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Plan opérationnel du groupe de responsabilité sectorielle "cluster" santé en République centrafricaine (janvier – décembre 2017)

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Résumé

Depuis décembre 2012, les populations centrafricaines sont victimes des conflits politico-militaires et intercommunautaires avec des conséquences sécuritaires, humanitaires et socio-économiques importantes. Depuis lors, des milliers de personnes ont été tués, blessées, violées ou contraintes à se déplacer l’intérieur ou à l’extérieur du pays. En dépit des améliorations observées sur le plan politique avec la mise en place des institutions légitimes (Gouvernement et Parlement) en 2016, la situation sécuritaire dans certaines localités du pays demeure encore préoccupante. En effet certaines régions du pays restent encore sous le contrôle des groupes armés rebelles. Le dernier trimestre 2016 a été marqué par une recrudescence de la violence (affrontement entre groupes armés) dans plusieurs localités du pays (Koui, Bocaranga, Kaga Bandoro, Bria, Bakala, Ndassima, Poudjio, etc.) qui a entrainé des centaines de morts et de blessés ainsi que le déplacement de 70 000 personnes. Au 31 décembre 2016, près d’un million de personnes étaient encore déplacées dont 466 378 dans les pays voisins et 411785 dans les sites ou les familles d’accueil à l’intérieur du pays.

Entre fin 2015 et début 2016, près de 4222 personnes ont fui les conflits inter- ethniques au Soudan du Sud pour trouver refuge à Bambouti dans le Sud-Est du pays, portant le nombre de réfugiés sur le sol centrafricain à 12785 (source : OCHA, plan de réponse humanitaire 2017-2019).

Le secteur santé a payé l’un des plus lourds tributs à cette crise. En effet la crise a affecté toutes les composantes du système de santé entrainant ainsi son effondrement : destruction des infrastructures sanitaires, pillage des médicaments et équipements, déplacement du personnel y compris ceux chargés de la gouvernance, baisse de financement du secteur santé par le gouvernement et les populations, rupture de la chaine nationale d’approvisionnement en médicaments essentiels, réactifs et consommables médicaux, etc. En septembre 2016, l’enquête sur la disponibilité des ressources en santé (HeRAMS) menée par le Ministère en charge de la santé avec l’appui de l’OMS a montré que : sur les 1010 structures de santé que compte le pays, 236 (23%) portent encore les stigmates de la crise (destruction partielle ou totale), 244 (24%) sont partiellement ou non fonctionnelles et 340 sont soutenues par les organisations humanitaires.

Les besoins humanitaires demeurent considérables dans le secteur santé au regard des difficultés qu’éprouvent les populations affectées par les conflits à accéder aux soins de santé de qualité, de l’augmentation des personnes vulnérables (déplacés, retournés, réfugiés, victimes des urgences vitales, violés, et personnes vivant dans les enclaves, indigents), de la non mise en œuvre de certaines interventions (cas de la santé mentale) dans certaines localités couvertes par les partenaires en santé, et de la faible capacité des partenaires en santé à répondre efficacement à ces besoins. En plus des urgences humanitaires, des flambées épidémiques sont régulièrement enregistrées dans le pays. En 2016, par exemple, les partenaires du groupe sectoriel santé ont contribué à la riposte aux flambées de Méningite à méningocoque W135 dans les sous-préfectures de Batangafo et Kabo ; de Variole de singe (Monkey pox) dans les sous-préfectures de Bakouma, Bangassou et Mingala ; de Rougeole dans la sous-préfecture de Batangafo ; de Rage à Bangui et dans les sous-préfectures de Bouar, Carnot et Gamboula ; et de choléra dans les sous-préfectures de Ndjoukou et Damara ainsi que les 2e et 7e Arrondissements de Bangui. La riposte à ces épidémies a diminué davantage les capacités des partenaires à répondre aux besoins humanitaires des populations.

Une analyse des besoins, de la vulnérabilité, de l’accessibilité et des capacités de réponse des partenaires du groupe sectoriel santé a permis de prioriser les 38 sous-préfectures suivantes sur un total de 79 dans le plan de réponse 2017 : 3 e , 5 e et 8e Arrondissements de la ville de Bangui, Bimbo, Boda, Amadagaza, Gamboula, Gadzi, Abba, Bouar (la commune de Niem-Yelewa), Koui, Bocaranga, Ngaoundaye, Batangafo, Kabo, Markounda, Nana Bakassa, Bouca, Kaga Bandoro, Mbrès, Ndjoukou, Bambari, Grimari, Kouango, Ippy, Bakala, Bria, Ouadda, Yalinga, Ouanda Ndjallé, Ouango, Kembé, Satéma, Gambo, Bakouma , Obo, Djemah, Bambouti.

Sur un total de 1 273 926 personnes dans le besoin d’une assistance sanitaire d’urgence, le cluster santé a ciblé 936777 personnes parmi lesquels 8000 réfugiés et 255031 déplacés internes.

Les interventions et les stratégies de mise en œuvre de la réponse sectorielle santé dépendront de la catégorisation de la zone. Dans les zones en situation d’urgence aiguë les interventions prioritaires pendant les six (06) premiers mois de la réponse vont cibler toute la population de la zone affectée (déplacés et leur communauté d’accueil) et seront :

  1. L’évaluation rapide des besoins de la population et des capacités de réponse du système local de santé

  2. La prise en charge des blessés (triage, ramassage, transfert, traitement)

  3. L’offre gratuite des soins de santé d’urgence suivants aux personnes affectées: traitement des maladies les plus courantes (paludisme, infection respiratoire aigüe, diarrhées), soins de la santé de la reproduction (CPN, accouchements, CPON, PF) à travers les cliniques mobiles, les structures de santé temporaires ou l’appui à une structure de santé publique ou privée à but non lucratif facile d’accès aux personnes affectées

  4. La prise en charge médicale et psychologique des cas de viols,

  5. L’offre des soins de santé mentale: premiers secours psychologiques, détection et prise en charge des cas de troubles mentaux. La prévention et surveillance des maladies à potentiel épidémique : mise en place d’un système d’alerte et de réponse précoce aux épidémies, vaccination contre la rougeole des enfants de 6 mois à 14 ans dans les sites de déplacés, distribution des MILDA aux ménages et des préservatifs aux personnes sexuellement actives dans les sites de déplacés. L’appui à la prise en charge des maladies chroniques transmissibles (VIH/SIDA, Tuberculose) et non transmissibles (Hypertension, diabète). L’appui à la référence contre référence des urgences vitales Au-delà de 6 mois après la survenue d’une crise humanitaire aiguë (si la situation sécuritaire et humanitaire est stabilisée) et dans les zones de retour (aire de santé accueillant plus de 500 retournés), un appui sera donné à la mise en œuvre des soins de santé primaires et secondaires (curatifs, préventifs et promotionnels) gratuits au profit des enfants de moins de 5 ans, des femmes enceintes, des femmes allaitantes, des victimes d’urgences vitales, des cas de viols ou de troubles mentaux à travers l’appui aux structures de santé publiques ou privées à but non lucratif situées dans la zone en priorité, les activités communautaires et la référence/contre référence.

En cas de flambée épidémique, les partenaires du groupe de responsabilité sectorielle santé donneront un appui à la mise œuvre des actions planifiées à tous les niveaux, notamment l’élaboration des plans de contingence et des plans de riposte, l’investigation des flambées, la prise en charge des cas, le renforcement de la surveillance épidémiologique, le comblement des gaps en intrants, la mobilisation sociale, la vaccination éventuellement et le suivi-évaluation des activités.

Toutes les interventions relatives à l’offre des services seront soutenues par le renforcement des capacités du personnel de santé, l’approvisionnement en intrants, le comblement des gaps en équipement, le suivi-évaluation des activités, le plaidoyer et la coordination.

La gratuité étant le principe de base de l’assistance humanitaire, les interventions des partenaires du cluster santé dans les structures de santé se feront en respect des Directives nationales sur la mise en œuvre de la gratuité des soins.

La mise en œuvre de ces différentes interventions coutera 28 millions de dollars US et permettront aux partenaires du cluster santé d’atteindre les objectifs suivants :

  1. Offrir les soins de santé d’urgence (préventifs, promotionnels et curatifs) aux populations affectées par une crise humanitaire aiguë y compris la santé reproductive, la prise en charge des blessés, des maladies courantes, des cas de viol et des troubles mentaux

  2. Améliorer l’accès des populations les plus vulnérables aux soins de santé primaires et secondaires de qualité y compris la prise en charge des maladies chroniques ( VIH/SIDA, Tuberculose, Diabète, Hypertension) dans les zones de retour ou en situation de crise prolongée

  3. Renforcer la surveillance et la riposte aux épidémies dans les zones à risque ou affectées

  4. Renforcer la coordination et le monitorage des interventions des partenaires du secteur santé en tenant compte de la cohabitation entre les interventions d’urgences et celles de relèvement du système de santé

  5. Améliorer la gestion de l’information sanitaire d’urgence afin de contribuer efficacement aux prises de décisions stratégiques au niveau pays

  6. Renforcer les capacités nationales en matière de préparation et de réponse aux urgences