APERÇU DE LA CRISE
Quatre crises majeures affectent directement 4,3 millions de personnes au Tchad ayant besoin d’une assistance humanitaire et de solutions durables dont plus de la moitié sont des femmes.
Le Tchad fait face depuis plusieurs décennies à des défis structurels de développement, une pauvreté chronique et à des chocs successifs dans diverses parties du pays qui exposent les populations à des crises humanitaires récurrentes, exacerbant leurs vulnérabilités et affectant leur capacité de résilience.
L’extrême pauvreté et les inégalités, l’accès limité aux services de base, la dégradation de l’environnement, le changement climatique et la croissance démographique (une des plus rapides au monde) plus rapide que la croissance économique et le progrès agricole, auxquels se rajoutent les chocs venus des pays voisins, expliquent en partie la persistance des situations humanitaires dans le pays.
Le chiffre de 4,3 millions de personnes dans le besoin d’assistance humanitaire au Tchad reflète l’ampleur des vulnérabilités dans l’ensemble du pays. Il illustre également l’étendue des défis pour trouver des solutions durables pour l’avenir de toutes ces personnes. La communauté humanitaire n’est capable de cibler qu’1,5 million de ces personnes dans le besoin.
Ce ciblage se fait sur base des seuils d’urgence, en faveur des personnes les plus vulnérables dont la vie serait menacée sans assistance humanitaire immédiate. De nouvelles vulnérabilités apparaissent chaque année ou sont renouvelée par manque d’investissement dans des solutions durables, par manque d’acteurs et de financements de développement pour répondre aux causes profondes créatrices de besoins humanitaires. La complexification et l’imbrication des crises au Tchad obligent à dépasser la dichotomie classique entre urgence et développement.
Dans cette optique, la communauté humanitaire travaille avec les acteurs de développement et le Gouvernement afin de mieux articuler la transition dans certaines zones et d’encourager les interventions humanitaires conjointes et intégrées dans les mêmes espaces géographiques en complé-mentarité avec celles des acteurs de développement de sorte à garantir un continuum pour maximiser l’impact des ressources disponibles. Cet alignement est recherché notamment entre le Plan de réponse humanitaire (HRP) et le Plan cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF) et via le développement de stratégies communes humanitaire-développement dans certaines zones de pays (région du Lac, retournés de RCA au sud, etc.). En 2016, cette harmonisation et l’alignement des zones d’intervention, la recherche de solutions durables, la programmation de résilience et la complémentarité des approches humanitaire-développement permettront de développer un Plan de réponse humanitaire pour 2017 plus centré sur les besoins urgents et life-saving.
Crise alimentaire et nutritionnelle
Plus de 4,3 millions de personnes sont affectées par l’insécurité alimentaire parmi lesquelles 1 052 000 sont en insécurité alimentaire sévère et ont besoin d’une assistance d’urgence dans les prochains mois. A cela s’ajoutent 403 000 réfugiés et 93 000 retournés qui sont dans un besoin d’assistance alimentaire.
La campagne agropastorale 2015/2016 a connu un démarrage tardif dans l’ensemble du pays suite à une perturbation de la pluviométrie (installation tardive, séquences sèches et arrêt précoce). Compte tenu de la baisse des productions agropastorales, la hausse localisée des prix des céréales et la détérioration des termes de l’échange bétail/céréales, l’accès alimentaire sera plus difficile notamment pour les ménages pauvres . Malgré l’assistance alimentaire d’urgence en cours, la population souffrant de la faim risque d’atteindre des proportions alarmantes si des moyens supplémentaires ne sont pas mobilisés.
La situation nutritionnelle continue d’être préoccupante avec une prévision de plus de 410 000 cas de malnutrition aigüe globale, dont 216 000 cas modérés et 194 000 cas sévères. En outre, sur la base des résultats de dépistages de la malnutrition aigüe organisés dans les régions de Barh El Gazal, Kanem,
Sila, Lac, et Guera depuis janvier 2016 et portant sur 230 706 enfants de moins de cinq ans, les tendances montrent une détérioration de la situation nutritionnelle avec une augmentation d’environ 25% des cas de malnutrition aigüe sévère comparativement aux prévisions établies fin 2015, notamment dans trois régions: le Kanem, le Barh el Gazel et le Lac.
Mouvements de populations
Plus de 591 000 personnes sont directement affectées par les mouvements de population incluant les réfugiés (403 000), les personnes déplacées internes (94 000), les retournés (93 000) et les ressortissant des pays tiers (605) soit une réduction de 10% comparée aux estimations de janvier 2015. Le HCR a finalisé en janvier 2016, le processus d’enregistrement biométrique des réfugiés au Tchad commencé en 2015. Le nombre total de réfugiés s’élevait à 372 438 personnes au 31 décembre 2015, représentant une baisse de près de 100 000 personnes par rapport aux chiffres officiels à la même période l’année dernière (464 572 réfugiés au 31 décembre 2014). Les conditions sécuritaires dans leurs pays d’origine et dans la région du Lac n’offrent pas de perspectives de retour immédiat.
Les réfugiés soudanais (304 125) et centrafricains (83 390) arrivés depuis plusieurs années ainsi que les retournés de la RCA (83 000) ont besoin de solutions durables pour leur autonomisation et intégration. La présence de personnes en déplacement constitue une pression supplémentaire sur les services sociaux de base et les moyens de subsistance des communautés hôtes, estimées à 638 000 , déjà insuffisants pour répondre à leurs besoins, les plaçant ainsi dans une situation de vulnérabilité préoccupante.
Urgences sanitaires
La situation sanitaire est caractérisée par la prévalence de maladies à potentiel épidémique, en particulier le choléra, la méningite et la rougeole et d’autres maladies comme le paludisme, en raison de la faible couverture vaccinale et de la faiblesse des infrastructures hydrauliques et sanitaires. En avril 2016, sept districts sanitaires connaissaient des cas de rougeole (543 cas suspectés et 68 confirmés depuis le début de l’année). La forte prévalence des maladies à potentiel épidémique entraîne une morbidité et mortalité accrues parmi la population, particulièrement chez les enfants de moins de 5 ans. Le taux élevé de mortalité maternelle estimé en 2015 à 860 pour 100 000 naissances vivantes demeure une préoccupation et une priorité dans tout le pays et nécessite une attention particulière. Par ailleurs, le retrait progressif des acteurs de santé dans les sites de retournés de RCA au sud du pays, en raison du manque de ressources financières, expose les retournés et les populations autochtones à un risque sanitaire (absence de vaccinations des nouveaux nés, éclosion d’épidémies, hausse de la prévalence du VIH/SIDA, augmentation des taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans). Des solutions durables doivent être trouvées conjointement avec le Gouvernement pour assurer l’accès aux soins de santé.
Catastrophes naturelles
Des catastrophes naturelles récurrentes affectent régulièrement le Tchad, principalement les inondations et les sécheresses, et rendent plus vulnérables des populations vivant déjà dans la précarité. Les catastrophes naturelles pourraient toucher jusqu’à 2,7 millions de personnes. Avec l’arrivée de la saison des pluies (juin/septembre) et le risque d’inondations, la prévalence des maladies d’origine hydrique, liées au faible accès à l’eau potable et à l’assainissement, demeure importante.
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