Lieu de l'opération : TCHAD
Montant de la décision : 12,000,000 EUR
Numéro de référence de la décision : ECHO/TCD/BUD/2005/01000
Exposé des motifs
1 - Justification, besoins et population cible :
1.1. - Justification :
Début 2003, une crise politique et humanitaire majeure s'est déclenchée dans la région soudanaise du Grand Darfour à l'Ouest du Soudan alors que ce pays avait entamé une phase décisive dans les négociations visant à régler un autre conflit interne opposant le Nord et le Sud du pays.
La région du Darfour a de longue date été affectée par des conflits tribaux localisés exacerbés par la compétition entre agriculteurs et éleveurs nomades liée à la diminution des ressources naturelles dans un environnement en voie de désertification. Par ailleurs, évidente marginalisation socio-économique de Darfour, résultat d'une politique constante et délibérée des gouvernements soudanais successifs, a constitué un facteur de déstabilisation de cette région.
Dès le début de l'année 2003, la sécurité s'est fortement dégradée et la situation s'est transformée en guerre ouverte et généralisée avec l'émergence de groupes rebelles, principalement d'origine ethnique Zaghawa, Fur et Massalit, opposés au gouvernement soudanais appuyés par des milices arabes dénommés Janjaweed.
La situation politique et humanitaire au Darfour a ensuite continué à se dégrader, provoquant le déplacement interne de plus d'un million et demi de personnes depuis le début de la crise en février 2003. Celles-ci sont en proie à des attaques ciblées des milices arabes. Ces populations ont manqué, jusqu'au début 2004, de toute assistance humanitaire et de protection vu l'impossibilité pour les organisations humanitaires de se rendre dans la région à cause des conditions de sécurité extrêmement volatiles. A présent, l'aide extérieure, notamment celle de la Commission Européenne (CE), atteint la grande majorité des personnes déplacées au Soudan. L'aide totale apportée par la CE à la crise du Darfour y compris aux réfugiés soudanais au Tchad depuis le début de la crise s'élève à 213 M EUR, dont 86 M EUR via ECHO (72 M EUR au Darfour et 14 M EUR au Tchad).
Entre avril 2003 et février 2004, les combats ainsi que les attaques dirigées contre les civils du Darfour, notamment des bombardements aériens, ont également provoqué l'afflux de réfugiés soudanais dans le nord-est du pays voisin, le Tchad, dans les régions du BET (Bourkou-Ennedi-Tibesti), du Biltine et du Ouaddaï qui sont frontalières avec le Soudan sur un axe Nord-Sud de 500 Kms.
Dans un premier temps, les réfugiés ont installé des campements provisoires à proximité immédiate de la frontière sur des sites proches de villes et de villages tchadiens o=F9 des points d'eau étaient accessibles (Bahaï et Bamina dans la région du BET ; Iriba, Birak, Tiné et Adré dans la région de Biltine ; Adé, Daguessa, Haraza et Tissi dans la région du Ouaddaï).
En 2003 et début 2004, une assistance d'urgence a été délivrée aux réfugiés sur ces sites le temps que le HCR (Haute Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) et ses partenaires mettent en place des camps distants d'au moins 50 Kms de la frontière. Le processus de transfert des réfugiés a commencé en janvier 2004 dès l'ouverture du premier camp, celui de Farchana.
Au 31 janvier 2005, le nombre de camps de réfugiés ouverts est de 11 dont 1 dans la région du BET (Ouré Cassoni); 5 dans la région de Biltine (Iridimi, Toulloum, Amenabak, Kounoungo et Mile) et 5 dans la région du Ouaddaï (Farchana, Bredjing, Treguine, Goz Amer et Djabal) accueillant en total 213.314 réfugiés.
L'identification de sites pour l'installation de nouveaux camps est en cours. Ces futurs sites, dans les régions du BET, de Biltine et du Ouaddaï, devront accueillir les réfugiés du camp d'Ouré Cassoni, jugé trop proche de la frontière, ainsi que ceux du camp d'Amenabak o=F9 les ressources en eau sont inexistantes. Ils permettront également de désengorger les camps o=F9 les ressources en eau vont en diminuant comme à Iridimi et Farchana.
Ces futurs camps permettront aussi l'accueil de potentiels nouveaux réfugiés du Darfour qui pourraient se rendre au Tchad en raison d'une nouvelle dégradation de conditions de sécurité ou poussés par la faim. Un plan de contingence pour l'accueil de 100.000 réfugiés supplémentaires est en cours de finalisation par les agences des Nations Unies et les ONG.
Le Tchad accueille les réfugiés mais a agi également comme médiateur entre les parties soudanaises au conflit. La communauté internationale s'implique également pour atténuer la crise humanitaire et tenter de régler le conflit au Darfour en faisant pression sur les parties et principalement sur le gouvernement soudanais. La récente signature de l'accord de paix global (9 janvier 2005) avec le SPLM/A (Sudanese People's Liberation Mouvement/Army) visant à régler le très ancien conflit soudanais Nord-Sud pourrait présenter, pour les autorités soudanaises, une opportunité de concentrer son attention sur le conflit du Darfour. Ceci afin de trouver une solution durable pour la cessation des hostilités dans la région, soit par la négociation, soit par la force en redéployant au Darfour les moyens militaires rendus disponibles suite aux accords de paix signés avec le SPLM/A.
Les négociations entre les parties au conflit au Darfour devraient se poursuivre et la situation humanitaire s'améliorer mais il est peu probable que le conflit se résolve dans un avenir très proche suite à des fréquent violations du cessez le feu et une marginalisation de certains mouvements rebelles. Le rapatriement vers le Soudan des réfugiés au Tchad n'est donc pas envisagé à court terme.
Il convient de signaler que le Tchad a déjà accueilli, en 1998, approximativement 15.000 réfugiés du Darfour dans la région du Ouaddaï. Une aide humanitaire a alors été fournie principalement autour de la zone d'Adré et avait cessé suite à l'amélioration des conditions de sécurité dans le Darfour en 2000.
Par ailleurs, il convient de signaler que le Tchad accueille également 30.000 réfugiés de la République Centrafricaine au sud du pays dans les régions du Logone Oriental et du Moyen Chari, distantes d'environ 600 Kms des régions d'accueil des réfugiés soudanais du Darfour. Ces réfugiés centre-africains sont installés dans les camps de Amboko (13.738 personnes) et de Yaroungu (13.199 personnes). Le HCR estime qu'environ 3.063 réfugiés sont installés le long de la frontière, hors de ces deux camps. La présente décision ne vise toutefois pas l'assistance à ce dernier groupe de réfugiés.