A- Contexte Objectifs et Méthodologie
- Contexte général de vulnérabilité des réfugiés, retournés et population hôtes au sud du Tchad
La détérioration de la situation sociopolitique et sécuritaire en Centrafrique depuis une dizaine d’années a entrainé l’afflux de milliers de réfugiés et retournés Tchadiens établis dans les régions frontalières avec la RCA au Sud et Sud-Est du Tchad à savoir le Moyen Chari (camp de Belom), le Logone Oriental (camps d’Amboko, Dosseye et Gondje), le Salamat (Koye). Les tensions politiques, ethniques et religieuses survenues depuis 2013 ont poussé de nouvelles personnes à fuir leur pays. Selon les chiffres de l’UNHCR datant de juillet 2017, le nombre de réfugiés centrafricains était estimé à près de 60 000 personnes. A cela, il faut ajouter quelques 10 000 autres réfugiés résidents dans les villages hôtes du sud du pays.
Dans le même temps, ces régions du sud du Tchad ont accueilli depuis 2013 près de 75 0001 Tchadiens retournés de Centrafrique. Au total, les zone du sud du pays ont vu leurs populations croitre de près de 145 000 personnes en déplacement. Cette augmentation a entrainé une forte pression sur les ressources naturelles de la zone et sur l’accès aux terre cultivables.
Le Gouvernement du Tchad, avec l’appui de ses partenaires (entres autres l’UNHCR, l’UNICEF, le FNUAP) a installé ces personnes en situation de déplacement dans les camps et dans des sites.
Plusieurs sites et camps ont pu bénéficier d’aménagements adéquats (services sociaux de base) pour faciliter l’existence des personnes affectées. Pour ce qui concerne l’assistance alimentaire, elle est fournie par le PAM et ses partenaires. Depuis le début de l’année 2017, l’assistance alimentaire est fournie sous forme de transferts monétaires pour les ménages réfugiés les plus vulnérables. Les retournés quant à eux, reçoivent l’assistance alimentaire du PAM à travers distribution de coupons alimentaire échangés lors des foires organisées dans les sites de retournés par des commerçants contractés par le PAM. Par ailleurs, le Gouvernement appuyé par la FAO et d’autres organisations apportent un appui à ces retournés et réfugiés pour le renforcement de leurs moyens d’existence et l’amélioration de leurs situations socioéconomiques.
Pour les retournés, Le Gouvernement a élaboré en 2015 un « Plan de Réponse Globale à moyen terme pour favoriser la réinsertion socioéconomique des retournés tchadiens de la RCA ». Le plan couvre la période 2016-2019 et est estimé à 151 milliards de FCFA (environ 275 millions USD). La crise économique survenue quelques mois plus tard suite à la baisse du prix du baril du pétrole n’a pas permis de mobiliser les ressources pour le financement de ce plan. Par manque de ressources financières, certaines ONG et agences des Nations Unie se sont progressivement retirés des sites de retournés à partir de mi 2015 et la situation a continué à s’aggraver depuis lors. A titre d’illustration, le nombre d’acteurs humanitaires intervenant dans le Moyen Chari a diminué de moitié entre 2014 et 2016.
De façon globale, les interventions humanitaires souffrent depuis plusieurs années de sousfinancement et ceci pour différentes raisons :
• Le caractère chronique de certaines crises pose la question de la pertinence des formes d’interventions qui ont été traditionnellement utilisées
• Les crises majeures qui sont survenues dans d’autres parties du monde ont entrainé une réorientation des priorités des donateurs
• La nécessité de renforcer la durabilité des interventions humanitaires en les inscrivant dans une dynamique de renforcement de la résilience des bénéficiaires en mettant l’accent sur une interconnexion avec les programmes de développement.
Dans ce contexte de sous-financement généralisé, la HCT a décidé de concentrer le financement reçu du CERF-UFE 2018 sur les priorités des réfugiés, retournés et population du Sud du Tchad afin de maximiser l’impact de cette allocation à travers deux axes stratégiques :
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Répondre aux besoins urgents engendrés par la crise centrafricaine au Sud du Tchad dans un contexte de désengagement des partenaires humanitaires, faute de financements.
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Soutenir les services aériens d’UNHAS afin de maintenir les opérations pour les prochains mois afin de maintenir l’accès humanitaires dans les zones reculées du pays et affectées par des crises.
Pour ce qui concerne le premier axe stratégique, il a été retenu d’une part d’améliorer le fonctionnement des services essentielles de base (santé, assistance nutritionnelles, éducation…) et d’autre part de mettre en place un programme de transfert monétaire à usages multiples (Multipurpose Cash-MCP) pour les secteurs prioritaires qui ont été identifiés : sécurité alimentaire, santé/nutrition, éducation, protection et abris.
La présente étude de faisabilité s’inscrit donc dans le cadre de ce financement CERF et dans l’optique de mise en place de ce programme conjoint multisectoriel de transfert monétaire à usages multiples.