Ce rapport a été produit par OCHA, en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il couvre la période du 1er au 31 juillet 2023. Le prochain rapport sera publié en septembre 2023
FAITS SAILLANTS
• En juillet 2023, 23 civils tués dans les départements du MayoTsanaga, Mayo-Sava et Logone et Chari à la suite d’incidents sécuritaires.
• Plus de 6 300 nouveaux déplacés internes enregistrés pendant le mois de juillet dans les départements du MayoSava et du Mayo-Tsanaga, à la suite du conflit communautaire et des attaques de groupes armés non étatiques (GANE).
• Des dizaines de champs rizicoles inondés et des pertes matérielles enregistrées dans certains arrondissements des départements du Mayo-Danay et Logone et Chari à la suite de la montée des eaux du fleuve Logone.
CONTEXTE HUMANITAIRE
La situation dans la région de l’Extrême Nord demeure préoccupante du fait de la continuité des attaques et des incursions de groupes armés non étatiques (GANE), et des opérations des forces de défense et de sécurité (FDS) en réponse. Cette situation impacte considérablement les conditions de vie et mouvements des populations civiles dans les zones affectées. En effet, les populations civiles continuent de subir les conséquences du conflit armé en étant directement visées ou comme victimes collatérales dans les départements du Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et Logone et Chari. A cela s’ajoute l’impact d’inondations liées aux fortes pluies dans certains arrondissements et à l’inverse de sécheresse dans d’autres zones sur les moyens de subsistance. Au cours du mois de juillet, au moins 118 incidents de sécurité ont causé la mort de 23 personnes, blessé 25 personnes et de nombreux cas d’enlèvements ont été rapportés. Depuis janvier 2023, 246 attaques ont été rapportées, causant la mort de 169 civils selon le monitoring de protection.
Outre la situation sécuritaire précaire, un conflit communautaire est survenu le 22 juillet dans le département du MayoSava, arrondissement de Tokombere, village de Warba. Ce conflit serait dû à un différend foncier qui a dégénéré en conflit à caractère religieux. Au moins deux personnes auraient été tuées, plusieurs autres blessées parmi lesquelles quatre grièvement, et des commerces et une mosquée incendiés. Selon l’évaluation du mécanisme de réponse rapide (RRM), 699 ménages (4 574 personnes) se sont déplacés vers les localités de Palbara, Mayo Plata, Tokombere, Lama, Bala, Jilve, Dobioko, Makdawar, Serawa, Mbreme, Mora, Meme, Seradoumda, Dargalla, Djamakia dans le même département. Les autorités administratives et les forces de maintien de l’ordre (FMO) ont pu contenir la situation qui serait revenue au calme. Une assistance humanitaire a été apportée aux personnes déplacées internes (PDI).
Dans la région du bassin du Lac Tchad (Extrême-Nord Cameroun, Tchad et Nigéria), une intensification des activités des GANE a été observée avec des attaques de prédation, des viols et des enlèvements des civils ainsi que des attaques de postes de FDS. Dans certaines localités, notamment Marté et Kukawa, des éléments des GANE auraient interdit à la population tout rapprochement avec les autorités administratives et instauré des punitions corporelles pour les civils qui ne se conformeraient pas aux règles imposées. A Darak, dans le département du Logone et Chari et dans la zone du lac Tchad en général, on signale une persistance de taxations illégales imposées par les GANE aux populations civiles et en particulier aux pêcheurs. L’analyse de la dynamique globale de la région du bassin du Lac Tchad avec la crise récente au Niger fait craindre un impact négatif sur la stabilité générale dans la zone.
L’accès physique constitue un véritable défi pour les acteurs humanitaires avec la saison des pluies qui se poursuit et les routes non bitumées qui se détériorent. Les départements du Logone et Chari et du Mayo-Danay sont les plus affectés. Des arrondissements, tels que Zina (Logone et Chari) ou Vélé et Kai-Kai (Mayo Danay), sont totalement inaccessibles ou difficilement accessibles en raison de la détérioration des routes et pistes. La voie terrestre entre Maroua et Kousseri demeure inaccessible par le contournement via Logone Birni. Elle est également à risque et difficile d’accès par la route nationale N° 1. L’irrégularité des vols du service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) constituent également un frein à l’accès humanitaire, particulièrement sur la route Maroua-Ndjamena pour rallier Kousseri. Cela a entraîné l’annulation de plusieurs missions et/ou la perturbation des activités. La plupart des organisations humanitaires passent par Yagoua-Bongor pour se rendre à Kousseri, ce qui induit un coût important car il impose une nuitée obligatoire à Bongor.
La montée des eaux du fleuve Logone à la suite des fortes pluies du 1er et 2 juillet a occasionné des inondations et détruit plusieurs champs rizicoles dans le village de Kounkouma dans le Mayo-Danay. Ces inondations ont également causé des dégâts matériels dans l’arrondissement de Zina dans le Logone et Chari. Cependant, une poche de sécheresse a été observée dans le Diamaré et le Mayo-Sava avec un impact important sur la croissance des plantes. La délégation régionale du ministère en charge de l’agriculture envisage de mener une évaluation d’impact, mission tributaire de la disponibilité des ressources.
Les prévisions de l’Observatoire National des Changements Climatiques (ONACC) laissent présager des précipitations abondantes susceptibles d’entraîner des inondations à travers la région dans les semaines à venir. Au sein de la communauté humanitaire, les concertations continuent dans le Groupe de travail inondations en vue de mieux coordonner la gestion des inondations en collaboration avec les autorités locales. Depuis le début du mois de juillet, la Croix Rouge Française (CRF), en partenariat avec la Croix Rouge Camerounaise (CRC), a entrepris l’appui à l’actualisation et élaboration des plans de contingence des communes de Kaï-Kaï, Vélé, Kousseri, Logone Birni et Zina. Elle a également prépositionné des kits non alimentaires et intrants en eau, hygiène et salubrité (EHA) dans la commune de Yagoua en prévision d’éventuelles inondations.
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