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CAR

La vaccination de routine pour sauver des vies d’enfants en République centrafricaine

Par Madeleine Logan

Alors que la crise en République centrafricaine continue de menacer les plus vulnérables, l’UNICEF cherche à protéger les enfants des maladies mortelles et évitables en améliorant les programmes de vaccination de routine.

BANGUI, République centrafricaine, le 21 avril 2014 – Depuis qu’un groupe d’hommes armés a incendié la maison de Claudia, elle vit avec son bébé, Mélanie, dans une tente humide, dans l’un des plus importants camps de personnes déplacées de Bangui. Claudia ne peut pas protéger sa fille de la privation de logement, ni de la pluie et du froid.

Mais elle peut au moins protéger Mélanie de la rougeole, de la fièvre jaune et de la polio. C’est pourquoi elle s’est rendue dans un centre de vaccination mobile du camp de personnes déplacées de Carmel la semaine passée.

Ce centre a été installé dans le cadre d’une campagne de vaccination pour les enfants de moins de deux ans, beaucoup d’entre eux n’ayant pas reçu les vaccins de routine depuis le début de la crise ici en décembre 2012. Cette campagne appuyée par l’UNICEF cible 128 000 enfants dans toute la République centrafricaine.

« Je n’ai pas pu emmener mon bébé à la clinique ces quatre derniers mois, à cause des violences là où je vivais, » explique Claudia. « Elle n’a pas reçu certains vaccins, mais je ne savais pas lesquels. En fuyant de chez nous, nous avons perdu sa carte de vaccination. »

Claudia craint de ne pouvoir payer le traitement si sa fille tombe malade. « Nous vivons tous à même le sol, qui devient boueux lorsqu’il pleut, explique-t-elle, les jeunes enfants tombent donc facilement malades. Il vaut mieux éviter les maladies grâce aux vaccins. »

Rétablir la chaîne du froid

Le conflit a eu des conséquences désastreuses sur la santé des enfants en République centrafricaine. La chaîne du froid pour la conservation des vaccins a été largement interrompue à l’extérieur de Bangui, la capitale, et de nombreux membres du personnel médical ont fui leur poste. Ce mois-ci, l’UNICEF a distribué des réfrigérateurs et des boîtes isothermes afin de rétablir la chaîne du froid et le système de vaccination de routine.

« Il est essentiel de vacciner les enfants contre les maladies mortelles et évitables pour sauver des vies d’enfants en République centrafricaine, » affirme Deo Manirakiza, spécialiste de la santé à l’UNICEF. Il souligne qu’avant la crise, moins de neuf pour cent des enfants étaient complètement vaccinés à leur premier anniversaire, d’après les chiffres de 2010, les données les plus récentes.

L’an dernier, alors que la crise a forcé près d’un quart de la population à se déplacer, l’UNICEF est parvenu à vacciner plus d’un demi million d’enfants contre la rougeole. En janvier cette année, 150 000 enfants des camps de personnes déplacées ont été vaccinés contre la polio. L’UNICEF se concentre à présent sur l’amélioration de la vaccination de routine, plutôt que sur des campagnes ponctuelles.

« La vaccination de routine est le seul moyen de garantir que tous les enfants soient toujours protégés des maladies mortelles et invalidantes, rappelle le Dr Manirakiza. Nous devons vacciner complètement les enfants difficiles d’accès si nous voulons faire baisser le taux de mortalité de l’enfant en République centrafricaine – qui figure au sixième rang dans le classement mondial. »

La sensibilisation

Le centre de santé bondé de Petovo témoigne de la détermination des mères à faire vacciner leurs enfants. Cinquante femmes attendent de faire vacciner leurs enfants, et des chaises supplémentaires ont été installées à l’extérieur pour faire face à l’affluence.

Nombre de ces mères se sont rendues au centre grâce aux efforts de Nicholas Kambi. Agent sanitaire bénévole, Nicholas Kambi a trouvé un nouveau mode de sensibilisation à la vaccination. Pendant six jours, il a parcouru toutes les rues de sa banlieue. Il sifflait bruyamment pour obtenir l’attention de tous, et criait les messages de la campagne de vaccination. Il se déplaçait alors 50 mètres plus loin, s’arrêtait, sifflait, et répétait le même message.

« Bien sûr que c’est fatigant et que j’ai mal à la gorge à force de crier, mais c’est mon travail, explique-t-il. Je le fais pour aider à protéger les mères et les enfants. »