Informing humanitarians worldwide 24/7 — a service provided by UN OCHA

Cameroon + 2 more

Plan de gestion des ressources naturelles et de partage de terres entre les populations d’accueil, les deplaces, les retournes et les refugies dans les departements du logone et chari et du mayo sava extreme-nord du cameroun (Novembre 2017)

Attachments

INTRODUCTION

Généralités et contexte de l’étude

Les ressources naturelles constituent un enjeu important sur le plan alimentaire, environnemental, politique, géopolitique, sanitaire et socio-économique. Or la gestion des ressources est une contrainte majeure pour le développement des pays d’Afrique, au regard de son importance. L’action conjuguée des changements climatiques et de la surexploitation des ressources par une population en pleine expansion et soumise à des mobilités forcées affecte profondément les activités de pêche, d'élevage, d’agroforesterie et d’agriculture.

Située entre 10 et 12° de latitude Nord et 14° et 16° de longitude Est les longitudes en zone soudano-sahélienne (figure 1), l’Extrême-Nord fait partie des régions camerounaises les plus peuplées avec 3 480 414 habitants (BUCREP, 2010). Elle représente donc 17% de la population totale pour une superficie de 34 263 Km², soit une densité de 101,6 habitants/km². Elle se caractérise aussi par une variabilité climatique de plus en plus importante et une pression accrue sur les ressources y entrainant des impacts environnementaux et socioéconomiques non négligeables. Dans cette Région, la plaine d’inondation du Logone et une partie des Monts Mandara constituent un espace agro-sylvo-pastoral et piscicole d’intérêt sous-régional qui est particulièrement touchée par ces problématiques.

Outre la grande variabilité spatio-temporelle de la pluviométrie qui la caractérise, on note la présence des aires protégées, la construction de la digue de Maga et la multiplication des canaux de pêche qui ont conduit à la régression notable des inondations d’environ 60% (Drijver et al., 1992), auxquels s’ajoutent la croissance démographique galopante et l’insécurité provoquée par le phénomène Boko Haram (Saibou Issa, 2014). Tout cela a conduit à des pressions variées sur les ressources naturelles (eau, sols, flore, faune etc.). Ce qui a significativement perturbé les écosystèmes à cause du surpâturage, de l’intense déboisement, de la perte de capacité de charge des pâturages, l’aridité édaphique, puis la dégradation tellurique et leur évolution vers des sols stériles « hardé ». Cette Région s’expose de même à une augmentation du braconnage et partant, une perte de la biodiversité animale et une baisse des rendements agricoles (Mvondo, 2003 ; UICN, 2007).

Les mutations qui affectent cette zone outre les profonds changements agro-sylvopastoraux qu’elles engendrent, sont souvent cause de conflits pour la possession des terres et l’exploitation des ressources naturelles. En conséquence, on assiste à une recrudescence des conflits pour l’exploitation de ces ressources naturelles entre les différents acteurs que sont des personnes déplacées, les retournés, les réfugiés et les communautés locales, lesquels conflits semblent avoir pris de l’ampleur ces dernières années liés surtout au phénomène Boko Haram.

L’insertion de ces nouveaux acteurs dans les systèmes de production dans un contexte de raréfaction des ressources et singulièrement de la terre, va entrainer d’une part, une utilisation multifonctionnelle de l’espace engendrant ainsi une compétition foncière, et d’autre part, une interférence dans ces systèmes d’exploitation provoquant des conflits qui méritent une attention particulière.

Pour contribuer à la résolution de cette situation, il convient de s’orienter vers une utilisation durable des ressources naturelles et des terres, en particulier en termes d’exploitation des ressources agricoles, pastorales, sylvicoles, halieutiques et hydriques. Cela suppose une implication effective des populations utilisatrices dans la gestion de ces ressources (Madi, 2002). Cette implication des populations devra nécessairement être encadrée dans la perspective d’une gestion durable de leurs ressources naturelles afin de mieux s’adapter aux différentes contraintes qui se posent à elles.

Aussi, l’augmentation des besoins en ressources naturelles, du fait de l’urbanisation, du développement économique et de la mobilité sous contraintes, couplée à des périodes de pénurie de plus en plus fréquentes, engendrent des tensions autour de ces ressources. Pour atteindre le bon état des ressources, il est essentiel d’obtenir un équilibre entre les ressources (l’offre) et les quantités prélevées (la demande). L’adoption de nouveaux comportements est une priorité : ils sont fondés sur le partage des ressources dont les règles et les actions sont rassemblées dans des plans de gestion.

Justification

Avec une superficie d’environ 14 869 km² les départements du Logone et Chari et du Mayo Sava sont les plus affectés des trois principaux départements par le phénomène d’insécurité lié au phénomène Boko Haram. Or, dans ces départements, objet du présent plan, on note une approximation générale de la gestion des ressources naturelles de manière globale. La population augmente à un rythme exponentiel, les ouvrages sont réalisés sans concertation et parfois sans études d’impact, les utilisateurs et usages de ces ressources sont disproportionnés et les acteurs en place n’ont pas de réels pouvoirs susceptibles d’influer sur leur gestion durable.

Ainsi, au regard de la problématique de préservation des ressources dans son ensemble et de celui des départements du LCMS en particulier, ainsi que des enjeux en présence, la nécessité d’une gestion globale et intégrée des ressources naturelles s’impose aux différents acteurs concernés.

Au regard de la diversité des initiatives prises par des acteurs de développement et de protection de la nature en rapport avec la gestion des ressources naturelles, on peut relever qu’il y a une prise de conscience globale et une volonté politique affichée de résoudre le problème de gestion des ressources naturelles, d’adapter les populations aux changements climatiques, bref de relever le niveau de vie des populations par la réduction de la pauvreté. Cependant, on peut bien constater que les actions sont isolées, redondantes, parfois dupliquées et même contradictoires. Il est plus qu’urgent que toutes les problématiques liées au LCMS soient abordées dans une approche holistique et coordonnée. Le présent plan de gestion des ressources naturelles des départements LCMS se veut fédérateur des actions et des acteurs afin d’assurer une bonne gestion des ressources et une prise en compte véritable des aspects participatifs et intégrés. Il constitue alors une opportunité qui vient combler ce vide et apporter ainsi de solutions consensuelles pour l’ensemble des acteurs et l’ensemble des ressources naturelles et les terres identifiées