Cameroun : Extrême-Nord, Rapport de situation No. 37 - octobre 2023

Ce rapport a été produit par OCHA, en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il couvre la période du 1er au 31 octobre 2023

FAITS SAILLANTS

• Visite du Coordonnateur Humanitaire par intérim du 18 au 20 octobre 2023.

• Près de 5 000 personnes nouvellement déplacées dans l’arrondissement de Mokolo dans le Mayo-Tsanaga à la suite des attaques répétées de groupes armés non-étatiques (GANE).

• Près de 2 800 nouveaux sinistrés des inondations au Tchad arrivés dans le site de Mourla dans le Mayo-Danay.

• Plus de 2 900 nouveaux demandeurs d’asile/réfugiés enregistrés au Centre de transit du HCR de Gourenguel, dans le Mayo-Tsanaga.

CONTEXTE HUMANITAIRE

Le contexte sécuritaire de l’Extrême-Nord a été caractérisé par la persistance des activités des groupes armés nonEtatiques (GANE), et des opérations des forces de défense et de sécurité (FDS) dans les départements du Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et Logone et Chari. Les localités situées dans la zone frontalière avec le Nigéria, ainsi que la zone du Lac Tchad restent les plus touchées par le conflit armé. Par ailleurs, des violences intercommunautaires ont été enregistrées dans le Logone et Chari, tandis que des activités de criminalité ont été rapportées dans les villes de Maroua, Mora et Kousseri. Dans les localités de Darak et Tchika situées autour du Lac Tchad, les pécheurs sont soumis à des taxes illégales imposées par des GANE, et ceux qui n’obtempèrent pas subissent des représailles allant parfois jusqu’à leur exécution. Des cas d’enlèvements avec rançon ou de meurtres sont également rapportés dans la même zone. Au moins 90 incidents de sécurité ont été rapportés dans la région au cours du mois, la grande majorité étant liée aux activités des GANE. Des opérations subséquentes des FDS ont été menées suite à un certain nombre de ces incidents. L’impact sur les populations civiles demeure important, avec au moins neuf personnes tuées, 27 blessées et 12 autres enlevées. Les nombreuses incursions des GANE dans les villages étaient également accompagnées par le pillage de biens des populations (vivres, articles ménagers, bétail, produits vivriers, motos, etc.)

Ce climat d’insécurité continue d’être aussi à la base d’importants mouvements de population, aussi bien internes que transfrontaliers. A la suite d’une série d’incursions et attaques des GANE, entre septembre et octobre 2023, dans plusieurs localités de la zone de Tourou (Djingling, Habaga, Moutaz, etc.) dans le Mayo-Tsanaga, le mécanise de réponse rapide (RRM) a enregistré 542 ménages (4 696 personnes) nouvellement déplacés. Cela porte à 40 986 l’effectif des personnes déplacées internes (PDI) enregistrées dans certaines localités de la région entre janvier et octobre 2023. Le département du Mayo-Tsanaga à lui seul comptabilise 60% de cet effectif, suivi du Logone et Chari (29%) et du Mayo-Sava (11%). Au total, 89% de ces déplacements sont causés par l’insécurité liée aux activités des GANE, tandis que 11% sont consécutifs aux tensions et/ou violences à caractère communautaire. Des déplacements de populations liés aux menaces et/ou attaques des GANE sont également rapportés de manière continue, bien qu’en plus petites vagues, dans l’arrondissement de Hilé Alifa dans le Logone et Chari. Des évaluations sont planifiées par les partenaires humanitaires de Kousseri pour une mise à jour plus précise.

Toujours en lien avec le climat d’insécurité le long de la frontière avec le Nigéria, le centre de transit de Gourenguel près du camp de réfugiés de Minawao, dans le Mayo-Tsanaga, a continué à enregistrer un afflux de demandeurs d’asile/réfugiés nigérians. Cette structure, conçue avec une capacité d’accueil de 300 personnes par mois, a reçu en octobre 2 981 nouvelles personnes. Environ 10 000 personnes ont été accueillies dans ce centre de transit entre janvier et octobre 2023, contre 4 000 sur toute l’année 2022. Cette situation est préoccupante, d’autant plus que le camp de réfugiés de Minawao, qui est la seule structure d’accueil des réfugiés dans la région, est saturé et les ressources des acteurs s’amenuisent.

Le mois de septembre a également été marqué par la baisse du niveau d’eau des rivières du Logone et du Chari dans le Mayo-Danay et le Logone et Chari. Toutefois, il a été rapporté la destruction des cultures dans certaines localités des arrondissements de Zina et Logone Birni dans le Logone et Chari et dans celui de Maga dans le Mayo-Danay. Les tendances actuelles laissent entrevoir une situation nettement meilleure qu’en 2022. Cependant, les sinistrés des inondations survenues au Tchad en août 2023 ont continué d’affluer à Mourla, dans l’arrondissement de Maga. A l’issue d’une évaluation effectuée par des partenaires humanitaires, 436 ménages (2 803 personnes) sont nouvellement arrivés à Mourla, portant l’effectif total des sinistrés à 750 ménages. En coordination avec les autorités, les partenaires humanitaires apportent une réponse multisectorielle à ces ménages.