République centrafricaine : Un rapport de l'ONU appelle à la responsabilité des groupes armés actifs dans la région du Haut-Oubangui pour les attaques qu'ils ont menées
GENÈVE/BANGUI – Des groupes armés, dont un affilié aux forces armées de la République centrafricaine, ont commis de graves violations des droits humains dans la région du Haut-Oubangui, dans le sud-est du pays, principalement à l’encontre des communautés musulmanes et des réfugiés et demandeurs d'asile soudanais, selon un rapport de l'ONU.
Lors de deux vagues d'attaques dans les préfectures du Mbomou et du Haut-Mbomou, en octobre 2024 et en janvier 2025, au moins 24 personnes ont été tuées, certaines ayant été victimes d'exécutions sommaires, selon le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).
Les attaques ont été dirigées et coordonnées par des éléments des Wagner Ti Azandé (WTA), un groupe armé ayant des liens avec l'armée nationale. Les WTA appartenaient à l'origine à un groupe armé appelé Azandé Ani Kpi Gbé (Azanikpigbe), dont les membres ont également été impliqués dans ces attaques.
Parmi les autres violations et atteintes documentées figurent des cas de violences sexuelles liées au conflit à l'encontre de femmes et de filles, y compris des viols collectifs, de travail forcé, de torture et autres formes de traitements cruels, inhumains et dégradants, ainsi que des pillages de maisons et de magasins.
« Ces crimes horribles ne doivent pas rester impunis. L'obligation de rendre des comptes est fondamentale pour garantir que de telles violations ne se reproduisent plus jamais », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
Il a demandé que les liens entre le groupe WTA et l'armée nationale soient clarifiés et qu'il y ait une transparence totale sur les actions du groupe et leur légalité. « Si cela n'est pas possible, le groupe doit être désarmé. »
Valentine Rugwabiza, Représentante spéciale du Secrétaire général (RSSG) pour la République centrafricaine et Cheffe de la MINUSCA, a ajouté que malgré les efforts continus du Gouvernement, avec l’appui de la MINUSCA, la situation dans le Mbomou et le Haut-Mbomou reste particulièrement préoccupante.
« L'absence de réponse adéquate à ces crimes pourrait compromettre les acquis importants en matière de sécurité et éroder davantage la cohésion sociale dans les zones où des efforts ont été menés avec les communautés pour apaiser les tensions et promouvoir une coexistence pacifique », a-t-elle déclaré.
Début octobre 2024, des membres armés des WTA et des Azanikpigbe ont attaqué les villes de Dembia et Rafaï, dans la préfecture du Mbomou, ciblant principalement la communauté peule et d'autres musulmans, ainsi qu'un camp de réfugiés et de demandeurs d'asile soudanais, selon le rapport.
« Dès leur arrivée à Dembia, les WTA et les Azanikpigbe ont publiquement égorgé un Peul de 36 ans, créant un climat de terreur au sein de la population », indique le rapport. Sept autres hommes peuls ont été ligotés et jetés vivants dans la rivière Ouara.
Les assaillants ont également commis des actes de violences sexuelles à l’encontre de 24 victimes, dont 14 femmes et sept filles qui ont été violées, principalement de manière collective, précise le rapport. Deux filles et une femme ont été victimes de travail forcé, tandis qu'une autre femme a été mariée de force à un assaillant. Le 21 janvier, une douzaine de membres armés des WTA ont attaqué un campement peul près de Mboki, dans la préfecture du Haut-Mbomou, tuant au moins 12 personnes. A la suite de cette attaque, au moins 14 membres des WTA ont été arrêtés à Mboki et à Bangui.
Le rapport souligne que la présence limitée des forces de sécurité de l’Etat dans certaines parties des préfectures du Mbomou et du Haut-Mbomou a créé des vides sécuritaires permettant à des groupes tels que les WTA et les Azanikpigbe d'être plus actifs en toute impunité.
Mme. Rugwabiza et M. Türk ont tous deux exhorté les autorités centrafricaines à poursuivre leurs efforts pour enquêter sur les incidents et poursuivre les auteurs, conformément aux normes internationales. Ils ont réitéré leur volonté de travailler avec les autorités pour promouvoir et protéger les droits humains et lutter contre l'impunité en République centrafricaine.
Pour lire le rapport complet veuillez visiter le lien : https://www.ohchr.org/sites/default/files/documents/countries/central-african-republic/20250304-minusca-ohchr-dembia-report.pdf
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