BANGUI, 13 juin 2007 - Le meurtre d'une volontaire française de Médecins sans frontières dans le nord-ouest de la République Centrafricaine (RCA) a contraint des organisations non gouvernementales à suspendre leurs opérations dans la région, selon certaines sources.
Elsa Serfass, 27 ans, a été touchée par des tirs contre le véhicule à bord duquel elle circulait, alors qu'elle se rendait le 11 juin dans le nord-ouest de la RCA pour y effectuer une mission d'évaluation. C'était sa première mission avec MSF-France, en tant que logisticienne à Paoua.
« Après l'attaque lancée le 30 mai par la rébellion sur la ville N'Gaoundal et les violentes représailles du gouvernement, MSF avait décidé de mener une mission d'évaluation après avoir été informée des conditions sanitaires catastrophiques qui prévalaient dans la région », a indiqué l'organisation dans un communiqué. « Au cours de cette mission, notre véhicule a été touché par des tirs et Elsa a été blessée mortellement ».
Suite à cet incident, MSF-France et plusieurs autres organisations, dont le Comité internationale de la Croix-Rouge (CICR), ont décidé de suspendre provisoirement leurs opérations à Paoua, ont indiqué des sources à Bangui, la capitale de la RCA.
« La mort tragique de Elsa Serfass est un choc terrible pour MSF et nous déplorons sa perte », a fait remarquer l'ONG française. « Toutes nos pensées vont à sa famille et ses amis ».
A Bangui, certaines sources ont attribué la responsabilité de l'attaque aux rebelles de l'Armée populaire pour la restauration de la république et de la démocratie (APRD), un mouvement qui combat les troupes gouvernementales dans la région.
La rébellion qui lutte contre le pouvoir du président François Bozizé, a accusé ce dernier du renversement en mars 2003 d'un régime démocratiquement élu, de détournement de deniers publics et d'actes tendant à diviser la nation.
L'insurrection a semé la désolation au sein de la population civile de la région et est responsable de l'escalade de l'insécurité ces cinq dernières années ; une situation causée par la rébellion armée et la prolifération des coupeurs de routes, appelés Zaraguinas.
Selon MSF, la population locale a été la cible de violences systématiques et bon nombre de villages de la région ont été attaqués, pillés et incendiés, forçant leurs habitants à s'enfuir pour se cacher dans la brousse.
En mai, la Cooperazione Internazionale (COOPI), une organisation caritative italienne, a suspendu ses activités à Bozoum, dans la préfecture d'Ouham Pendé, après l'enlèvement de deux agents sanitaires. L'ONG est présente à Bozoum, Bocaranga et Ngaoundai, des localités qui comptent ensemble entre 150 000 et 200 000 habitants.
Selon les Nations Unies, en 2006, près de 300 000 personnes ont fui les violences en RCA.
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