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Chad

Projet 21 - TCHAD: Monitoring de protection - Rapport mensuel (Avril 2024)

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Contexte

Le Tchad partage certaines de ses frontières avec des pays en proie à des attaques terroristes, à diverses crises sociopolitiques et au manque d’opportunités économiques.

Dans la province du Lac notamment, les éléments des Groupes Armés Non Etatiques (GANE), de plus en plus actifs, ont accentué la vulnérabilité des populations déplacées de force et leurs communautés hôtes.

Au 30 avril 2024, le Tchad comptait 1 728 901 personnes en déplacement forcé, réparties comme suit :

  • 1 237 137 Réfugiés
  • 9 794 Demandeurs d’Asile
  • 215 928 Personnes Déplacées Internes (Lac)
  • 266 042 migrants retournés 1

En dépit des violations de droits humains enregistrées, le Tchad demeure un pays d’émigration et d’immigration.

Du 1er au 30 avril 2024, 643 incidents de protection ont été documentés, contre 491 en mars, soit une augmentation de 152 incidents. Les incidents par zone sont les suivants :

  • Lac : 319 incidents, soit 50,07% (270 en mars 2024)
  • Est : 192 incidents, soit 29,19% (129 en mars 2024)
  • Sud : 91 incidents, soit 14,28% (75 en mars 2024)
  • Ouest : 41 incidents, soit 6,43% (17 en mars 2024)

En outre, sur les six (6) derniers mois (novembre 2023 à avril 2024), le mois d’avril a connu le nombre le plus important d’incidents de protection avec 643 violations. Ceci pourrait se justifier par deux (02) facteurs, à savoir la persistance des violations de droits humains mais aussi la collecte plus régulière de celles-ci par les moniteurs de protection.

Ainsi donc, au regard des données du monitoring de Protection, l’on peut affirmer que l’environnement de protection s’est davantage dégradé en avril 2024 par rapport à mars 2024.

Les violations du droit à la vie et à l’intégrité physique constituent, une fois de plus, la première catégorie des incidents de protection avec 261 cas, contre 202 en mars 2024 (augmentation de 59 cas). Ensuite, les violations du droit à la propriété viennent en deuxième position avec 143 cas contre 81 en mars 2024 (augmentation de 62 cas). Les violences Basées sur le Genre sont en troisième position avec 110 cas, contre 74 en mars (augmentation de 36 cas). Ensuite, l’on a les violations du droit à la liberté avec 61 cas en avril contre 57 en mars 2024 (augmentation de 4 cas). Enfin, l’on a les violations graves contre les enfants avec 39 incidents contre 43 en mars (baisse de 6 cas).

Les principales victimes des incidents de la période sous revue ont été respectivement les personnes déplacées internes (220), les réfugiés (204) et la population hôte (192). Les retournés, (8), demandeurs d’asile (7), migrants économiques (7) et transhumants (5) ont été touchés mais dans une faible proportion.

En avril 2024, la tranche d’âge principalement touchée a été celle comprise entre 18 et 59 ans avec 35% de femmes et 50 % d’hommes. En mars 2024, c’était la même tranche d’âge avec 36% de femmes et 49% d’hommes et les enfants de 12 à 17 ans suivent toujours.

Du 1er au 31 mars 2024, les attaques des groupes armés non étatiques ont été en tête dans la catégorie ‘’évènements liés aux incidents’’ avec 29%. En avril 2024, ils figurent en deuxième position (24%), tandis que le banditisme/criminalité occupe la première place (26%). En troisième position, il y a le conflit conjugal (17% contre 19% en mars 2024). Les autres évènements à relever concernent le conflit communautaire (8% contre 4% en mars 2024), abus des Forces de Défense et de Sécurité (5% contre 6% en mars 2024), conflits liés aux ressources (5% contre 3% en mars 2024), etc.

Les lieux où se commettent les violations des droits humains sont des indications pouvant limiter le développement communautaire et l’épanouissement individuel. En effet, les sites/villages/camps représentent 29% des incidents (contre 36% en mars), les zones de pêche 16% (contre 14% en mars 2024), les domiciles 22% (contre 18% en mars 2024), hors du site/village 3% (contre 9% en mars 2024), en chemin 4% (identique en mars), aux points d’eau 3% (contre 4% en mars 2024). Il ressort de ces données qu’aucun endroit ne peut être considéré comme entièrement sécurisé. Contrairement au mois de février 2024 où des violations avaient été rapportées au niveau de quelques postes de contrôle tenus par les FDS, en mars et avril 2024, aucune donnée similaire n’a été rapportée.

Comme les mois/trimestres antérieurs, la région du Lac enregistre, à nouveau, le nombre le plus important d’incidents de protection (319/643, soit 49,6%). En termes de couverture géographique, c’est la zone la mieux surveillée par les moniteurs de protection (deux 02 superviseurs et quinze 15 moniteurs) puisque l’activisme des groupes armés non étatiques y est accentué.

Quant à la zone de l’Est, elle est couverte par 23 moniteurs et 5 superviseurs. La zone est vaste mais l’on y a enregistré 192 incidents/643, soit 29,8%.
La zone du Sud (91/643 incidents, soit 14,1%) est également assez bien couverte avec 25 moniteurs de protection et 2 superviseurs.

Enfin, l’Ouest est sous la surveillance de 7 moniteurs de protection et d’un superviseur et 41 incidents/643, soit 6,3% ont été documentés.

Vu les problématiques de protection et l’étendue du Tchad (1.284.000 km2), les 70 moniteurs de protection et 10 superviseurs sont une ressource humaine relativement faible pour assurer une collecte et une remontée optimales des cas de violations des droits humains.

Enfin, la faiblesse des financements pour les acteurs humanitaires est un facteur limitant la portée et l’efficacité du monitoring de protection.