« Le Centrafrique est un pays complètement à la dérive, cette fois-ci il sera dur de s’en remettre ». Voilà le sentiment de sources religieuses de la MISNA qui résume le mieux la situation actuelle de ce pays qui vient d’assister à un coup d’État.
« Depuis samedi, nous n’avons ni lumière, ni eau. C’est de plus en plus difficile, les gens restent cloitrés chez eux et ont peur de ce qu’il peut se passer. Ce matin, la situation était un peu plus calme même si l’on entendait encore des coups de feu. En ville, on voit surtout des jeunes escortés par des rebelles qui poussent des chariots avec de tout à l’intérieur : réfrigérateurs, ordinateurs, chaises, tables, toutes sortes d’objets pillés un peu partout » racontent les interlocuteurs de la MISNA, qui ont préféré rester anonymes pour d’évidentes raisons de sécurité.
« Hier des groupes de miliciens ont fait irruption dans la cathédrale pendant la messe des rameaux, en menaçant les fidèles et en les obligeant à leur donner les clés de leur voiture. Ils ont tiré en l’air avant de sortir puis sont revenus à le recherche d’autres biens à dérober » expliquent d’autres témoins vivant à proximité de la cathédrale de Bangui, à quelques centaines de mètres du siège de la présidence centrafricaine, aux mains des rebelles depuis samedi.
« Nous ne nous attendions pas à une marche sur la capitale aussi rapidement. On était nombreux à espérer que les 400 militaires sud-africains entrainés pouvaient nous protéger, mais ils ont cédé sous les coups de feu des rebelles, très bien équipés. Depuis deux jours, on ne voit pas la trace de français qui restent dans leurs quartiers résidentiels ou alors près de l’aéroport dans le cas où il y ait une évacuation ».
Tous les groupes qui pillent et menacent la population sont formés à 90% de tchadiens et de soudanais qui parlent arabe. Seule une minorité est de nationalité centrafricaine et parle sango » affirment plusieurs sources contactées sur place par la MISNA.
Le nouveau président autoproclamé, le chef rebelle Djotodia était depuis longtemps en contact avec des groupes armés du Tchad et du Soudan, du temps déjà où il était consulat à Nyala avant de devenir l’un des leaders de la rébellion centrafricaine il y a huit ans. « Il a prononcé un discours de propagande, afin d’obtenir le consensus de la communauté internationale, mais ici les gens n’ont pas du tout confiance en lui ni en ses alliés. S’il veut se montrer crédible, il faut qu’il fasse rétablir avant toute chose l’ordre et la sécurité dans la capitale » assurent ces mêmes sources.
[VV/FT]