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République centrafricaine : Aperçu des besoins humanitaires (novembre 2022)

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Contexte de la crise

Une décennie après la crise militaro-politique de 2013 ayant conduit au renversement du pouvoir en place, la République centrafricaine (RCA) n’a pas encore bénéficié des dividendes de la paix et d’un développement durable. Près des trois quarts des Centrafricains vivent sous le seuil de pauvreté dans un pays où les taux abyssaux de mortalité maternelle et infantile côtoient des proportions élevées d’analphabétisme et de mariages précoces. Alors que le pays se remettait lentement de l’impact de la COVID-19, les conséquences de la guerre en Ukraine ont pesé lourdement sur le quotidien d’une population épuisée par des affrontements armés à répétition, accompagnés de graves violations des droits de l’homme.

Démographie et facteurs socio-culturels

Caractéristiques principales et répartition

La population de la RCA a augmenté de 56% depuis le dernier recensement de 2003. En préparation au recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) prévu en 2023, l’exercice de cartographie censitaire a été mené fin 2021 par l’Institut centrafricain des statistiques et des études économiques et sociales (ICASEES). Selon ses résultats publiés en mars 2022, la population Centrafricaine est estimée à 6,09 millions

de personnes, sans compter 720 000 réfugiés vivant à l’étranger. Cette cartographie pour des raisons sécuritaires n’a couvert que 75% du territoire accessible. La démographie des 25% du territoire restants a reposé sur les projections de l’ICASEES de 2022 en se basant sur le recensement de 2003.

Les préfectures de l’Ombella M’poko, Bangui et la Ouaka sont parmi les plus peuplées, concentrant 35% de la population totale du pays. Avec un taux de fertilité de 6,4% (2019), la densité de la population en RCA est passée de 6,2 à 9,7 habitants au km2 en 20 ans, pour un taux d’urbanisation de 42,5% . Les femmes représentent 51% de la population totale, et les hommes 49%

  • La population est jeune, 78% d’entre elle ayant moins de 35 ans et 50 % moins de 18 ans .

Les personnes âgées de plus de 59 ans constituent à peine 4,6% de l’ensemble de la population.

Diversité et vulnérabilités sociales Discriminations et vulnérabilités : l’envers de la même pièce. Même si un ménage sur deux est dirigé par une femme , et malgré l’adoption en 2016 de la loi sur la parité de genre, la RCA figure dans la catégorie des pays où le niveau d’égalité femmes-hommes est au plus bas selon l’Indice de développement humain axé sur les égalités (0672)

  • Bien que la loi sur la parité requière un quota minimum de 35% des femmes dans les instances de prise de décisions à caractère nominatif et électif d’ici 2026, la RCA est loin de l’atteindre.

La proportion de femmes à l’Assemblée nationale est à peine de 13%

  • Les femmes constituent 9,8% du corps des magistrats, et 5% du corps des avocats. Les discriminations se traduisent dans tous les aspects de la vie quotidienne. Dans le système bancaire national, 10% seulement des comptes présents dans les institutions financières centrafricaines appartiennent aux femmes de plus de 15 ans

  • La différence de traitement salarial est de 40.6% entre hommes et femmes.

Si environ 36% des jeunes centrafricains âgés de 15 à 24 ans sont alphabétisés, plus d’hommes que de femmes le sont, soit respectivement 50% contre 31%

Dans certaines localités reculées du nord-est, comme à Sam-Ouandja où la présence des groupes armés et les difficultés d’accès physique ont maintenu la population dans un profond isolement, le taux d’analphabétisation des femmes et des filles est estimé à 90%. Le taux de fertilité chez les adolescentes est de 189/1 000 et seules 7,6% des filles âgées de 15 à 19 ans et 14,6% de celles âgées de 20 à 24 ans ont accès à un moyen de contraceptrion.

Moins éduquées et plus pauvres que les hommes, les jeunes filles subissent d’avantage les mariages précoces.

Quelque 5% de jeunes hommes âgés de 20 à 24 ans ont été mariés avant l’âge de 15 ans, proportion qui atteint 26% chez les jeunes filles. Le lien entre déscolarisation et mariage précoce est bien établi puisque seuls 17% des femmes mariées avant 15 ans sont alphabétisées tandis que 58% cent des femmes qui n’ont pas subi de mariage précoce le sont.

La prévalence de pratiques néfastes est alarmante. Bien que certaines d’entre elles soient interdites par la loi, comme les Mutilations Génitales Féminines (MGF), d’autres sont permises dans certaines circonstances.

La prévalence des MGF chez les femmes âgées de 15 à 49 ans est de 22% . L’étude effectuée par ONU Femmes sur les lois discriminatoires à l’égard des femmes met en évidence certaines faiblesses du cadre légal centrafricain. Il s’agit particulièrement de la non-conformité de certains textes nationaux avec les instruments juridiques internationaux, permettant notamment le mariage des enfants sur autorisation parentale (article 211 du code de la famille). Également, le code pénal criminalise (article 149) la sorcellerie et le charlatanisme sans les définir, posant ainsi le problème de la preuve de tels actes ou de la valeur des témoignages. Selon les acteurs de monitoring de protection, les violences liées aux accusations de sorcellerie font partie des risques importants de protection. Au deuxième trimestre 2022, 40 incidents, soit 2% des incidents signalés, étaient liés aux accusations de sorcellerie.

Les personnes handicapées constituent une catégorie de population particulièrement exposée aux discriminations. Si l’OMS estime qu’elles représentent environ 15% de la population mondiale, il est fortement probable que ce pourcentage soit beaucoup plus élevé en RCA qui connait des situations de conflit à répétition et où le manque de services de santé reproductive ne permet pas de prévenir les handicaps congénitaux ou ceux liés à l’accouchement. Lors de catastrophes, le taux de mortalité des personnes handicapées est deux à quatre fois plus élevé que celui des personnes non handicapées. La RCA a ratifié en 2006 la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées (CDPH) et son protocole additionnel, mais sa mise en œuvre n’est pas encore effective. Ainsi, 31% des personnes handicapées interrogées expliquent faire face à des situations de discrimination liées à leur handicap.

Souvent exclus des systèmes éducatifs, les enfants handicapés en âge d’être scolarisés vivant dans un contexte de crise n’ont quasiment pas accès aux salles de classe. En RCA, 73,8% des personnes handicapées interrogées ne savent pas lire et écrire.

Discriminations ethniques. Considérés comme les plus anciens habitants de la Centrafrique, les droits des pygmées Aka, dont le nombre est estimé à 5 000, principalement dans la réserve spéciale de Dzanga-Sangha, sont protégés par divers textes internationaux et nationaux. Dans la pratique, ce peuple aux coutumes millénaires continue de subir de multiples discriminations. Ils sont couramment exploités à des fins économiques, victimes de violations des droits de l’homme et considérés comme des citoyens de deuxième catégorie.

Des taux de mortalités infantile et maternelle parmi les plus élevés au monde. Le taux de mortalité infantile est le cinquième le plus élevé au monde, avec 103 décès pour 1 000 enfants avant l’âge de cinq ans.

Le taux de mortalité maternelle est également le cinquième le plus élevé au monde avec 829 décès pour 100 000 naissances vivantes. Seuls 42,9% des naissances sont assistées par un personnel de santé et parmi les 59 structures de soins obstétricaux et néonataux d’urgence complets (SONUC) dont le pays a besoin, seulement 17 sont fonctionnelles. Le taux de fertilité est de 6.4 enfants par femme et les besoins non satisfaits en planification familiale sont de 36% pour toutes les femmes, avec seulement quatre naissances sur dix enregistrées dans les registres d’état civil.

L'accès aux visites prénatales est de 52% seulement tandis que l'accès aux visites post natales est de 58.6 % seulement. Il existe une forte disparité entre milieu urbain et rural, 93% des sages femmes travaillant en milieu urbain et 7% en milieu rural où vit 60% de la population de RCA.

Le taux d’inscription dans les registres d’état civil des enfants de moins de 5 ans des milieux urbains ou ruraux sont respectivement de 68 et 35%. L’espérance de vie est en moyenne de 53,3 ans, bien en deçà de la moyenne des pays à faible indice de développement humain (61 ans) et de la sous-région sub-saharienne (60 ans).

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