APERÇU DE LA CRISE
Le Cameroun fait face à trois crises simultanées avec des effets conjugués. Le conflit au Nigeria et les violences au Cameroun ont causé des déplacements massifs des réfugiés et des Camerounais à l’Extrême-Nord. La détérioration importante du contexte socio-économique et sécuritaire a augmenté l’insécurité alimentaire, la malnutrition et la vulnerabilité aux épidémies. Le conflit en République Centrafricaine a deplacé des milliers denréfugiés dans les régions de l’est.
L’intensification de la violence au Nigéria et à l’Extrême-Nord du Cameroun a généré le déplacement de milliers de personnes traumatisées dans des zones déjà fortement vulnérables.
Environ 65 000 réfugiés nigérians ont fui la violence au nord-est du Nigéria pour trouver refuge à l’Extrême-Nord, dont 45.800 vivant dans le camp Minawao, soit plus de deux fois sa capacité d’accueil. Les infrastructures actuelles sont insuffisantes pour répondre à la hausse des besoins anticipée, notamment en matière d’accès à l’eau. De même, les raids transfrontaliers, les attentats-suicides perpétrés par des membres présumés du groupe Boko Haram et l’intensification des opérations militaires ont contraint plus de 93 0002 Camerounais de l’Extrême-Nord à abandonner leurs maisons, villages et moyens de subsistance pour s’installer dans des zones plus sûres. La majeure partie des personnes déplacées internes (PDI) ainsi qu’environ 15 000 réfugiés ont trouvé refuge dans les communautés hôtes (environ 336 000 personnes) qui partagent leurs ressources limitées avec les nouveaux arrivés. Les populations civiles, surtout les femmes et les enfants, affectés par la recrudescence des attaques et les opérations militaires, sont vulnérables aux atteintes graves à leurs droits, leur sécurité et leur bien-être psychosocial. Ceux qui ont fui les violences ont été témoins de crimes brutaux et le traumatisme est profond et généralisé. La réduction de l’espace d’asile pour les réfugiés ainsi que la reconduction forcée au Nigeria des ressortissants nigérians présents au Cameroun est une préoccupation majeure en matière de protection.
Plus de 2 millions de personnes souffrent directement de la détérioration du contexte socio économique et sécuritaire ainsi que de l’augmentation de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition et des épidémies.
L’insécurité alimentaire s’est sérieusement détériorée en 2015 en raison de l’insécurité grandissante. Près de 2,4 millions de personnes sont en insécurité alimentaire dont plus de 250.000 sous sa forme sévère et nécessitent une aide alimentaire immédiate. Près de 80% résident dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord. Ceci représente une augmentation dramatique de près de 300% par rapport aux évaluations de juin 2015.
Les taux de malnutrition ont aussi augmenté de manière significative. A l’Extrême-Nord, environ 12% des enfants souffrent de malnutrition aigüe modérée (contre 7% en 2014), et 2,2% sont atteints de malnutrition aigüe sévère, dépassant le seuil d’urgence de 2%. Au Cameroun, 250 000 enfants souffriront de malnutrition aigüe, dont 68 000 de malnutrition aigüe sévère. La région de l’Est, qui accueille près de 80% des réfugiés, connait une séroprévalence de 6,3%. Le problème de la prise en charge et du contrôle du VIH et de la Tuberculose au sein des populations vulnérables se pose avec acuité.
L’accès aux services essentiels déjà précaire s’est détérioré dans les régions touchées par les conflits. Au moins 135 écoles ne sont plus en fonction à l’Extrême-Nord, conduisant à 35 000 enfants en besoin urgent d’éducation. Les centres de santé, dont l’accès et la qualité étaient déjà limités, sont de plus en plus sous pression en raison des déplacements et de l’afflux des blessés graves des attentats. De plus, 25 centres sanitaires ont cessé leurs activités du fait de la violence, laissant 360 000 personnes sans accès aux soins de santé. L’accès à l’eau et l’assainissement pâtit également de l’afflux de populations, fait très préoccupant, au regard des fréquentes et récentes épidémies telles que choléra, poliomyélite, rougeole, fièvre jaune et méningite.
Le Cameroun est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés centrafricains.
Plus de 144 000 personnes ont fui depuis 2014 l’escalade de violence et s’ajoute aux réfugiés accueillis dans le pays depuis 2004. Au total, autour de 253 000 réfugiés centrafricains résident au Cameroun, répartis sur 314 sites et villages dans les régions de l’Est (164 700 personnes), de l’Adamaoua (63 700 personnes), du Nord (4 500 personnes) et en zones urbaines notamment Yaoundé (10 600 personnes) et Douala (7 700 personnes). 28% des réfugiés centrafricains sont hébergés dans les sept sites aménagés, où l’accès à l’eau, aux services d’hygiène et d’assainissement reste limité. Les autres vivent avec 217 000 personnes partageant leurs abris, ou vivant en plein air. Compte tenu de l’insécurité persistante en RCA et des incertitudes liées au processus électoral, il est très peu probable que ces réfugiés rentrent dans leur pays prochainement.
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