Après un premier tour sans incident majeur avec un taux de participation d’environ 80 % le 30 décembre dernier, près de deux millions de Centrafricains se sont rendus aux urnes ce dimanche 14 février 2016 pour le second tour de l’élection présidentielle. Le scrutin était couplé avec le « nouveau » premier tour des élections législatives, les précédentes ayant été annulées par la Cour Constitutionnelle de Transition.
« Il nous fallait ce vote pour avoir un chef d’Etat démocratiquement élu. Le président qui sera élu sera l’émanation du peuple. Il sera celui qui va représenter le peuple et agir au nom du peuple et notre espoir est que ce pays sorte de l’impasse qu’il traverse depuis de longues périodes » a déclaré Onyanga Owabe, un citoyen du 2ème arrondissement. Il s’est félicité des progrès réalisés par son pays vers la paix grâce selon lui, aux efforts de la communauté internationale et même du passage du pape en RCA. « La paix commence à revenir dans notre pays. Ça fait deux ans que je n’ai pas mis pied au Km 5 mais ces derniers temps, je m’y suis rendu 2 fois. La dernière fois, j’ai assisté à la cérémonie de signature du pacte entre musulmans et chrétiens, j’étais très ému », a-t-il ajouté.
Célestin accompagné de sa sœur Martine, tous deux vivants avec handicaps ont fait le déplacement pour aller accomplir leur devoir civique. « Nous avons beaucoup souffert dans notre pays. Trois ans de crise, c’est long. Nous voulons le changement, nous voulons la paix ! » a-t- il martelé.
Quant à Floride, elle a voté avec l’espoir que la sécurité soit rétablie partout dans le pays afin qu’elle puisse reprendre la route du Cameroun. Depuis le début la crise, elle a arrêté ses activités commerciales parce qu’elle ne peut plus se déplacer pour s’approvisionner dans ce pays voisin.
Les jeunes se sont aussi mobilisés en grand nombre. « Les élections ne sont pas seulement pour les grands ou les vieux, c’est aussi pour les jeunes parce que les jeunes représentent la richesse du pays, c’est à nous les jeunes de nous sensibiliser pour venir massivement voter parce que c’est notre droit, demain nous serons les cadres de ce pays, tout le monde doit voter » a confié Nde Marechal Cyril, 24 ans, élève en coupe et couture.
Si la Centrafrique a pu relever le défi de l’organisation de ce scrutin, qualifié par les plus sceptiques d’élections de toutes les incertitudes, cela est à mettre à l’actif de plusieurs facteurs et initiatives émanant des partenaires nationaux et internationaux du processus électoral centrafricain.
Aussi, l’Autorité Nationale des Elections avec l’appui de l’Assistance Électorale Intégrée des Nations Unies (PNUD et MINUSCA) ont pris des dispositions afin que ce scrutin se déroule dans un climat apaisé. Dans cette optique, des campagnes d’éducation civique ont eu lieu à travers le pays, des représentants de candidats ont été formés, la formation des membres des bureaux a été renforcée et l’acquisition et la livraison de matériel électoral suffisamment à l’avance a permis un déploiement efficace.
« Le scrutin de ce jour constitue une étape essentielle vers la paix, qui permettra à la Centrafrique de renouer avec la démocratie et le développement. Le monde entier souhaite que la Centrafrique sorte de cette crise qui n’a que trop duré» a déclaré le Représentant résident du PNUD et Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, Aurélien Agbénonci.
Quant au Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Parfait Onanga-Anyanga qui a animé une réunion bilan en présence des ambassadeurs et chefs de missions au siège de la MINUSCA, il a indiqué que ce scrutin s’est déroulé sans incident majeur sur l’ensemble du territoire national et que l’attente des résultats devait se faire dans le calme et sans violence.