La situation sécuritaire dans l'arrière pays est de plus en plus préoccupante. Situation précaire, situation dangereuse pour tout le monde : les paysans, les transporteurs les commerçants, les éleveurs, les organisations humanitaires ou internationales, les représentants de l'autorité centrale...
L'arc de cercle qui va du Nord Ouest vers le Nord Est (Ngaoundaye, Bacaranga, Bozoum, Paoua, Markounda, Kabo, Kaga-Bandoro, Mbrès, Ndélé, Sam-Ouandja, Birao...) reste le plus dangereux avec son lot de coupeurs de route, des bandes armées parfois non identifiées, des braconniers et mouvements rebelles (APRD, UFDR) opposés au régime de Bangui. Mais on aurait totalement tort de croire que tout va bien dans le reste du pays et même dans la capitale Bangui.
En effet, en dessous de cet arc de cercle qui va du Nord Ouest au Nord est, des régions entières sont menacées par des bandes armées hétéroclites. Il en va ainsi des régions de l'Ombella M'poko, de la Kemo ou de la Ouaka si l'on n'exagère pas. Les localités de Dékoa et de Sibut sont dans la ligne de mire des coupeurs de route , des bandes armées et même des groupuscules rebelles qui procèdent par harcèlements meurtriers.
Il y a à peine deux (2) mois la localité de Sibut était en ébullition avec un risque d'affrontements inter- communautaires avec la communauté musulmane en vedette. Un déplacement du Ministre de l'Intérieur sur les lieux n'a pour autant dissuader les groupes en présence. De nombreuses armes légères et automatiques circulent dans la Kémo et principalement à Dékoa et à Sibut. Le Préfet se serait même déplacé à Dékoa où le député du PUN de cette circonscription aurait maille à partir avec les électeurs qui l'accuseraient de tous les noms d'oiseaux. Vive tension donc à Dékoa et Sibut. Mais que se passe-t-il réellement dans ces contrées relativement paisibles par le passé ? la tentation rebelle comme à Paoua où à Birao ? Un mouvement irrédentiste en formation à Sibut et à Dékoa ? On ne peut en tout cas pas s'empêcher de s'interroger sur le flou sécuritaire qui prévaut dans ces localités. Car la sécurité est en total délitement et sinon en totale déliquescence.
On en voudrait pour preuve qu'une information grave qu vient de parvenir à notre rédaction à savoir : un convoi du BONUCA qui revenait de Bambari dans la Ouaka après l'organisation d'un séminaire de formation en droits de l'homme à l'attention des agents d'application des lois a essuyé de tires nourris d'un groupe puissamment armé et en surnombre à Amou, Village situé à 30 Km de Sibut chef lieu de la Préfecture de la Kémo. Ce groupe armé aurait des intentions politiques clairement affichées dont la principale est sa descente sur Bangui la, capitale. Simple velléité rebelle ou putschiste ?
On ne s'attaque pas ainsi à un convoi d'une organisation internationale, de surcroît le BONUCA qui s'occupe du maintien de la paix et de la sécurité en République Centrafricaine depuis les mutineries de 1996-1997 et d'autres troubles politico-militaires qui ont mis à rudes épreuves la paix civile dans le pays.
Si l'information se vérifie, s'agit-il d'un « coup de semonce »au BONUCA ?
Si ce n'est pas un coup de semonce politique, pourrait-on parler simplement d'acte isolé de bandits de grand chemin en quête de butin ? Dans tous les cas de figure, à quelques encablures de la Capitale, l'évènement mérite d'être pris au sérieux et vérifié au terme d'une enquête exhaustive pour le « black out » habituel qui couvre des évènements similaires dans l'arrière pays comme l'assassinat du guide de chasse Daniel Breyton à Sangba dans le Bamingui-Bangoran. Une affaire grave classée « secret défense » , on sait trop pourquoi.
Quoi qu'il en soit, il vient de se passer quelque chose de grave à 30 Km de Sibut Préfecture de la Kémo. Que s'est-il passé réellement à cet endroit précis ? Les bruits de bottes du Nord Ouest et du Nord Est se rapprocheraient-ils de la capitale Bangui ? Ces questions s'adressent tout naturellement au ministre de l'intérieur chargé de la sécurité Publique et au ministre de la défense nationale en charge de la défense du territoire, de la protection des institutions de la République, des biens et des personnes. Sibut la rebelle ? On ose à peine y croire, mais l'information pourrait s'avérer fondée...
Oscar Banalé