RESUME
Les régions au sud du Tchad accueillent environ 100 000 réfugiés centrafricains et 45 000 retournés tchadiens ayant fui le conflit en République Centrafricaine (RCA) depuis 2013. Parmi les réfugiés, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en dénombre environ 21 000 arrivés depuis décembre 2017, suite à la reprise du conflit après une période de relative accalmie. La grande majorité des retournés et réfugiés se trouve aujourd’hui tout au long de la frontière entre le Tchad et la RCA, allant de la région du Logone Oriental jusqu’à celle du Salamat, en passant par le Moyen-Chari et le Mandoul.
Dans ce contexte, plusieurs questions se posent : quels sont les besoins humanitaires de ces populations qui ont fui la RCA ? Quelles sont leurs intentions de déplacement ? Quel a été l’impact de ces arrivées sur les besoins primaires et l’accès aux services de base des populations hôtes qui les accueillent ? Quels sont les enjeux de protection pour les différents groupes de population ? Observe-t-on des différences entre les types de localité ?
Etc. Malgré l’intérêt des acteurs humanitaires, le peu d’informations disponibles ne permet pas d’avoir une vision holistique de la situation, notamment en raison de la volatilité du contexte et de l’étendue de la zone touchée. Pour répondre à ce besoin, REACH a mené une évaluation multisectorielle dont la finalité était d’informer l’intervention humanitaire dans cette vaste zone d’accueil des populations déplacées de la RCA au Tchad.
La recherche a été guidée par trois axes – les dynamiques de déplacement, les besoins primaires et l’accès aux services de base, ainsi que les enjeux de protection – dans le but de faire ressortir les différences entre les trois groupes de populations (retournées, réfugiées et hôtes). Les données ont été collectées dans 171 localités (110 villages d’accueil, 5 camps, 6 sites et 50 villages n’accueillant pas de déplacés proches des camps et des sites), entre le 13 juin et le 21 juillet 2018, dans les régions du Logone Occidental, Logone Oriental, Moyen-Chari et Mandoul. Diverses méthodes ont été utilisées, dont des entretiens avec informateurs clés (IC), des groupes de discussion (GD)5 , ainsi que l’observation des infrastructures sociocommunautaires se trouvant dans ces localités.
Les résultats clés issus de cette évaluation sont présentés ci-dessous sous forme de réponses aux questions de recherche. Ils doivent être considérés comme étant indicatifs de la situation au moment de l’enquête dans les localités évaluées touchées par la crise de déplacement de la RCA.