incendiées, des biens détruits et volés, dont 200 têtes de bétail, dans les départements de Nya Pendé, Monts de Lam et Pendé, dans la province du Logone Oriental, et plus récemment à Bara, dans le département de Barh Sara, dans la province du Mandoul.

Selon des sources informées, les récentes attaques ont incité plusieurs personnes (plus de 22 000) à se réfugier en République centrafricaine.

Cette augmentation des conflits est estimée à 72% en termes d'incidents enregistrés, 74% en termes de morts et 100% en termes de déplacements internes, par rapport à la même période en 2022.

Au 30 avril, le nombre total de réfugiés centrafricains au sud du Tchad s’élève à 119 729 personnes arrivées par vagues successives (de 2003 à 2021). Les derniers chiffres disponibles (novembre 2019) de la matrice de suivi des mouvements de populations, dénombrent 77 650 retournés tchadiens ayant fui les violences en République Centrafricaine depuis 2013.

La pluviométrie excédentaire a provoqué d’importantes inondations qui ont fortement affecté les populations dans tous les secteurs, en particulier l’agriculture, les abris et les moyens de subsistance. Sur les 193 772 ménages évalués en décembre 2022 dans quatre provinces (Logone Occidental, Logone Oriental, Mandoul et Moyen Chari), 77 492 ménages sont affectés, soit 40% des ménages. Sur les 648 143 ha de champs cultivés avant les inondations, 381 110 ha ont été inondés dans les 4 provinces évaluées, soit un total de 59%.

Ces crises pourraient détériorer la situation alimentaire et nutritionnelle de la zone, déjà préoccupante. En effet, le cadre harmonisé de mars 2023 estime à 999 670 le nombre des personnes en insécurité alimentaire , dont 467 878 en phase 3 à 5 dans les quatre provinces du sud. Les inondations fragilisent aussi davantage les populations déjà exposées aux maladies sous surveillance épidémiologique telles que la rougeole, la fièvre jaune, la méningite, la malnutrition et provoquent une augmentation des cas de paludisme, de diarrhée chez les enfants à cause de la précarité des conditions d’hygiène.