Ce rapport a été produit par OCHA, en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il couvre la période du 1er au 31 mars 2024
FAITS SAILLANTS
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Au moins 4 civils tués et 8 autres blessés dans des incidents liés aux EEI.
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La recrudescence des EEI, menace l’accès humanitaire dans certaines zones des départements de Mayo-Tsanaga, Mayo-Sava et Logone et Chari.
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Au moins 14 personnes blessées dans des conflits agropastoraux dans le Logone et Chari.
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Les activités humanitaires perturbées pendant deux semaines dans le Camp de Minawao, à la suite des manifestations des réfugiés autour de l’assistance humanitaire
CONTEXTE HUMANITAIRE
Au cours du mois de mars, la situation sécuritaire est restée très volatile dans les trois départements plus particulièrement touchés par le conflit du bassin du Lac Tchad, le Mayo-Sava, le Mayo-Tsanaga et le Logone et Chari. Les attaques et incursions des groupes armés non-étatiques (GANE) ont continué d’être enregistrées à travers les trois départements, tantôt ciblant les postes avancés des forces de défense et de sécurité (FDS), tantôt des civils dans leurs villages ou sur les axes routiers, à des fins de prédation essentiellement ou de représailles.
Dans ce contexte, un des faits les plus marquants aura été la recrudescence de l’usage, par les GANE, d’engins explosifs improvisés (EEI). Au moins 8 incidents liés au EEI ont été rapportés au courant de ce mois. Dans au moins cinq cas, ces engins ont explosé tandis que dans les autres cas les EEI ont été désamorcés ou détruits de manière contrôlée par les FDS. Le mois de mars représente ainsi le pic des incidents liés aux EEI depuis le début de l’année (8 incidents sur les 11 rapportés depuis janvier), et depuis janvier 2023 (8 sur un total de 34 incidents rapportés). Bien que rentrant visiblement dans une tactique des GANE contre les FDS, au moins trois de ces incidents ont eu un impact humain et/ou matériel important sur des civils, notamment à Bargaram dans le Logone et Chari le 22 mars, à Tourou dans le Mayo Tsanaga le 20 mars, et à Bourvaré dans le Mayo-Sava le 17 mars. Au moins quatre civils ont été tués et 8 autres blessés lors des explosions de certains de ces EEI. Sur le plan matériel, ces incidents ont également impacté directement un cheptel de bétail et un véhicule de transport public.
Cette tendance représente un sérieux risque pour l’accès humanitaire, d’autant plus que la plupart des axes et localités affectés sont des zones d’intervention d’acteurs humanitaires. Au vu des heures durant lesquelles sont survenus ces incidents (généralement dans la matinée), des convois humanitaires auraient également pu être impactés. Une très grande vigilance et des mesures de prudence/mitigation sont importantes à cet égard.
Les enlèvements de civils impliquant les GANE se sont également poursuivis au courant du mois à travers les trois départements susmentionnés. Comme les mois précédents, la zone du Lac, dans le Logone et Chari, est restée la plus concernée, concentrant 4 des 8 cas rapportés en mars. Les autres cas ont été enregistrés dans le Mayo-Tsanaga et dans le Mayo-Sava. La peur engendrée par ce phénomène au sein des populations locales a entraîné des déplacements de population dans les arrondissements de Blangoua, Hilé Alifa et Makari. Ces déplacements, comme ceux causés par les incursions répétées dans le Mayo-Tsanaga font l’objet d’un suivi par la communauté humanitaire de la région, y compris le RRM qui planifie des évaluations multisectorielles dans les zones concernées.
Au cours du mois, au moins trois conflits agropastoraux ayant dégénéré en violences ont été rapportés, essentiellement dans le Logone et Chari. Le 6 mars, un affrontement a été signalé à Biamo entre des éleveurs nomades et des agriculteurs locaux, faisant 3 blessés, dont 2 enfants. Le 21 mars à Afadé, il a été rapporté un affrontement entre des éleveurs et des agriculteurs locaux qui a fait 6 blessés. Le 21 mars, à Makary, 5 personnes ont été blessés dans un accrochage entre des éleveurs nomades et des éleveurs locaux qui se disputaient l’accès au pâturage. Les personnes blessées lors de ces incidents ont été pour la plupart prises en charge dans des structures sanitaires de la zone. Dans ces différents cas, la situation est redevenue calme grâce aux interventions des autorités locales, et il n’y a pas eu de déplacements de populations rapportés.
Le 4 mars, un groupe de réfugiés nigérians a organisé des manifestations dans le camp de Minawao, dans l’arrondissement de Mokolo, en protestation pour n’avoir pas été pris en compte dans une distribution de vivres qui avait eu lieu quelques jours plus tôt. En raison de la tension générée, plusieurs organisations humanitaires ont suspendu leurs mouvements dans le camp. A la suite de concertations, une distribution de rattrapage a pu être organisée le 16 mars au profit des réfugiés en question, ce qui a permis de faire baisser la tension. Depuis, les différents intervenants ont repris leurs activités dans le camp. Cependant, de nouvelles tensions restent redoutées puisque en raison de la diminution de ses ressources, le PAM indique ne pas avoir de visibilité sur l’éventuelle poursuite de l’assistance alimentaire dans le camp après avril 2024.
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