I. Contexte
De nouvelles violences intercommunautaires ont éclaté dans l’arrondissement de Logone Birni, dans le département du Logone et Chari, le 5 décembre 2021. Le conflit s’est rapidement propagé dans le reste du département, ainsi que dans certaines localités du département du Mayo-Danay, avec un impact humanitaire dans les départements du Logone et Chari, du Mayo-Danay, du Mayo-Sava et du Diamaré.
Au moins 44 personnes ont été tuées au cours de cette vague de violences, avec plus de 100 blessées. Selon des sources locales, le bilan serait plus important. Les dégâts sur les habitations et les moyens de subsistance sont également considérables. Des incendies, destructions et pillages de maisons, de greniers et de diverses infrastructures socio- économiques ont été signalés dans 112 villages. Plusieurs centaines de têtes de bétail, ainsi que du matériel de pêche, ont été perdus ou détruits. La violence a entraîné le déplacement interne de plus de 36 000 personnes, et plus de 35 000 personnes vers le Tchad.
Suite aux actions entreprises par les autorités, un calme relatif est observé dans les différentes zones de tensions. Cependant, des incidents isolés à connotation communautaire ont continué d’être rapportés dans certaines localités du Logone et Chari et un sentiment de peur et de méfiance reste perceptible au sein de la population.
Cette situation renforce la vulnérabilité des populations, notamment dans les départements du Logone et Chari et du Mayo- Sava frontaliers avec le Tchad et le Nigéria, qui étaient déjà affectées par une crise sécuritaire avec des attaques répétées des groupes armés non-étatiques, mais aussi une crise alimentaire causée par les chocs climatiques et les invasions des oiseaux granivores et les attaques de pachydermes sur les récoltes. Selon les projections du Cadre harmonisé d’octobre 2021, plus de 900,000 personnes vivant dans six départements dans la région de l’Extrême-Nord seront en situation d’insécurité alimentaire aigüe dans les prochains mois. Avant les récents conflits intercommunautaires, les départements du Logone et Chari et du Mayo-Sava accueillaient déjà plus de 260 000 personnes déplacées (personnes déplacées internes (PDI), retournés et réfugiés hors camp).
II. Implications humanitaires
Les déplacements forcés de population, à l’intérieur du territoire camerounais et vers le Tchad, restent une des conséquences majeures de la crise.
Au 28 janvier 2022, le mécanisme de réponse rapide (RRM) a rapporté 36 271 PDI, soit 5 269 ménages, dans les départements du Logone et Chari, Diamaré et Mayo-Sava.
Au 1er mars 2022, le RRM a rapporté le retour de 11 264 personnes, dont 3 387 provenant du Tchad, dans leur village d’origine, essentiellement dans le département du Logone et Chari. Ces mouvements de retours se sont particulièrement accélérés depuis mi-janvier, encouragé par une amélioration progressive de la sécurité dans les localités d’origine.
Toutefois, les retournés font toujours face à d’important besoins humanitaires à la suite de la destruction des habitations et des moyens de subsistance. L’accès à la nourriture et le manque d’abris et d’articles ménagers essentiels constituent des besoins pressants. Les mouvements pendulaires continuent d’être observés et les vagues de retours sont continus dans certaines localités évaluées et effectives dans d’autres.
Le HCR et les autorités tchadiennes font état de 43 498 réfugiés pré-enregistrés au Tchad, dont 7 694 ont été relocalisés dans deux nouveau camps, au 11 février 2022.
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