FAITS SAILLANTS
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Rapport de situation de la région de l'Extrême-Nord. Il couvre la période du 1 au 31 décembre 2020
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Trois attaques ont été menées dans le département du Mayo-Sava et sur les iles du Lac Tchad, sur la frontière entre le Cameroun et le Tchad, dans le département du Logone et Chari.
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Plus de 60 familles déplacées entre Hitere, Nguetchewe et les montagnes de Mozogo et de Modoko du fait de l’insécurité chronique et des attaques répétées de GANE
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Plusieurs foyers actifs de la COVID-19 identifiés dans la région, dont un important à l’école des Mines de Kaélé dans le département du Mayo-Kani.
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Malgré le nombre limité de tests effectués dans la région, le pic de contamination de COVID-19 est le second le plus élevé après celui du mois de mai 2020.
CONTEXTE
Contexte humanitaire
Le contexte sécuritaire dans l’Extrême-Nord reste préoccupant avec 26 attaques de groupes armés non étatiques (GANE) enregistrées par le Département de la sûreté et de la sécurité des Nations-Unies (UNDSS). Le Mayo-Sava enregistre encore le plus grand nombre d’incidents avec 18 attaques qui ont causé la mort de sept personnes et blessé huit autres. Dans le Mayo-Tsanaga, cinq attaques, principalement dans le Mayo-Moskata, ont causé la mort de trois personnes.
Deux attaques suicides survenues le 15 décembre dans la localité de Godigong et le 25 décembre dans la zone de Amchidé dans le Mayo-Sava ont impliqué deux adolescents, une fille et un garçon, qui ont déclenché leurs charges aux environ de 20 heures, blessant deux militaires. Une femme a aussi déclenché involontairement ses explosifs alors qu’elle traversait la frontière avec le Nigeria le 25 décembre. Elle a été la seule victime de cette attaque.
Le 24 décembre, quatre iles du lac Tchad sur la frontière avec le Tchad, dans le département du Logone et Chari, ont été attaquées par les GANE, causant la mort de 27 personnes et en kidnappant 12. On observe une augmentation sensible de la présence des groupes armés notamment dans la zone de Darrack, Hile Aifa et Blangoua, et une évolution des modes opératoires de ces groupes qui se déplacent en bateau. Cette évolution est à mettre en relation avec les attaques perpétrées au Tchad en novembre et en décembre 2020 avec des engins explosifs improvisés (EEI). Le 24 novembre un EEI posé sur l’eau a explosé lors du passage d’une pirogue transportant des civils, des membres du comité de vigilance et des éléments des forces de défense (FDS). Le bilan officiel était de quatre morts et 16 blessés. Le 11 décembre une autre attaque impliquant un EEI a atteint une pirogue transportant des marchandises entre Litri et Ngouboua et a blessé une personne. La présence de ces groupes, à bord de bateaux ou de pirogues dans la zone lacustre, rend difficile l’accès par les humanitaire à une population d’environ 35 000 personnes.
D’une manière générale, l’accès humanitaire s’est considérablement dégradé dans les zones affectées par les attaques dans ces trois départements. De nombreuses localités ne sont plus accessibles qu’avec des escortes armées, ce qui rend difficile le travail des ONG qui, n’utilisent pas d’escortes armées en raison de leurs procédures liées à leur neutralité humanitaire et leur perception. On estime le nombre de bénéficiaires de l’aide humanitaire dans ces zones à plus de 96 000 personnes déplacées internes (PDI), près de 6 000 refugies hors camps, et 43 000 retournés.
Des déplacement pendulaires quotidiens ont également été rapportés dans ces zones. Du fait de l’insécurité, des groupes de familles travaillent dans leurs champs dans la journée, mais quittent leurs villages à la nuit tombée pour dormir dans les montagnes ou à proximité des villes. Ainsi, plus de 60 familles de Hitere et de Nguetchewe dorment dans les montagnes de Mozogo et Modoko dans le Mayo-Tsanaga.
Dans le Mayo-Sava, un camp de personnes déplacés spontané est en voie de création à Bourdalah, près du poste de police de Mora avec l’assentiment des autorités locales. Environ 37 familles d’agriculteurs originaires d’Adekele viennent y dormir chaque nuit, mais 120 autres ménages venant de la même localité se sont installés sur un terrain privé car, du fait de leur activité d’éleveurs, ils ne peuvent pas facilement partager les mêmes terres avec les agriculteurs. Cette situation rend difficile la mise en place de services par la communauté humanitaire et seulement un nombre limité de personnes vulnérables ont reçu une assistance.
Afin d’anticiper la prochaine saison des pluies et les inondations qui s’en suivent, la Croix Rouge Française a lancé un projet de deux ans visant le renforcement de la résilience des populations affectées dans les départements du Logone et Chari et du Diamaré. Ce projet reflète la volonté des acteurs humanitaires présents dans la région de mettre en place une meilleure préparation aux inondations à venir en 2021.
Disclaimer
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