RÉSUMÉ
En République Centrafricaine (RCA), le conflit politico-militaire qui a éclaté en 2013 continue d’avoir des répercussions sur les conditions de vie des populations. En 2021, 2,8 millions de personnes étaient reconnues comme étant dans le besoin, soit plus de la moitié de la population totale, dont 1,9 millions « dans le besoin aigu ».
A cela s’ajoute des défis structurels comme l’enclavement géographique du pays, sa forte dépendance au commerce extérieur, l’impact des mesures de prévention liées à la COVID-19 ainsi que la faible intégration de ses marchés et l’absence de certaines infrastructures essentielles. De plus, le conflit post-électoral sur le premier semestre 2021 a aggravé l’insécurité alimentaire en RCA, avec des prévisions de 2,29 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë élevée (IPC phase 3 ou +) entre avril et août 2021.
Afin de contribuer à répondre à ces différents défis, la réalisation des transferts monétaires comme modalité d’intervention – tant du côté des acteurs humanitaires, qu’en termes de préférences des populations vulnérables – s’est rapidement imposée. Pour réaliser ces transferts monétaires dans le respect du principe humanitaire de « ne pas nuire » et pour capitaliser sur les expériences passées et le partage de bonnes pratiques, un renforcement des connaissances concernant le mode de fonctionnement des marchés en RCA a été jugé nécessaire dès l’élaboration du plan de réponse humanitaire (PRH) de 2020.
Pour répondre à cette demande, le groupe de travail sur les transferts monétaires (GTTM) a mis en place en avril 2019 l’initiative conjointe de suivi des marchés (ICSM), qui consiste en la collecte mensuelle de données concernant le niveau des prix et la disponibilité des articles de première nécessité, soit une liste des articles du panier minimum d’articles de survie (PMAS), à laquelle s’ajoute une liste de produits supplémentaires renseignant sur l’état des marchés centrafricains. L’objectif de ce suivi mensuel est de renseigner les acteurs humanitaires sur l’état des marchés dans leur zone d’intervention, afin d’adapter leurs interventions selon les contextes locaux.
Cette évaluation s’organise dans le contexte d’un sous-groupe de travail spécialement créé pour cette activité, cofacilité par REACH et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs - UNOCHA). La collecte de données est réalisée par les partenaires opérationnels qui se sont engagés à réaliser ces enquêtes dans des zones pertinentes, selon leurs interventions.
Pour la réalisation de cette étude, les marchés enquêtés ont été rassemblés par zones géographiques : l’ouest, le centre, et l’est. Ces regroupements sont basés sur des similarités en termes de niveaux de prix et de proximité géographique, et ne sont pas exactement identiques aux trois premiers rapports publiés puisque certaines localités présentaient alors des niveaux de prix différents à ceux observés entre janvier et juin 2021. Les analyses des tendances sont basées sur les six dernières collectes de données mensuelles sur 2021 pour le suivi des marchés. L’une des principales limites du rapport renvoie à la variation de la couverture géographique d’un mois à l’autre, avec certaines localités n’ayant été enquêtées qu’une à deux fois sur les six mois. Ainsi, les prix calculés pour le PMAS ne sauraient être qu’indicatifs et non représentatifs du niveau des prix des marchés enquêtés et des zones étudiées. De même, les tendances et comparaisons régionales sont présentées ici de manière indicative.
Ce rapport se concentre sur une analyse de tendances sur les six premiers mois de l’année (janvier à juin 2021 inclus) et fait suite aux trois premières analyses de tendance réalisées sur le deuxième semestre 2019 et sur les deux semestres 2020. Il présente, dans un premier temps, une analyse du contexte des six premiers mois de l’année, pour apporter des éléments de compréhension sur les fluctuations et tendances observées, que nous analyserons dans un second temps par type de produits – alimentaires, non-alimentaires, d’hygiène et supplémentaires – puis par zone géographique. La troisième partie du rapport s’attache à présenter les autres chocs et facteurs ayant eu des impacts sur les marchés de RCA et leurs routes d’approvisionnement sur les six mois de l’analyse, comme l’impact du calendrier agricole, des mesures de la COVID-19 ou de la saisonnalité. Elle détaille notamment la perception des commerçants concernant l’évolution du contexte, et les contraintes ayant pesé sur l’approvisionnement sur les derniers mois. Enfin, elle présente aussi les routes d’approvisionnement pour certains marchés enquêtés.