Située au cœur du continent africain, la RCA appelée aussi Centrafrique est un vaste pays couvrant une superficie de 623.000 km². Elle est entourée par le Cameroun à l'ouest, le Tchad au nord, le Soudan et le Soudan du Sud à l'est, la République Démocratique du Congo et la République du Congo au sud. La population de la RCA est estimée à plus de 6 millions de personnes inégalement réparties sur le territoire national.
Ce pays a connu une succession de crises politiques et militaires depuis plusieurs décennies. Ces crises à répétition ont entraîné des violations massives des droits de l’homme et du droit international humanitaire, l’affaiblissement de l’autorité de l’État, la destruction des biens et équipements publics et privés, le dérèglement des services sociaux de base et plus particulièrement le déplacement forcé et massif de populations tant à l’intérieur du territoire national qu’à l’extérieur notamment dans les pays limitrophes. En effet, entre 2017 et 2018, on a estimé le nombre de personnes en déplacements forcés liés aux conflits en RCA à 1.230.000.
C’est dans ce contexte que le gouvernement centrafricain s’est engagé dans l’élaboration, l’adoption et la mise en œuvre de la première Stratégie Nationale des Solutions Durables pour les déplacés internes et les réfugiés de retour en République Centrafricaine (2018 – 2021). Cet engagement du gouvernement centrafricain s’inscrivait dans sa réelle volonté d’agir pour le retour et la réintégration des personnes déplacées internes ainsi que des réfugiés centrafricains en exil.
C’est ainsi que dans le cadre de la mise en œuvre de cette première Stratégie Nationale des Solutions Durables, la prise en compte des activités de réintégration et des solutions durables comme un engagement fédérateur et intégrateur de l'opérationnalisation du Nexus « humanitaire - développement – paix » ; l’inclusion des orientations du HRP 2018 en RCA et la synergie développée avec le plan national de relèvement précoce et le cadre d'action de consolidation de la paix ; a permis d’aboutir à des réalisations majeures.
De 2016 à 2022, d’une manière générale, il est à noter que plus de 26 milliers de ménages pour plus de 130 milliers de personnes déplacées internes vivant sur les sites à Bangui et dans les villes des provinces ont regagné leurs lieux de résidence d’origine, relocalisées ou réintégrées localement. Ces différents retours des PDIs et des réfugiés et la signature en février 2019 de l’APPR entre le gouvernement et 14 des groupes armés du pays ont suscité un grand optimisme quant à l’amélioration de l’environnement sécuritaire, de protection et de réintégration dans les localités d’origine des déplacés internes et des réfugiés centrafricains.
Ce qui a fait émerger l’idée de la mise à jour de la première Stratégie Nationale des Solutions Durables qui était arrivée à terme en 2021 afin de pouvoir répondre de manière coordonnée, efficace et efficiente aux besoins holistiques de ces derniers à travers des actions claires et durables.
En effet, depuis l’année 2019, des engagements politiques forts pour parvenir à des solutions durables pour les communautés affectées par le déplacement sont donc validés par un leadership accru des autorités centrafricaines nationales et locales au niveau normatif, institutionnel et opérationnel. L'inclusion de l'agenda des solutions durables dans les plans de développement, par exemple, a fait évoluer le cadre institutionnel centrafricain. L'ancrage des solutions durables dans les priorités de développement social de la RCA a également créé un environnement favorable qui peut soutenir plus des solutions durables innovantes. Aussi, la priorité accordée au travail sur le déplacement interne est une priorité stratégique immédiate pour l'engagement du gouvernement à réduire la pauvreté. Globalement, ce niveau de soutien du gouvernement augmente fortement la probabilité que les interventions de solutions durables aient un impact à grande échelle. En outre, les priorités nationales de l’UNSDCF (2023- 2027), le cadre global de réponse aux réfugiés (CRRF)/PMR, la Déclaration de Yaoundé dont la mise en œuvre s’est faite à travers le lancement officiel et l’opérationnalisation de la plateforme d’appui aux solutions en faveur des personnes affectées par la crise centrafricaine soulignent la nécessité d'un cadre renforcé pour l'intégration et la coopération régionales et internationales en matière de solutions durables.
De tout ce qui précède, l’objectif principal de la révision de la Stratégie Nationale des Solutions Durables est d’orienter la mise en œuvre des solutions librement consenties par les personnes déplacées et les rapatriées ; de relancer les actions de base de développement tout en ciblant des interventions dans les zones de retour et de relocalisation des populations ayant des besoins spécifiques ; de soutenir l’effort de coordination du gouvernement et de répondre de façon efficace aux besoins spécifiques des populations affectées par les mouvements de déplacements forcés quel que soit leur statut dans le cadre d’une approche basée sur la zone.
Cette stratégie révisée devrait ouvrir la voie à la réalisation progressive d'un environnement favorable dans lequel les populations affectées, y compris les PDI, les rapatriés et les communautés d'accueil vulnérables, peuvent progressivement accéder à des solutions durables de manière équitable et non discriminatoire.
Revue par le gouvernement centrafricain en étroite collaboration avec les agences du Système des Nations Unies, notamment le PNUD et le HCR, et l’ensemble des acteurs humanitaires du pays, cette stratégie prend en compte les recommandations concernant le retour et la réintégration des déplacés internes et des réfugiés centrafricains en exil émanant du Forum National de Bangui, de l’APPR, du Dialogue Républicain, des orientations du HRP 2023 et est en synergie avec la stratégie de RESA. Elle se fonde juridiquement sur de nombreux textes dont :
- La décision du Secrétaire Général des Nations Unies du 4 octobre 2011 sur les solutions durables ;
- Les principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays du 11 février 1998 ;
- Les principes concernant la restitution des logements et des biens dans le cas des réfugiés et des personnes déplacées, adoptés sans vote à Genève le 11 août 2005 dans la résolution 2005/21 par la Sous-commission de la promotion et de la protection des droits de l’homme, plus connus sous le nom de "Principes de Pinheiro” ;
- La convention de l’Union Africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique du 22 octobre 2009, dite convention de Kampala et la convention de l’Organisation de l’Union Africaine régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique du 10 septembre 1969.
Cette stratégie revue repose aussi sur une série d’engagements que devraient respecter les acteurs dans leurs interventions dans la recherche des solutions durables. Ces acteurs devraient s’assurer que le processus de mise en œuvre des solutions durables soit conduit au niveau national et local sous la tutelle du gouvernement centrafricain et être soutenues par l’ensemble de la communauté internationale.
Basée sur une approche inclusive et participative, la stratégie revue, prend en compte les droits, les besoins et les intérêts des déplacés internes et des rapatriés, y compris l’âge, le genre et la diversité, ainsi que la particularité de certains groupes spécifiques tels que les minorités ethniques et religieuses, les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes vivant avec le VIH/SIDA ou avec d’autres handicaps. En outre, la population hôte n’est pas exclue de l’assistance matérielle apportée aux déplacés internes et aux réfugiés de retour d’exil.
Elle prend aussi en compte le principe "ne pas nuire" afin de ne pas exposer les déplacés internes et rapatriés à la vengeance et aux risques contre leur intégrité physique et morale ou à une situation de discrimination dans l’accès à l’assistance et à la propriété ou à la jouissance de nombreux droits et en particulier au droit à la jouissance des ressources naturelles (forêts, pâturages, eau, espaces maritimes pour la pêche, etc.)
Il va sans dire qu’il est indispensable, dans le cadre de la mise en œuvre des solutions durables, que les activités de stabilisation, de relèvement et de développement soient considérées comme préalables pour la réussite des programmes humains durables et efficaces, d’où le Nexus « humanitaire – développement – paix »
Pour une meilleure lecture et compréhension de cette révision de la stratégie nationale des solutions durables pour les déplacés et les rapatriés en République centrafricaine, il importe de mettre en relief : i) le contexte opérationnel par secteur ministériel ; iii) la vision, les objectifs et les axes stratégiques prioritaires d’action ; iv) les options des solutions durables en RCA ; v) les conditions de mise en œuvre des solutions durables en République Centrafricaine ; vi) les différentes approches pour la mise en œuvre des solutions durables ; vii) l’intervention dans le cadre des activités de relèvement en vue du soutien aux solutions durables ; viii) la coordination de la mise en œuvre des solutions durables ; ix) plan de mise en œuvre de la stratégie national des solutions durables (2024-2028) et, enfin x) la conclusion.