La situation sécuritaire entrave le bon déroulement de la campagne agricole
Messages clés
- Beaucoup de ménages ont perdu leurs stocks alimentaires à cause des dégâts pendant le conflit ou des déplacements des populations. En raison de la forte dépendance plus que normale des marchés pour leurs approvisionnements et des revenus inférieurs à la moyenne, la plupart des ménages pauvres et déplacés dans les zones de conflit n’arrivent pas à couvrir l’essentiel de leurs besoins et se retrouvent en insécurité alimentaire de niveau Crise (Phase 3 de l’IPC).
- Dans les zones de conflit, les ménages ont réduit les superficies des terres cultivées cette année en raison des difficultés d’accès aux champs à cause de la persistance du conflit, un manque crucial de semences, outils et intrants agricoles, et les déplacements des populations. Par conséquent la production 2014/15 sera probablement inférieure à la moyenne.
- Les interventions par les agences humanitaires continuent à travers le pays et permettent d’atténuer la situation de crise pour certains ménages. Cependant, ces organisations sont souvent victimes d’agression et d’attaques les obligeant à interrompre ou à réduire leur programme humanitaire dans le pays.
Perspective projetée à septembre 2014
Les conditions de sécurité civile quoique stabilisée par rapport aux mois passés restent dominées par des attaques et des violences sur fond de banditisme et de tensions intercommunautaires dans les zones de Bangui et les régions du nord-ouest et du centre-ouest (ex. Ouham, Ouham Pendé, Kémo, Ouaka). Cela maintient le déplacement de certains ménages vers les camps de réfugié du pays. Selon les estimations d'OCHA du 7 mai, le nombre total de personnes déplacées en République Centrafricaine est d’environ 567 600 personnes avec les plus importantes concentrations à Bangui et Ouham. En raison du conflit civil, ces personnes déplacées sont limitées dans leur mouvement, leurs activités génératrices de revenus et leur accès à la nourriture.
La saison des pluies qui a commencé normalement en mars/avril se poursuit avec des niveaux et une répartition des pluies relativement normaux, excepté une partie de l’est proche du Soudan du Sud qui a reçu une pluviométrie largement au-dessus de la moyenne (Figure 1). Les prévisions pour la saison des pluies ne démontrant aucune anomalie significative (ECMWF, IRI) et FEWS NET suppose une saison des pluies moyenne.
Cependant, dans les zones de conflit, une grande partie des ménages qui ont commencé les activités de semis en avril/mai ont réduit les superficies des terres cultivées cette année en raison de des difficultés d’accès aux champs à cause de la persistance du conflit, un manque crucial de semences, outils et intrants agricoles, et les déplacements des populations. Par conséquent la production 2014/15 à un niveau régional et national sera probablement inférieure à la moyenne. Dans ces zones, les ménages poursuivent leurs activités génératrices de revenus telles que le maraichage, les travaux temporaires et de défrichage des parcelles, la main d’œuvre agricole et le petit commerce. Toutefois, ces sources de revenus sont limitées et peu diversifiées par rapport à une année normale et ne leurs permettent pas de gagner les ressources nécessaires pour accéder suffisamment à la nourriture sur le marché et subvenir à leur besoin.
Dans les régions du sud (à l’exception de Bangui et de ses alentours) moins affectées par le conflit civil, les préparatifs pour la prochaine campagne agricole et les sources habituelles de revenus se comportent normalement permettant aux ménages pauvres d’acquérir des revenus normaux.
Une stabilisation des conditions de sécurité civile a permis une reprise progressive des activités économiques et des échanges commerciaux des marchés internes et transfrontaliers du Cameroun et de la République Démocratique de Congo vers Bangui. Par conséquent, les offres des produits alimentaires se sont améliorées sur la plupart des marchés depuis mars comparés à janvier/février et ont soutenu la stabilité des prix du maïs et du manioc entre mars et avril sur le marché de Bangui. Cependant, les conditions de sécurité le long des routes vers le Tchad, Kémo, et Ouham restent volatiles (Figure 2) et entrainent une forte diminution des flux. Ceci a provoqué une augmentation récente des prix plus ou moins importants sur certains marchés de l’intérieur, comme la hausse significative pour le manioc de 30 pourcent à Ouham en mars par rapport à avril. Cependant, comparés à avril 2013, le manioc et le maïs connaissent des baisses de plus de 20 pourcent sur les marchés de Bangui et Ouham due à la baisse de la demande en lien avec le faible pouvoir d’achat des ménages et la poursuite des interventions humanitaires au profit des ménages pauvres et déplacés. Cela sous-entend que l'accès alimentaire des ménages demeure encore très difficile car malgré la baisse des prix, les ménages ne possèdent pas encore suffisamment d'argent pour s’approvisionner correctement en produits alimentaires sur les marchés locaux.
Les assistances humanitaires se poursuivent notamment à Bangui et à l’intérieur du pays pour préparer la prochaine campagne agricole et permettre aux ménages déplacés de maintenir leurs rations. Par exemple, au cours du mois d’avril, près de 200 000 personnes ont reçu une aide alimentaire du PAM composée des rations de réinstallation, des cantines scolaires, des nutriments spéciaux pour les enfants soit souffrant de malnutrition ou hospitalisés en pédiatrie. La FAO est également en train de distribuer des semences pour la campagne agricole en cours. Toutefois, les organisations humanitaires sont victimes d’agression et d’attaques les poussant à réduire ou à suspendre leurs activités, comme était le cas de MSF qui a perdu trois de ces staffs le 26 avril à l’hôpital de Boguila.
Malgré l’assistance humanitaire en cours, la situation alimentaire restera précaire à Bangui et dans les régions du nord-ouest et du centre-ouest. Les ménages feront face à des déficits de consommation et une l’insécurité alimentaire aiguë à des niveaux de Crise (Phase 3 de l’IPC) qui va persister tout au long de la période de soudure. Toutefois, avec les débuts des récoltes en juillet au sud et en octobre au nord, la sévérité de la crise pourrait baisser grâce à la consommation des légumes et des prémisses des récoltes. Cependant, de nombreux ménages, en particulier les personnes pauvres et déplacées dans les zones de conflit, resteront en Stress (Phase 2 de l'IPC) car ils seront incapables de s’engager dans les dépenses essentiaux non alimentaires à cause des revenus inférieurs en dessous de la moyenne.
À propos du suivi à distance
Dans le suivi à distance, un coordinateur travaille d’un bureau régional avoisinant. En comptant sur les partenaires pour les données, le coordinateur applique l’approche de développement des scénarios pour faire l’analyse et élaborer les rapports mensuels. Comme les données peuvent être moins disponibles que dans les pays avec des bureaux de FEWS NET, les rapports de suivi à distance peuvent montrer moins de détail.