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Contexte de la Crise et Situation Humanitaire en République centrafricaine, décembre 2024

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1.1 CONTEXTE DE LA CRISE

Depuis plus d'une décennie, la République centrafricaine (RCA) est aux prises avec un conflit impliquant de diverses parties au conflit. La violence à l'encontre des civils et les effets des catastrophes naturelles (inondations) continuent de provoquer des déplacements. L’accès limité aux infrastructures socioéconomiques de base et aux moyens de subsistance oblige les personnes déplacées et les communautés d’accueil à recourir aux mécanismes d’adaptation néfastes, augmentant leur vulnérabilité à l’exploitation et à la violence basée sur le genre (VBG), en particulier chez les femmes et les filles. En outre, la situation sécuritaire dans les pays voisins, en particulier le long des frontières avec le Tchad, le Soudan et le Soudan du Sud, perturbe les voies d’approvisionnement essentielles en produits de base, ce qui a de graves répercussions sur l’économie locale, en particulier dans les zones reculées.

Démographie et facteurs socio-culturels

La population centrafricaine est jeune et en pleine croissance, avec une majorité de femmes et de filles La population centrafricaine est estimée à 6,4 millions de personnes selon les projections faites en 2024 par l’Institut Centrafricain des Statistiques et des Etudes Economiques et Sociales (ICASEES), soit une augmentation de 61% depuis le dernier recensement de 2003.1 Avec un taux de fertilité de 5,7% en 2024, les femmes représentent 51% de la population totale contre 49% d’hommes. La population centrafricaine est majoritairement jeune, avec 48% en dessous de 14 ans, 50% âgée de 15 à 64 ans, et 2% de personnes âgées.

L’espérance moyenne de vie est de 54 ans pour les hommes et 58 ans pour les femmes.
En référence à l’échelle mondiale, les taux de mortalité maternelle et infantile sont assez préoccupants.
Malgré le taux de fécondité moyen d’environ 6 enfants par femme en âge de procréer (24,5% de femmes), la RCA fait face à des défis importants en matière de santé maternelle et infantile. Le pays est classé au cinquième rang mondial pour le taux de mortalité infantile (avec 99 décès pour 1 000 naissances vivantes chez les enfants de moins de cinq ans), et au quatrième rang pour le taux de mortalité maternelle (avec 835 décès pour 100 000 naissances vivantes). Seulement 40% des accouchements sont assistés par du personnel de santé qualifié.

Le taux de couverture pour soins prénataux reste encore insuffisant, car seuls 41,4% des accouchements sont précédés des quatre consultations prénatales recommandées (CPN4). Alors que 52% des femmes ont accès aux visites prénatales et 58,6% aux visites postnatales, les services de santé sont inégalement répartis : 93% des sage-femmes sont basées en zone urbaine, alors que 60% de la population vit en zone rurale. Cette disparité géographique affecte considérablement les résultats en matière de santé reproductive dans tout le pays.
La discrimination à l’égard des femmes est répandue à tous les niveaux de la société, renforçant les vulnérabilités dans leur vie quotidienne.

Bien que la moitié des ménages soit dirigée par des femmes, la RCA est classée 188ème sur 191 pays en termes d’égalité des sexes. Malgré l’adoption en 2016 de la loi sur la parité de genre, la RCA occupe le 154ème rang concernant la participation féminine dans les postes électifs (ONU-Femmes) : En 2024, la RCA compte 23,3% de femmes Ministres, 1 femme sur 7 gouverneurs (14,3%), 4 femmes sur 13 préfets (30,8%), 10 femmes sur 85 sous-préfets (11,8%) et 13% de sièges occupés par des femmes à l’Assemblée nationale. Le pays est encore loin de son engagement constitutionnel à atteindre le quota de 35% de femmes dans les rôles de prise de décision à caractère nominatif et électif d’ici à 2026. D’importantes inégalités persistent en ce qui concerne la participation des femmes aux élections. Lors des élections législatives et présidentielles de 2020 et 2021, seules 46,7% de femmes éligibles étaient inscrites sur les listes électorales, et les femmes représentaient seulement 29% des membres des antennes locales de l'ANE.

L’écart salarial au niveau national est flagrant, les femmes gagnent en moyenne 40,6% de moins que les hommes. Malgré la contribution significative des femmes et filles au secteur informel, leur accès aux services économiques reste limité : Seul 10% des femmes de plus de 15 ans possèdent des comptes bancaires auprès d’une institution financière. En conséquence, de cette limitation conjuguée à l’ancrage de normes sociales, la résilience des femmes et des filles face au chocs est compromise, les rendant davantage vulnérables aux risques de protection : 16 177 cas de violence basée sur le genre (VBG) sont enregistrés de janvier à août 2024, par le système d’information sur les violences basées sur le genre (VBGIMS).

Le lien entre déscolarisation, vulnérabilité géographique, pauvreté et mariage précoce demeure une problématique majeure en RCA.

La durée moyenne de scolarisation en RCA est de 5,3 ans pour les garçons contre 3,8 ans pour les filles, sachant que seulement 36% de jeunes centrafricains âgés de 15 à 24 ans sont alphabétisés, contre 34,4% de filles de la même tranche d’âge).8 De plus, pour les localités éloignées (comme Sam-Ouandja) marquées par la présence des groupes armés et des difficultés d’accès physique, le taux d’analphabétisme des femmes et des filles est estimé à 90%.

Entre 2006 et 2023, le taux de mariage des enfants de moins de 18 ans est estimé à 61%, et la prévalence des mutilations génitales féminines (MGF) chez les filles âgées de 15 à 19 ans s’élevait à 22% entre 2004 et 202. Le lien entre déscolarisation et mariage précoce est évident : seules 17% de femmes/filles mariées avant l’âge de 15 ans sont alphabétisées, contre 58% des femmes qui n’ont pas subi de mariage précoce. Ainsi, la prévalence des pratiques néfastes à l’égard des femmes et des filles est due à de multiples facteurs interdépendants. L’un des problèmes majeurs est le décalage entre les cadres juridiques nationaux et les normes internationales, comme le montre l’article 211 du Code de la famille, qui autorise le mariage des enfants avec le consentement des parents. En outre, les pressions sociales et culturelles, la religion, les conflits armés, le déplacement de population, la pauvreté, l'insécurité alimentaire et le manque d'accès aux moyens de subsistance concourent à renforcer cette situation.

Les vulnérabilités liées au handicap sont manifestes, indéniables et perpétuées dès la naissance.
Près de 15% de centrafricains vivent dans une situation de handicap. La convention relative aux droits des personnes vivant avec handicap, et son protocole additionnel, sont approuvés par la RCA depuis 2006, mais peinent à être pleinement mise en œuvre. Ainsi, selon la MSNA, 55% de personnes vivant avec un handicap déclarent subir des préjugés en raison leur handicap. De plus, 73,8% de personnes vivant avec un handicap ne savent ni lire ni écrire. En raison d'infrastructures qui ne tiennent pas compte de leurs besoins, les enfants en âge scolaire et vivant avec un handicap dans des situations de crise, n'ont pratiquement pas accès aux salles de classe et sont fréquemment exclus des systèmes éducatifs.

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