INTRODUCTION
La Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre est un document qui a été élaboré en 2011 selon une méthodologie participative en impliquant les institutions publiques, le secteur privé, la société civile et les partenaires techniques et financiers.
Cette première génération de la SNVBG n’a pas été mise en œuvre de façon coordonnée, même si des actions de plaidoyer, de communication et de prise en charge des survivants ont été menées çà et là par les acteurs étatiques et non étatiques.
La révision de la SNVBG permet ainsi de mettre à jours les données devenues obsolètes, prendre en compte les efforts accomplis et les questions émergentes.
Contexte et justification
La population du Tchad, estimée à 15 692 969 en 20191 , est très jeune (âge médian de 15,8) et croit encore au rythme de 3.6% (selon les données du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 2009, malgré la baisse de la mortalité infanto-juvénile de 191‰ en 2004 à 119‰ en 20192 . Selon les estimations citées par la Banque Mondiale3 , plus de la moitié de la population (56 %) a un âge compris entre 3 et 24 ans et ce groupe atteindra 13,5 millions d’habitants d’ici 2030.
Avec un Indice Synthétique de Fécondité (ISF) de 6.4 en 2019, le Tchad n’est donc toujours pas entré dans sa transition démographique. Le taux d’alphabétisation des adultes est très bas (22.3%), l’indice de capital humain de 0,29, le plus faible du monde, signifie qu’un enfant qui naît au Tchad ne réalisera, à l’âge adulte, que 29% de son potentiel productif. Les résultats de de MICS 2019 indiquent que le Tchad présente un taux d’enregistrement des naissances parmi les plus faibles au monde avec seulement 25,7% des enfants de moins de 5 ans enregistrés à la naissance et 12,9% possédant un acte de naissance. On note encore des écarts selon les provinces : milieu urbain, la proportion des enfants enregistrés à la naissance est plus de deux fois plus importante qu’en milieu rural (50% contre 21%).
Partageant plus de 6.400 Km de frontières avec six pays (Cameroun, RCA, Niger, Nigeria, Libye, Soudan), dont plusieurs sont fragiles et/ou déstabilisés, le Tchad subit les conséquences désastreuses de la situation sécuritaire régionale. Le pays est impacté sur plusieurs côtés, avec au nord la crise libyenne et à l’ouest par les attaques armées menées par Boko Haram contre les pays du bassin du Lac Tchad, à l’est par la guerre du Darfour, commencé en 2003 et qui se poursuit malgré le dénouement de 21 ans de guerre civile au Soudan, opposant le gouvernement de Khartoum à la principale force rebelle du Sud, la SPLA (Sudan People's Liberation Movement Army) et la crise centrafricaine active depuis décembre 2012. L’armée Tchadienne est aussi engagée, loin de ses frontières, au Mali dans la guerre contre les Jihadistes. L’effort de financement de la guerre qui en découle contraint sévèrement l’allocation des dépenses publiques en justifiant une éviction de dépenses essentielles par l’urgence et la priorité de la sécurité.