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Cameroon

Cameroun : Extrême-Nord, Rapport de situation No. 32, Mai 2023

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Ce rapport a été produit par OCHA, en collaboration avec les partenaires humanitaires.
Il couvre la période du 1er au 31 mai 2023. Le prochain rapport sera publié en juillet 2023.

FAITS SAILLANTS

• Environ 62 incidents sécuritaires enregistrés, au cours desquels 26 personnes ont été tuées et 4 enlevées dans les départements du Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et Logone et Chari.

• Plus de 2 300 personnes nouvellement déplacées dans les départements du Mayo-Tsanaga et du Logone et Chari

• Plus d’une cinquantaine d’abris endommagés sur les sites de personnes déplacées de Ouro-Dabang et Goré dans les départements du Mayo-Danay et Logone et Chari, suite aux pluies accompagnées de vents violents.

CONTEXTE HUMANITAIRE

La situation sécuritaire dans la région de l’Extrême Nord reste marquée par la persistance des activités des groupes armés non étatiques (GANE) et des opérations subséquentes des forces de défense et de sécurité (FDS) dans les localités proches de la frontière avec le Nigéria, situées dans la zone du Lac Tchad, et autour des monts Mandara. Les départements du Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et Logone et Chari restent les plus affectés par l’insécurité. Il s’agit généralement d’incursions et attaques de GANE dans des villages, des attaques des postes FDS ainsi que des embuscades sur les axes routiers. Selon les sources sécuritaires, au moins 62 incidents impliquant les GANE ont été recensés en mai 2023. Ces attaques ont été marquées par des pillages, des incendies, des enlèvements de personnes (4), ainsi que des violences physiques (15) et des meurtres (26) qui continuent d’impacter négativement le quotidien des populations locales.

L’une des conséquences majeures de cette insécurité est la persistance des déplacements de populations. Au niveau transfrontalier, près de 70 ménages nigérians provenant des sites des personnes déplacées de Gambarou et Rann au Nigéria ont été enregistrés à Chimtri, à 17 km de l’arrondissement de Makary dans le Logone et Chari. Selon le mécanisme de réponse rapide (RRM), ce mouvement serait consécutif aux attaques répétitives des GANE couplées à la destruction des champs de ces ménages par des pachydermes.

Dans la région de l’Extrême Nord, 2 302 personnes se sont déplacées dans les départements du Mayo-Tsanaga et du Logone et Chari durant le mois de mai. Ce qui porte à 9 597 le nombre de personnes nouvellement déplacées dans la région depuis janvier 2023. Le département du Mayo-Tsanaga à lui seul dénombre 9 244 de ces récentes personnes déplacées internes (PDI). Une assistance multisectorielle d’urgence a été organisée dans la plupart des zones d’accueil des PDI. Une réflexion sur les solutions durables aux déplacements des populations de longue durée devient incontournable dans un contexte ou le retour des PDI reste mitigé, soit en raison de la persistance de l’insécurité dans leurs localités d’origine ou par crainte de nouvelles inondations pour les personnes déplacées à la suite de ces dernières.

Depuis mars 2023, on observe une recrudescence de l’utilisation d’engins explosifs improvisés (EEI) par les GANE. Cela pourrait s’expliquer par les opérations menées par les FDS nigérianes et camerounaises ou encore par les affrontements entre les différentes factions des GANE. Tout comme les mois antérieurs, la menace EEI et des attaques des GANE restent une source d’inquiétude pour les humanitaires et pour les populations civiles, bien que ciblant majoritairement les FDS. Sur l’axe Moskota-Mozogo, un EEI a explosé après le passage d’un civil sur une moto. Quatre EEI ont été découverts et désamorcés, deux dans la localité de Zeleved et deux autres sur l’axe Moskota-Mozogo dans le Mayo-Tsanaga. En réponse, les FDS ont entrepris des patrouilles de dépollution des axes. Du fait de la menace accrue d’EEI et des risques d’attentats suicides signalés à la veille de la fête nationale du 20 mai sur les axes Kerawa – Kolofata, Kerawa – Assighassia, Kolofata – Amchide, dans le Mayo-Sava, et Djibrilli – Gouzouda, dans le Mayo-Tsanaga, un avis de sécurité a été partagé avec l’ensemble des acteurs pour une plus grande vigilance dans les zones à risque.

Les manifestations et revendications communautaires autour du pouvoir traditionnel dans le Mayo-Sava (Tokomberé), Logone et Chari et du Diamaré, avec des risques d’impact sur les mouvements des acteurs humanitaires, ont été rapportées. Grâce aux actions des autorités locales, ces manifestations ont pu être contenues et la situation est revenue au calme. Par ailleurs, au Tchad, des tensions intercommunautaires ont entraîné des déplacements de populations vers le canton de Pouss, dans le département du Mayo-Danay. Ce mouvement serait consécutif à un conflit intercommunautaire entre les ethnies Sara et Massa. Au moins une personne aurait trouvé la mort dans les violences entre ces deux groupes. Un autre conflit a éclaté le 1er mai entre des pêcheurs autour du Lac Maga. Environ 20 personnes ont été blessées et du matériel de pêche endommagé. Le conflit serait consécutif à des rivalités autour des pratiques de pêche. Une intervention des autorités locales a permis de calmer la situation.

Concernant l’accès physique, les travaux de réhabilitation du tronçon Kousseri – Zimado (sur l’axe Kousseri – Maroua, via Zina -Logone Birni et) sont en cours. A terme, ces travaux devraient permettre de rendre cette route praticable en toutes saisons. Des travaux similaires ont lieu sur l’axe Kousseri – Makary – Bodo – Fotokol également ou plusieurs programmes humanitaires sont en cours.

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