L’affaire Jean-Pierre Bemba devant la Cour pénale internationale (CPI) est le fil rouge de 15 années de mobilisation de la FIDH et de ses organisations membres pour soutenir dans leur quête de justice les victimes des crimes les plus graves commis en Centrafrique (RCA) en 2002-2003 et, depuis lors, dans ce pays ravagé par les conflits du fait notamment de l’impunité.
Entre la première mission d’urgence au coeur du conflit en novembre 2002 et le verdict du procès Bemba du 21 mars 2016, notre mobilisation face aux crimes internationaux commis en 2002 et 2003 fut multiforme : nombreuses missions de recueil de témoignages de victimes et de preuves matérielles ; rédaction de rapports d’enquête incriminants ; analyses de la réponse judiciaire au niveau national ; activités de renforcement de la capacité d’action et d’influence de la société civile locale ; appels au soutien des associations de victimes ; interpellations de l’ONU et de l’Union africaine pour des réactions en faveur de la lutte contre l’impunité des crimes commis en RCA ; plaidoyers pour la saisine et l’action de la CPI sur cette situation ; interactions avec la Cour pour l’orientation de sa politique pénale en réponse aux attentes des victimes, et notamment des victimes de violences sexuelles …
Le procès contre Jean-Pierre Bemba est le seul qui s’est tenu devant une instance judiciaire indépendante contre un des auteurs présumés des crimes internationaux commis en 2002 et 2003. Si nos organisations ont pu regretter que d’autres personnes ne soient pas pousuivies, ce procès reste fondamental et symbolique : d’abord pour les victimes de ces crimes, particulièrement les victimes de crimes sexuels, ensuite du fait de la personnalité mise en cause – chef de guerre, vice-président de la transition présent au second tour des présidentielles en RDC en 2006 et sénateur.
Ce procès est également important au regard de la situation actuelle en Centrafrique. Il doit résonner comme un signal d’une donne nouvelle. Les 15 années de conflit depuis 2002 ont démontré l’effet ravageur de l’impunité. Les criminels d’hier sont les criminels d’aujourd’hui. Le soutien doit être apporté à cet égard à la Cour pénale spéciale en Centrafrique et à l’enquête complémentaire de la CPI depuis 2004 dans le pays.
La FIDH et ses organisations membres vont continuer d’oeuvrer pour le respect du droit des victimes à la justice et à réparation.
Retour sur l’action de la FIDH et de ses organisations membres s’agissant des crimes internationaux commis en RCA en 2002-2003 et de l’affaire Jean-Pierre Bemba.